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‘L’IA peut aider à garantir que le matériau correct sera sur le chantier’
Dans le cadre de son projet AI Construct, le centre d’expertise Buildwise vise à supprimer la paperasserie. Une quarantaine d’entrepreneurs ont d’ores et déjà adhéré au projet.
De très nombreux entrepreneurs ont une aversion profonde pour le papier. Ce qui est bien triste pour eux, sachant que le secteur est fortement dépendant du travail administratif. Permis, demandes de subsides, cahiers des charges, enregistrement des personnes : de quoi décourager plus d’un entrepreneur. Il est temps d’adopter ce nouvel outil qu’est l’intelligence artificielle, estime Buildwise, le centre d’expertise du secteur de la construction basé à Zaventem. Depuis qu’ils ont percé voici2 ans, les large language models (LLM) commencent à démontrer dans plusieurs secteurs que les tâches administratives peuvent devenir moins chronophages, moins complexes et moins répétitives. Et le secteur de la construction ne devrait pas faire exception, estime d’ailleurs Buildwise.
« Prenez l’exemple du cahier des charges : en moyenne, un sur dix seulement aboutit à un projet de construction, fait remarquer Jean-Christophe Vanderhaegen, directeur général d’Embuild Bruxelles et Brabant flamand. Beaucoup de travail est donc fait pour rien. Mais supposons que vous puissiez maintenant confier une grande part de ce travail aux LLM : vous perdriez nettement moins de temps. Certes, cette proportion d’un sur dix continue évidemment d’exister. Mais vous pourriez peut-être gagner de dix à vingt heures par semaine en automatisant cette tâche. »
Exercice interne
AI Construct est donc un projet actuellement lancé par Buildwise en collaboration avec Embuild Vlaanderen et le centre d’innovation Sirris, et qui porte sur un assistant intelligent capable de répondre à des questions ciblées sur la base des données de l’entreprise elle-même et qui – dans un stade ultérieur – procédera à un contrôle de conformité en fonction de la législation en vigueur. Si un collaborateur interroge notamment cet agent conversationnel sur les prescriptions de la résistance du béton dans un projet déterminé, il doit pouvoir recevoir une réponse toute prête. Ce même agent intelligent pourrait par exemple aider à compléter automatiquement des formulaires. Il s’agit là du premier concept concret qui ressort de l’exercice lancé par Buildwise voici quelque temps déjà. « Pour nous, l’IA n’a plus rien de nouveau : nous cherchons désormais à accumuler suffisamment de connaissances dans ce domaine pour nous positionner comme un partenaire légitime face au secteur », précise Pieter Van Geite, directeur IT de Buildwise.
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Certes, l’intelligence artificielle est encore fraîche dans la mémoire collective et est actuellement l’objet d’un effet de mode très amplifié. Deux tendances qui ne correspondent pas vraiment à l’attitude conservatrice de la construction sur le plan technologique.« Nous sommes, après l’agriculture, le secteur le moins innovant, admet Vanderhaegen. Ceci s’explique en grande partie par la nature de nos activités : nous érigeons des bâtiments et des infrastructures, des constructions qui doivent durer cinquante à cent ans. Ces innovations se développent certes, comme les bâtiments neutres en carbone, mais il s’agit là aussi de mégatendances qui s’étalent sur dix à quinze ans. Dans le domaine de la numérisation en tout cas, nous sommes simplement en retard. »
Pression énorme
Comment dès lors convaincre de franchir le pas ? « En faisant référence aux problèmes récurrents du secteur de la construction et où l’IA peut vraiment apporter des solutions, répond Tycho de Back, expert en R&D au centre de démo de Buildwise à Zaventem. Tout le monde subit une énorme pression avec la paperasserie. Certaines tâches administratives peuvent tourner à l’échec, ce qui coûte du temps supplémentaire et génère des coûts correctifs. Lorsque vous savez qu’avec l’IA, vous pouvez collecter en une fois toutes les informations pertinentes au départ d’un document de construction d’une centaine de pages, et que vous pouvez ensuite sans difficulté vérifier ces données en fonction de données provenant d’autres documents, vous savez directement qu’il s’agit là d’une solution très concrète à un problème. L’intelligence artificielle peut vous aider à garantir que demain, le matériau correct sera sur le chantier. Nous savons que nos membres travaillent souvent avec des marges très réduites et n’ont que très peu de temps pour la R&D. Dès lors, tout ce qu’ils font doit être directement utilisable et offrir un rendement immédiat. Si nous leur disons que pour tel rapport de réunion de chantier, il ne faudra plus que 20% du temps nécessaire et que pour une réunion ultérieure, il sera encore possible d’économiser le même temps, nous avons un premier point d’ancrage sur lequel il sera possible d’arrimer un projet d’IA plus complexe. »
Sur le chantier
Dans le même ordre d’idées, de Back nous a présenté dans son espace de démo différents autres projets d’IA expérimentaux. L’un d’entre eux analyse en continu les images d’une caméra de chantier pour détecter immédiatement les zones dangereuses – les endroits où les excavatrices sont occupées par exemple, ou l’endroit où des camions pénètrent sur un chantier. Un autre projet porte sur l’analyse des fissures dans le béton sur la base d’images fournies par des drones, afin d’aider à prévoir où et quand la construction devra être renforcée.
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Mais parmi les autres applications concrètes que Buildwise présentera prochainement aux entreprises de construction, il en existe une qui est en phase de finalisation : avec AIDA-WERF, un projet initié en collaboration avec imec, il sera possible de démontrer qu’à l’avenir, l’IA pourra être directement présente sur un chantier. En effet, sur la base des données d’images provenant de drones, de caméras fixes, de capteurs et de scans LiDAR, les algorithmes de ce système pourront notamment détecter automatiquement les erreurs. De même, l’IA pourra visualiser l’avancement d’une construction en associant l’ensemble des données captées aux données disponibles du projet. « Il sera possible de mieux évaluer la situation, poursuit de Back. Certes, une fiabilité à 100% n’est pas encore possible et il convient de se montrer réaliste. Mais on y travaille d’arrache-pied. »
Buildwise estime encourageant le fait qu’AI Construct a entre-temps séduit pas moins de 42 entrepreneurs. Et pas seulement de grandes entreprises.« Il est évident que nous devons pouvoir convaincre les PME, d’autant qu’elles constituent la majorité du secteur de la construction, considère Van Geite. Pour elles également, l’IA peut faire la différence. Autrefois, l’innovation était surtout le fruit des grandes entreprises, mais nous constatons désormais que l’intelligence artificielle rend certaines applications beaucoup plus accessibles. Depuis l’arrivée de l’internet, il ne faut plus nécessairement disposer de budgets extraordinaires pour déployer la technologie généraliste la plus disruptive. »
(Ronald Meeus)
AI Construct
Quelle IA ? Buildwise s’appuie sur un système indépendant des fournisseurs et qui combine la puissance de différentes IA. « Gemini dispose d’une fenêtre contextuelle large, une sorte de mémoire de travail d’IA, qui se révèle notamment très performante pour de longs documents, explique Tycho de Back. De son côté, ChatGPT est plutôt polyvalent. »
Quel intégrateur/fournisseur ? Buildwise construit son propre système sur la base des API de différents LLM.
Avantage ? Gain de temps, efficacité accrue, réduction des erreurs humaines
Investissement total ? Projet subsidié par VLAIO COOCK+ avec un subside maximum de 981.317 €
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