Analyse | Arrière-plan

Dix ans après sa fondation: ‘CoderDojo reste indispensable’

© CoderDojo
Melanie De Vrieze Freelance

CoderDojo est à la fête: voici 10 ans en effet que l’organisation ambitionne de convaincre les filles et les garçons que le codage et l’IT sont également faits pour elles/eux.

CoderDojo a été fondée voici 10 ans par Martine Tempels qui fut élue en 2012 ICT Woman of the Year par Data News. ” A l’époque, je m’étais engagée à devenir ambassadrice et à inspirer les jeunes face au métier de l’ICT, sachant que nous avions alors une pénurie de personnel. J’intervenais dans les hautes écoles et l’enseignement secondaire, mais plus je faisais des présentations, plus je désespérais. Les jeunes du secondaire n’étaient absolument pas intéressés par l’ICT. Pour eux, l’ICT était simplement synonyme de bureautique. Et dans l’enseignement supérieur, je ne rencontrais que très peu de filles. Le taux de participation des femmes dans les sciences informatiques avait même diminué par rapport aux années ’80. ”

Exit les files d’attente

Lors d’un voyage d’affaires dans plusieurs entreprises irlandaises avec ADM, plusieurs jeunes ont présenté CoderDojo à l’ambassade belge d’Irlande. ” Je me suis immédiatement dit que c’était la réponse. Toutes ces remarques négatives – trop complexe, trop technique ou ce n’est pas fait pour moi – ont été balayées. Quatre mois plus tard, nous lancions l’initiative et ce fut un succès tel que nous avons continué jusqu’à éliminer les files d’attente. ”

Ces dix dernières années, beaucoup de choses ont changé, estime encore Tempels. Songez à l’émergence des STEM qui a également gagné en importance au fil du temps. ” CoderDojo est un véritable succès grâce au fait que les jeunes viennent se faire la main. Et lorsqu’ils accrochent, ils continuent et certains deviennent même coachs dès l’âge de 16 ans. On y retrouve de véritables génies. Coder et réfléchir de manière analytique sont des pratiques au même titre que le sport ou la musique. Si on les stimule, on permet dès le très jeune âge à programmer comme un adulte. Cette excellence doit continuer à exister en dehors de l’école, mais pour atteindre un maximum d’enfants, il faudrait les intégrer dans le programme de base de l’enseignement. Mais il ne s’agit évidemment pas là du rôle de CoderDojo. ”

Modèles féminins

Cindy Smits, directrice générale de CoderDojo, a appris à connaître l’organisation voici 10 ans en tant que bénévole. ” Durant toutes ces années, nous avons essayé de rendre la technologie accessible et d’abaisser le seuil d’accès en modifiant notre manière de coacher, explique-t-elle. Les filles se rendent ainsi compte qu’elles aussi peuvent y arriver. Grâce à une plateforme à accessibilité facilitée, elles peuvent présenter ce qu’elles réalisent et en être fiers. Et en parlant de leurs réalisations, elles incitent d’autres à franchir le pas. ”

C’est notre objectif: constituer un groupe de jeunes composé tant de garçons que de filles.

Nombre de lauréates de la Young ICT Lady et de l’ICT Woman of the Year ont été précédemment actives comme bénévoles, coaches ou administratrices chez CoderDojo. Cette distinction offre à différentes générations de filles et femmes un tremplin leur permettant d’inspirer d’autres et d’ainsi faire la différence. ” En soutenant des initiatives comme CoderDojo, leur message percole auprès des jeunes, estime encore Cindy Smits. Celles-ci regardent alors ces modèles et constatent que l’ICT peut également être une option d’avenir pour elles. ”

CoderDojo s’adresse tant aux filles qu’aux garçons, un quart des participants étant des filles. Ces prochaines années, Cindy Smits entend porter cette proportion à 40%. Dans cette optique, CoderDojo lance chaque année le programme 4Girls destiné à rendre le thème encore plus d’actualité. Même si certaines critiques se font parfois entendre. ” Le fait que je doive à chaque fois défendre un tel message en organisant ce type d’événement est pour moi la preuve qu’il est et reste nécessaire “, argumente Smits.

Ainsi, elle rencontre encore souvent des filles qui n’imagineraient pas assister à une session de CoderDojo, mais qui embrayent grâce à l’initiative 4Girlz. ” Ce faisant, nous parvenons à lever les inhibitions et à susciter l’adhésion. Car c’est finalement notre objectif: constituer un groupe de jeunes composé tant de garçons que de filles. ”

Également en Wallonie

Ces derniers temps, CoderDojo a fortement grandi. ” Cela prouve d’ailleurs que le besoin était présent, note toujours Cindy Smits. Nous sommes accessibles à un large public dans la mesure où nous n’imposons aucuns frais d’entrée puisque nous travaillons exclusivement avec des bénévoles. ”

Désormais, CoderDojo s’efforce de reprendre sa vitesse de croisière après le coronavirus. ” Durant près de deux ans, l’organisation a pratiquement été à l’arrêt sachant que nous organisons surtout des événements avec des jeunes. Mais nous sommes sur la bonne voie puisque nous grandissons presque tous les mois. ”

Parmi les réussites majeures, Smits évoque la percée en Wallonie. ” A Bruxelles et dans le sud du pays, nous sommes désormais de plus en plus présents. Notre notoriété y est maintenant bien plus grande. Il reste évidemment des zones où les Dojos sont moins présents, mais nous essayons de combler ce manque et faire en sorte que chacun puisse accéder à un Dojo pratiquement à distance de marche. ”

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