FerretDB veut constituer une réelle alternative open source à MongoDB

© Getty Images
Els Bellens

Est-il possible de briser un apparent monopole open source? C’est la question quelque peu étrange que FerretDB a posée à un groupe de journalistes informatiques lors de l’IT Press Tour à Londres. Le fait est que l’entreprise souhaite offrir une ‘véritable’ alternative open source.

MongoDB est un acteur populaire dans son secteur (plutôt spécialisé). Alors que la plupart des logiciels de base de données dont vous avez entendu parler (Oracle Database, Microsoft SQL Server, etc.) sont de type relationnel, MongoDB crée une base de données de documents. Dans le cadre de cette technologie unique, l’entreprise propose la solution la plus utilisée, même si elle a aussi ses détracteurs.

‘Nous ramenons MongoDB vers l’open source’, déclare Peter Farkas, CEO de FerretDB. Mais n’était-ce pas déjà le cas? L’entreprise avait débuté comme acteur open source. Tout avait commencé à la fin des années 2000 sous licence GPL (General Public License, une licence open source largement utilisée qui donne aux utilisateurs la liberté d’adapter le code et de choisir de le commercialiser ou non).

Cependant, selon la façon dont on interprète les licences open source, MongoDB n’est plus aussi authentique aujourd’hui. L’une des façons dont la base de données est désormais distribuée, c’est sous licence SSPL (Server Side Public License). Cela signifie surtout que les utilisateurs ne sont pas autorisés à proposer leurs versions adaptées de MongoDB en tant que service payant ou Database-as-a-Service, à moins qu’ils n’en publient également le code source complet sous la même licence. Sinon, ils doivent payer MongoDB.

Une licence n’est pas l’autre

En principe, la SSPL est là pour empêcher les grands fournisseurs comme AWS de faire tourner simplement leur propre version de MongoDB et ainsi de chiper des revenus à l’entreprise. Le contenu de cette licence est toutefois plutôt vague, ce qui rend malaisé de savoir si les entreprises qui travaillent avec le logiciel depuis longtemps et qui y ont apporté leur propre touche, sont désormais exemptées des frais de licence ou non.

Selon Farkas, beaucoup de ces clients ont commencé avec MongoDB, parce qu’elle était open source, et ils sont désormais bloqués. ‘Nous pensons que cela nuit à l’innovation, car cela crée une discrimination’, déclare-t-il. ‘Pour le cloud, vous avez besoin de l’autorisation de MongoDB. L’entreprise s’est développée grâce à la promesse de l’open source, avec l’idée que l’on pouvait l’utiliser pour toutes sortes de choses. Cela leur a permis de dominer le marché.’

Cela complique les choses pour les entreprises, surtout à une époque où presque tout le monde se tourne vers les offres as-a-Service, explique Farkas. ‘De plus, si vous utilisez Oracle ou une autre base de données relationnelle par exemple, vous disposez d’une alternative. Pour MongoDB, il n’existe pas de trajet clair pour s’en éloigner si on le souhaite.’

Alternative

Passons à FerretDB. S’ensuit une longue explication pour indiquer que Farkas voit du potentiel dans une alternative qu’il souhaite proposer avec son entreprise. La startup est basée aux Etats-Unis et vise à fournir une version entièrement open source de PostGreSQL, qui est moins chère à l’usage et, surtout, qui réduit le risque que les développeurs rencontrent des problèmes juridiques. L’accent est mis sur la compatibilité avec l’écosystème MongoDB, y compris ses outils, ses structures et bon nombre de ses applications, afin que les entreprises puissent conserver autant de leurs systèmes existants que possible.

L’API de MongoDB (qui relève de la licence SSPL) n’est pas utilisée par FerretDB, selon lui, car il souhaite que les fournisseurs puissent faire tourner leur propre base de données en tant que Database-as-a-Service avec son logiciel. L’entreprise de Farkas utilise les pilotes de MongoDB, qui relèvent commodément d’une licence open source Apache 2.0.

‘Cela n’a pas empêché MongoDB de menacer FerretDB de poursuites judiciaires’, ajoute Farkas, mais il semble confiant pour la suite. ‘En fin de compte, j’espère que Query Language de MongoDB deviendra une norme ouverte, comme SQL l’est devenu dans les années quatre-vingts ou PDF dans les années deux mille’, explique-t-il. ‘Cela a permis une énorme quantité d’innovations dans le monde des bases de données. SQLite et PostGreSQL y capitalisent toutes deux. Il existe à coup sûr le besoin d’une norme ouverte pour les bases de données de documents, et je pense que MQL de MongoDB deviendra courante à un moment donné.’

Jusque là, les relations entre les deux entreprises resteront quelque peu tendues.

 

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire