YouTube sera-t-il bientôt payant?
Hans Vanderstraeten, directeur stratégie d’Alcatel-Lucent, plaide pour un internet à plusieurs niveaux. “Le trafic de données va augmenter de façon exponentielle dans les prochaines années, au point qu’il ne sera plus possible de proposer tous les services à la même vitesse sur le réseau.” L’introduction de différentes ‘autoroutes’ sur l’internet fait l’objet de discussions depuis pas mal de temps déjà. Récemment encore, le débat s’est à nouveau enflammé aux Etats-Unis, parce que Google et Verizon ont avancé que les réseaux mobiles devaient être soumis à d’autres règles que les réseaux fixes.
Hans Vanderstraeten, directeur stratégie d’Alcatel-Lucent, plaide pour un internet à plusieurs niveaux. “Le trafic de données va augmenter de façon exponentielle dans les prochaines années, au point qu’il ne sera plus possible de proposer tous les services à la même vitesse sur le réseau.”
L’introduction de différentes ‘autoroutes’ sur l’internet fait l’objet de discussions depuis pas mal de temps déjà. Récemment encore, le débat s’est à nouveau enflammé aux Etats-Unis, parce que Google et Verizon ont avancé que les réseaux mobiles devaient être soumis à d’autres règles que les réseaux fixes.
Les deux sociétés de technologie ont ainsi plaidé pour la création d’un système ‘à couches multiples’ pour les réseaux mobiles, avec différentes vitesses pour différents services. Il ne pourrait pas y avoir de discrimination en fonction de fournisseur d’un service, mais bien sur la base du service proprement dit.
C’est ce même discours que nous entendons à présent chez Alcatel-Lucent. “Nous sommes également partisans d’un internet à plusieurs niveaux, confirme le directeur stratégie Hans Vanderstraeten d’Alcatel-Lucent Belgium, et plusieurs bonnes raisons le justifient. Il est grand temps d’ouvrir le débat, car il n’est pas mené correctement aujourd’hui.”
Vanderstraeten avance que le trafic internet va tellement se développer dans les années à venir que les réseaux actuels ne pourront plus absorber ce trafic. “De petites mises à niveau ne pourront rien y changer. A terme, la neutralité complète du réseau pour tous les services ne sera dès lors plus tenable.”
A la place, Alcatel-Lucent plaide pour un internet qui “fournit ce qui est demandé”. Ou mieux: pour un internet qui donne la priorité à des services pour lesquels le consommateur paie. “En fait, c’est déjà le cas aujourd’hui. Prenons le VoiP: vous payez un montant fixe par mois pour la téléphonie, et vous vous attendez à bénéficier d’une conversation de qualité supérieure quand quelqu’un vous appelle. L’opérateur réseau doit pouvoir tenir cette promesse. Vous devez pouvoir systématiquement téléphoner de manière fluide, peu importe si la télévision est allumée ou si les enfants se trouvent sur Netlog. Vous vous retrouvez alors de facto dans une situation à deux vitesses, puisque l’opérateur télécom traite la téléphonie différemment du trafic télévision et internet.”
Vanderstraeten poursuit la comparaison au niveau de la vidéo à la demande (VOD). “Si vous demandez un film, vous déboursez 5 EUR pour celui-ci et vous vous attendez dès lors à pouvoir visionner ce film dans une bonne qualité, même si vos enfants téléchargent de la musique au même moment. Quand vous payez pour un service, vous tenez à ce qu’il soit fourni. Et ce service est alors entièrement dissocié du trafic de données nécessaire à l’assurer.”
Traitement de faveur
Second élément important: outre l’utilisateur final et l’opérateur télécom, une tierce partie intervient dans ce trajet de bout en bout, à savoir le fournisseur de contenu. Quand vous déboursez 5 EUR pour un film, 70% de cette somme vont à Disney ou Sony, et seulement 30% à Belgacom ou Telenet.
“A ce moment, ce n’est pas tant l’opérateur télécom qui avantage l’utilisateur, mais c’est le fournisseur de contenu qui exige que son produit arrive chez le consommateur dans une bonne qualité, poursuit Vanderstraeten. Ou pensez-vous que des matches de première division pourraient être diffusés sur une ligne poussive?”
Dans un scénario où certains services bénéficient d’un traitement de faveur, il ne peut cependant jamais être exclu que des ISP demandent davantage d’argent aux parties qui veulent utiliser ces voies plus rapides. Google serait d’ailleurs déjà prête à mettre la main au portefeuille pour que le trafic de données provenant de services très gourmands en bande passante comme YouTube soit traité de manière prioritaire.
“Si un fournisseur de service passe des accords non seulement avec Google, mais avec tous les fournisseurs de contenu pour proposer un traitement prioritaire moyennant un léger supplément, cela doit pouvoir se faire. Mais toutes les parties doivent être logées à la même enseigne. Une question importe dans ce cadre: cet accès égal doit-il être imposé par voie légale? Car toutes les parties ne seront pas disposées à payer plus. Le danger existe aussi que les opérateurs télécoms soient tentés de manger aux deux râteliers, et qu’ils essaient de tirer de l’argent tant des consommateurs que des fournisseurs de contenu. Sur ce point, le débat en matière de neutralité du réseau est toutefois correct: le rapport de force peut être bouleversé. La transparence et l’ouverture revêtent une grande importance dans ce cadre. Et ces éléments ne sont pas discutables.”
Mais, en fin de compte, cela signifie-t-il que nous soyons contraints dans quelques années de payer pour des services que nous utilisons gratuitement aujourd’hui? “C’est possible, même si c’est au marché d’en décider. Téléphoner gratuitement sur Skype est possible depuis 10 ans, alors qu’une majorité de gens continuent à payer pour la téléphone, estimant que c’est plus confortable. Cela étant dit, je pars du principe qu’il sera toujours possible de regarder une version de base de YouTube gratuitement. Comme tout le monde aura bientôt un abonnement de 30 Mbit/s, vous aurez certainement d’un côté une offre premium avec une garantie de qualité élevée, pour laquelle vous devrez payer un supplément et, de l’autre côté, le contenu vidéo traditionnel, espérons-le toujours dans la qualité que connaissons aujourd’hui.”
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