Comment l’entreprise belge Lansweeper semble être une licorne en devenir

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Kristof Van der Stadt
Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

Alors que la scène technologique belge est souvent dominée par des scale-ups qui passent bruyamment d’une phase de capitalisation à l’autre, Lansweeper se bâtit un empire dans un silence relatif.

En marge de la conférence Dreamforce à San Francisco, où Salesforce a annoncé un nouveau connecteur stratégique Lansweeper pour sa plateforme ITSM, Data News s’est entretenu avec Jonas Goossens, COO, et Bram Kuppens, CCO de Lansweeper.

L’entreprise, spécialisée en IT Asset Discovery, répond à la définition ‘big in a niche’. Bram Kuppens le formule autrement: ‘Nous sommes un joyau caché. Nous croissons depuis des années et nous serons peut-être la prochaine licorne en Belgique. Et tout cela passe nettement hors de l’attention du grand public. L’entreprise – qui a vu le jour à Termonde et dont le siège se trouve aujourd’hui à Merelbeke, près de Gand – est clairement consciente de cette discrétion, mais il n’y a pas non plus de place pour la modestie. Les chiffres en disent long parfois. Alors qu’il y a sept ans, à l’époque de l’arrivée d’investisseurs belges et américains, l’entreprise comptait une cinquantaine d’employés, aujourd’hui ce nombre est passé à 400 – 450, répartis dans huit filiales dans le monde.

Le logiciel de Lansweeper gère aujourd’hui plus de 150 millions d’actifs IT provenant de plus de 20.000 clients dans le monde. ‘Il y a dix ans, nous enregistrions un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros, aujourd’hui nous en sommes déjà à 100 millions de chiffre d’affaires récurrent avec ces 20.000 clients’, explique J. Goossens. Géographiquement bien répartie et présente largement au-delà des frontières belges, Lansweeper réalise à peu près le même chiffre d’affaires aux Etats-Unis qu’en Europe.

Du bénéfice dès le début

Ce qui rend l’histoire de Lansweeper particulière dans le climat technologique actuel, c’est la manière dont cette croissance a été financée. ‘Nous avons été rentables dès le premier jour, et sans la moindre dette. Nous n’avons jamais eu besoin de capitaux extérieurs. Je ne pense pas que beaucoup de scale-ups en Belgique puissent en dire autant’, ajoute B. Kuppens. L’entreprise s’est développée de manière organique, sans avoir besoin de capital-risque externe pour alimenter son expansion. ‘Nous sommes une startup qui n’a jamais reçu d’investissements significatifs. Nous n’avons jamais besoin d’argent extérieur’, souligne encore Goossens.

L’explication de sa relative obscurité réside en grande partie dans le modèle économique. Lansweeper se concentre sur trois marchés différents. Tout d’abord, les équipes IT des entreprises qui utilisent l’outil pour la gestion de leurs actifs internes. Deuxièmement, et de plus en plus important sur le plan stratégique, les intégrations avec les principales plateformes telles que ServiceNow, Jira, TOPdesk et maintenant aussi Salesforce. Lansweeper a été le partenaire de lancement de Dreamforce dans le nouveau service informatique Agentforce de Salesforce pour l’ITSM, où l’entreprise fournit une base fiable de données sur les actifs dans cet écosystème.

Tertio – et c’est ce qui explique en grande partie son statut ‘caché’ -, Lansweeper fonctionne comme un ‘moteur’ pour d’autres entreprises, souvent dans une construction white label. ‘Nous intervenons souvent par l’intermédiaire de partenaires qui utilisent certes notre solution, mais ne la communiquent pas au monde extérieur avec notre nom dessus’, explique Goossens.

D’’illusion’ en ‘certitude’

Selon la direction, la clé du succès réside dans la profondeur technologique. Lansweeper revendique un avantage significatif sur les asset discovery-tools qui sont proposés par défaut par les principaux acteurs de plateformes. Là où les concurrents ne proposent souvent qu’un balayage de base, Lansweeper a développé une multitude de méthodes de détection. Goossens résume bien la différence: ‘Nos concurrents vous donnent l’illusion que vous savez ce que vous avez, tandis que Lansweeper offre la certitude.’

Une licorne en devenir?

Selon l’entreprise, le chiffre d’affaires de 100 millions n’est qu’une étape intermédiaire. L’ambition est d’accélérer le mouvement de manière exponentielle, notamment grâce à un nouveau modèle freemium. ‘Si je regarde notre courbe de croissance, je pense que nous n’en sommes qu’au début’, affirme Goossens. Le marché semble déjà mûr. ‘Les plus grandes entreprises du monde s’adressent à nous parce qu’elles se rendent compte qu’elles n’ont en fait aucune idée des appareils présents sur leur réseau et dans leur infrastructure IT, et parce qu’elles ne veulent vraiment pas créer elles-mêmes un tel outil de découverte d’actifs.’

Lansweeper sera-t-elle dès lors la prochaine licorne dans notre pays? Nos deux interlocuteurs ne veulent pas le prétendre. Mais comme l’a récemment déclaré Dave Goossens, le CEO de Lansweeper, lorsque notre collègue de Trends  lui a posé la question: ‘Sans financement externe, aucune véritable valorisation boursière n’est possible. Mais je ne pense pas que vous puissiez acheter Lansweeper aujourd’hui pour moins d’un milliard. Je ne le crois vraiment pas.’

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