L’IA fait office de copilote dans le tram

© Getty Images

Au cours des prochains mois, Anvers sera un banc d’essai pour l’intelligence artificielle dans les transports publics. En effet, sur un des trams de la ligne 1, un projet pilote est en cours avec un système d’aide à la conduite recourant à l’IA, qui avertit les conducteurs de De Lijn des obstacles et des risques sur les voies.

‘Les conducteurs de tram adoptent d’ores et déjà un mode de conduite très sûr. Cependant, ils font souvent face à des situations inattendues dans la circulation urbaine intense d’Anvers’, constate Ann Schoubs, CEO de De Lijn. ‘Les piétons et les cyclistes sous-estiment souvent la distance de freinage d’un tram. Le nouveau système agit comme un copilote numérique qui alerte les conducteurs plus rapidement. Dans le même temps, il ne faut pas qu’il y ait trop de signaux entrants: l’équilibre entre les informations utiles et la surstimulation est crucial.’

Capteurs intelligents et système apprenant

Le système d’aide à la conduite fonctionne avec des caméras et des capteurs qui scannent l’environnement en temps réel, construisant ainsi une image en 3D. Ensuite, le système détecte les obstacles et estime les risques sur la base d’algorithmes d’intelligence artificielle. En cas de danger potentiel, le conducteur reçoit un avertissement visuel ou sonore. Le freinage automatique n’est pas prévu pour l’instant. ‘La responsabilité finale revient toujours au conducteur’, souligne M. Schoubs. ‘Le système est encore en train d’apprendre à différencier un véritable obstacle de ce qui ne l’est pas.’

Le suivi scientifique est assuré par une collaboration avec l’University College London et l’Université polytechnique de Barcelone. Le chercheur Jan Luca Kästle explique que le projet ne porte pas seulement sur les performances de l’IA, mais aussi sur la mesure des réactions des conducteurs. ‘Les conducteurs portent des capteurs qui surveillent l’activité cérébrale, les mouvements oculaires, le rythme cardiaque et le stress. Nous vérifions ainsi si l’IA favorise effectivement la vigilance ou si elle ne fait qu’accroître la tension.’

Priorité à la sécurité

En mesurant l’activité cérébrale des conducteurs, les chercheurs constatent l’effet sur les performances de conduite. © FF

L’année dernière, plus de 1 200 accidents de tram ont eu lieu en Flandre. ‘Dans à peine 2,5 % des cas, c’est De Lijn qui est en cause’, tempère Annick De Ridder (N-VA), ministre flamande de la Mobilité. ‘Mais chaque collision a des conséquences: pour le conducteur, le passager et le réseau. Tout ce qui améliore le temps de réaction des conducteurs peut sauver des vies. L’IA devrait contribuer à renforcer la sécurité de la circulation des trams dans la ville.’ L’Union européenne soutient le projet dans le cadre du programme ARISE, avec une enveloppe budgétaire de 600 000 euros. Outre Anvers, quatre autres villes européennes sont concernées.

De la pratique à l’expérience

Yves Ielegems, conducteur de tram, est un des premiers participants à l’étude. Il constate d’ores et déjà le potentiel du système. ‘J’ai déjà fait trois trajets’, explique-t-il. ‘Le système n’intervient pas, mais donne un avertissement. Pour un conducteur chevronné, ce n’est pas dérangeant. En cas de trafic intense ou de mauvaises conditions météorologiques, cette vigilance supplémentaire est certainement la bienvenue. Vous remarquez que le système apprend: il n’émet pas de signaux sonores constants, mais des signaux ciblés.’

Selon OTIV, c’est exactement ce qui est prévu. Spécialisée dans les systèmes d’aide à la conduite pour les véhicules ferroviaires, l’entreprise gantoise a développé cette technologie pour assister les conducteurs humains, et non pour les remplacer. Cependant, le lien avec les trams autonomes est vite fait, mais, selon De Lijn, il s’agit encore d’un scénario futuriste. Au cours des prochains mois, la société de transport testera le système dans différentes conditions de circulation, des heures de pointe aux trajets de nuit. Si les résultats sont positifs, d’autres trams pourraient suivre.

 

          Technologie: reconnaissance de formes

          Partenaire: De Lijn, OTIV, University College London, partenaires européens

          Avantage: alerte plus rapide, moins d’accidents

          Budget: 600 000 euros (ARISE, avec un cofinancement de l’Union européenne)

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