Vibe coding: prometteur, mais pas encore prêt pour les logiciels d’entreprise

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Menno Odijk
Menno Odijk CTO Mendix.

Dans le secteur de la technologie, une nouvelle tendance fait surface presque chaque semaine. Après l’AI agentic, la dernière nouveauté est le vibe coding: le développement logiciel à l’aide de l’intelligence artificielle générative et du langage naturel, sans nécessiter de compétences avancées en programmation. Gartner prévoit que d’ici 2028, 40 % des logiciels d’entreprise seront déjà développés de cette manière. La promesse: un développement plus rapide, un travail plus créatif et une moindre dépendance vis-à-vis des talents rares en programmation.

Cela semble séduisant. Le vibe coding peut certainement être utile pour des expériences et des prototypes rapides. Mais pour le développement de systèmes critiques pour l’entreprise, la technologie n’est pas encore assez mature aujourd’hui. Les CIO et les responsables informatiques qui souhaitent s’y mettre doivent bien comprendre les possibilités qu’elle offre, mais surtout les risques qu’elle comporte.

Promesses et réalité

Le vibe coding suscite de l’enthousiasme, car il abaisse considérablement les barrières à l’entrée du développement logiciel. Les exemples de réussite sont nombreux : des start-ups qui génèrent un produit fonctionnel en quelques minutes, ou des entreprises qui rattrapent plus rapidement leur retard grâce à des assistants IA. La licorne suédoise Lovable a montré comment cette approche peut conduire à une forte croissance et à des chiffres d’affaires élevés.

Dans un contexte d’entreprise, la vitesse sans cadre devient une fragilité, pas un avantage.

Mais il existe aussi des exemples préoccupants. Lorsqu’un modèle IA utilisé par Replit a généré du code sans mécanismes de contrôle, cela a entraîné des pertes de données. Dans un environnement d’entreprise, avec des millions de transactions ou des données personnelles sensibles, les conséquences seraient considérables

La réalité des grandes entreprises

Les grandes organisations reposent sur des écosystèmes applicatifs complexes. Les processus financiers, les chaînes d’approvisionnement, les données clients ou l’infrastructure opérationnelle exigent robustesse, scalabilité et, surtout, sécurité. Les modèles de langage (LLM), qui sont au cœur du vibe coding, génèrent certes du code plausible, mais ne comprennent ni le contexte, ni l’intention, ni la réglementation.

Cela pose trois risques structurels:

  • Sécurité: en l’absence de validation approfondie, le vibe coding peut introduire des vulnérabilités difficiles à détecter.
  • Conformité: les réglementations en matière de données, les normes sectorielles ou les obligations d’audit ne sont pas automatiquement respectées par les résultats de l’IA.
  • Shadow IT: lorsque des équipes mènent des expérimentations en dehors d’un cadre de gouvernance, elles créent des systèmes incontrôlés et difficiles à maintenir.

Autrement dit: dans un contexte d’entreprise, la vitesse sans cadre devient une fragilité, pas un avantage.

Ce que les CIO peuvent déjà faire

Cela ne signifie pas pour autant que le vibe coding doit être ignoré. Bien encadré, il peut jouer un rôle utile. Les CIO peuvent envisager son utilisation dans des contextes spécifiques:

  • Prototypage rapide: explorer des interfaces, des flux ou des concepts sans mobiliser des ressources précieuses.
  • Expérimentations en sandbox: tester de nouveaux cas d’usage dans un environnement sécurisé, sans impact sur la production.
  • Soutien à l’innovation: impliquer les utilisateurs professionnels dans la phase d’idéation, avant un passage aux développeurs pour l’implémentation finale.

Le point clé: le vibe coding doit pour l’instant rester un outil complémentaire – et non un substitut aux processus de développement structurés.

Vers une utilisation maîtrisée

Pour intégrer le vibe coding de manière sérieuse, une gouvernance claire est indispensable. Cela suppose:

  • Des cadres de qualité et de sécurité: les productions IA doivent être systématiquement validées selon les standards internes.
  • Une adaptation du cycle de développement logiciel (SDLC): les outils IA y trouvent leur place, mais les experts humains conservent la responsabilité finale.
  • Un investissement dans les talents: les organisations ont besoin de profils capables non seulement d’utiliser ces outils, mais aussi d’en comprendre les risques, de structurer les données et de penser en termes stratégiques.

Il est également crucial d’intégrer le vibe coding dans la stratégie IT globale. Une stratégie d’entreprise doit faire place aux nouvelles technologies, tout en préservant stabilité, vision long terme et objectifs business.

Conclusion

Le vibe coding a le potentiel d’accélérer l’innovation et de soutenir les équipes. Mais ce n’est pas une solution miracle aux pénuries de développeurs ou à la complexité des environnements d’entreprise. Tant que cette technologie ne répond pas de manière fiable aux enjeux de sécurité, de conformité et de gouvernance, elle restera cantonnée à un rôle expérimental.

Le message est donc clair pour les CIO et les responsables IT: expérimentez là où c’est possible, mais ne comptez pas sur le vibe coding pour des systèmes critiques de l’entreprise. L’avenir peut être prometteur, mais aujourd’hui, ce n’est qu’un complément – et non une statégie en soi.

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