Les entreprises commerciales ne sont pas les seules à explorer les potentialités de l’IA. En effet, les ASBL et autres organisations associatives s’activent également.
Le Centre Ganspoel fait partie, en tant qu’établissement d’enseignement spécial fondamental, d’une ASBL qui propose un large éventail de services, qu’il s’agisse de conseils ou de soins sur mesure pour les personnes souffrant d’un handicap visuel ou multiple. « Nous sommes une école de petite taille capable d’accompagner chaque élève personnellement », précise le site Web du centre. C’est dans cet environnement qu’a été lancé un projet pilote d’IA développé par Sparkle pour le compte de l’école.
« Afin d’assurer une évaluation et un suivi du développement de chaque élève, nous respectons un processus cyclique, explique Katrien Strauven, l’ancienne directrice de l’école – qui dirige désormais une autre école d’enseignement spécialisé. En l’occurrence, nous établissons à chaque fois la situation de départ de chaque élève pour sélectionner ensuite les objectifs d’apprentissage adaptés à court et long termes. Sur la base de ces objectifs, nous définissons un programme de cours sur mesure, suivi d’une phase d’évaluation qui permet éventuellement de corriger le tir. »
Processus d’analyse chronophage
Cette approche permet non seulement d’offrir une formation dynamique sur mesure, mais se traduit aussi par des volumes considérables de données réparties sur de très nombreux documents d’évaluation et de planification au format Word. « De même, le rapportage aux parents se fait avec des documents Word », précise Katrien Strauven.
Pour appréhender l’évolution d’un élève au cours de ses différentes années scolaires, le personnel administratif de l’école doit à nouveau parcourir et analyser manuellement tous ces documents. « C’est un processus peu efficace et surtout très chronophage. D’où notre question de savoir si l’intelligence artificielle ne pouvait pas apporter une réponse. »
Par l’intermédiaire de Engage4, spécialisée en engagement sociétal et en apprentissage basé sur l’expérience, cette question a été transmise aux scientifiques des données de Sparkle, une entreprise du groupe Cronos. « Depuis 2015 déjà, nous développons des trajets d’apprentissage où nous proposons à des employés d’entreprises commerciales de mettre leurs connaissances et les compétences spécifiques à la disposition du secteur non marchand », souligne Mieke Nieuwdorp, fondatrice d’Engage4.
Cette forme spécifique de volontariat d’entreprise – formellement baptisée ‘skills-based employee volunteering’ (SBEV) – génère des bénéfices in-contestables pour les deux parties. Si l’équipe de Sparkle s’est heurtée à certaines contraintes durant le projet, tant au niveau des modèles d’IA de l’époque que du budget disponible qui n’autorisait que le recours à des versions gratuites des outils, le projet a permis de mieux comprendre la complexité de l’extraction de données éducatives permise par l’IA. Grâce à un matching et une collaboration réussies, Katrien Strauven et ses collègues comprennent désormais mieux dans quelle mesure l’IA peut répondre à certaines de leurs exigences et ce qui n’est actuellement pas (encore) possible.
Un an est long dans l’IA
« Le problème est que nombre de nos documents comprennent également du matériel photographique pertinent, comme des pictogrammes, poursuit Katrien Strauven. Pour ce faire, nous avions besoin d’un grand modèle de langage (LLM) capable d’interpréter à la fois le texte et les images. Les versions gratuites que nous avons testées se révèlent trop limitées pour les mettre en production les yeux fermés. »
« Entre-temps, ces LLM ont à nouveau connu une évolution spectaculaire durant l’année écoulée, notamment dans leur capacité à interpréter des images, conclut Alexander Deleeck, scientifique des données chez Sparkle. Je suis convaincue que les résultats auraient été nettement meilleurs aujourd’hui qu’il y a un an. »