‘WorldPC’ fait recycler les PC usés d’Afrique orientale
L’envoi des déchets électroniques dans les pays en voie de développement est devenu un commerce juteux. L’équipe composant l’ONG belge Close the Gap entend en limiter l’impact sur l’homme et l’environnement et expérimente à cette fin la récupération et le recyclage d’ordinateurs en Afrique orientale.
L’envoi des déchets électroniques dans les pays en voie de développement est devenu un commerce juteux. L’équipe composant l’ONG belge Close the Gap entend en limiter l’impact sur l’homme et l’environnement et expérimente à cette fin la récupération et le recyclage d’ordinateurs en Afrique orientale.
La masse de déchets électroniques croît chaque année de 40 millions de tonnes. Avant, tout ce fourbi était envoyé dans des pays comme la Chine, le Pakistan et l’Inde, mais aujourd’hui, c’est surtout l’Afrique qui a l’honneur plus que douteux d’être le pôle mondial des e-déchets. Chaque semaine, des centaines de conteneurs bourrés de rebus arrivent dans des états tels le Ghana et le Kenya. Dix pour cent maximum de ces déchets sont traités de manière correcte et officielle, et les autres 90% aboutissent dans des circuits illégaux, avec toutes les conséquences que cela suppose pour l’homme et l’environnement. Cela n’a pas échappé non plus à Olivier Vanden Eynde, directeur de Close the Gap, l’ONG opérant à l’échelle internationale et reconnue par les Nations Unies qui offre une nouvelle vie aux anciens ordinateurs d’entreprises européennes dans les écoles et hôpitaux d’Afrique orientale.
“Avec WorldPC, un nouveau projet pilote qui devrait évoluer en une plate-forme internationale, nous voulons lutter contre la dispersion des e-déchets en récupérant et en recyclant les ordinateurs inutilisés”, explique le directeur. Close the Gap collabore dans ce but avec le reconditionneur néerlandais Flection, le recycleur final Umicore, une poignée de généraux donateurs et une série de petites entreprises locales. “Nous-mêmes, nous ne touchons pas le moindre PC. Nous agissons comme un intermédiaire qui met en contact des entreprises actives dans le secteur du recyclage avec des organisations (locales) qui souhaitent s’attaquer au problèmes des e-déchets.”
“De notre étude de faisabilité, il apparaît qu’en termes de volume, jusqu’à 80% des déchets peuvent être traités sur place. En d’autres mots, il n’est pas nécessaire de réexpédier les PC complets en Europe. Le cuivre qui est recyclé en Afrique, peut servir de nouvelle matière première pour l’industrie de recyclage locale. Les 20% restants, en gros les cartes mères et le verre CRT, ne peuvent cependant pas être traités de manière correcte par les petites entreprises sur place. Ces composants, nous devons provisoirement les ramener ici.”
Vanden Eynde a calculé que le traitement complet d’un PC selon la manière prescrite par l’UE revient à 10 EUR. “Ce montant peut paraître encore élevé, mais comme nous nous trouvons toujours dans une phase de démarrage, les volumes sont encore réduits. Notre manière de travailler gagnera en efficacité, lorsque nous traiterons des volumes suffisamment importants.”
Au moment d’écrire ces lignes, un premier conteneur bourré de cartes-mères est en route vers le port d’Anvers pour un traitement final chez Umicore. “Il y a pas mal d’intérêt pour WorldPC, ajoute encore Vanden Eynde. Pour le projet pilote, nous avons pu récolter 50.000 EUR, surtout auprès de donateurs néerlandais, ce qui a permis de traiter 5.000 produits (unités centrales, ordinateurs portables, écrans ou imprimantes). Les premiers certificats ‘e-waste’ ont donc déjà été distribués.”
Union Africaine A terme, l’objectif est que WorldPC devienne complètement autonome par rapport à Close the Gap. Les initiateurs aimeraient que l’a.s.b.l. devienne une plate-forme globale, par laquelle des a.s.b.l. nationales et des ONG internationales puissent dialoguer avec des gouvernements et des entreprises IT.
“Nous sommes partie prenante pour accueillir de nouveaux membres d’autres pays, poursuit Vanden Eynde. Et une fois que WorldPC aura atteint une certaine maturité, nous pourrons assurément lâcher la bride. L’évolution pourra alors se faire dans le sens d’un véritable programme comme STEP (Stop The E-waste Problem) des Nations Unies. STEP consacre beaucoup d’attention à l’aspect théorique du problème des e-déchets, alors qu’avec WorldPC, nous souhaitons travailler de manière plus concrète et pragmatique. Nous pourrons alors transmettre nos expériences aux Nations Unies à des fins de concertation et de collaboration ultérieures.”
Le directeur ne cache pas qu’il entend influencer la législation locale avec son nouveau projet: “En Europe, cela a également pris des années, avant que la directive WEEE (Waste Electrical and Electronic Equipment Directive) soit entièrement coulée en lois nationales. Avec comme résultat qu’une organisation comme Recupel est légalement obligée aujourd’hui de travailler conformément aux directives WEEE. C’est quelque chose que nous voudrions aussi voir en Afrique. Pourquoi les législateurs locaux ne pourraient-ils pas contraindre les importateurs de matériel IT à prévoir des fonds pour le recyclage? Ou bien pourquoi l’Union Africaine ne pourrait-elle pas reprendre à son compte le projet WorldPC, une fois qu’il aura démontré son utilité?”
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