Vande Lanotte: “Le secteur des noms de domaine n’émet que des mensonges et du vent”
Le ministre de l’économie Johan Vande Lanotte a réagi de manière inhabituellement acerbe à une question posée par le parlementaire du VB, Tanguy Veys, à propos des mesures plus strictes s’appliquant à l’enregistrement des noms de domaine .be
Le ministre de l’économie Johan Vande Lanotte a réagi de manière inhabituellement acerbe à une question posée par le parlementaire du VB, Tanguy Veys, à propos des mesures plus strictes s’appliquant à l’enregistrement des noms de domaine .be. “Ce secteur débite constamment des mensonges, ce qui indique qu’il a peur et qu’il y a beaucoup à gagner en travaillant peu.”
Le parlementaire Tanguy Veys du Vlaams Belang a posé ce matin sa question dans le cadre de la Commission d’Infrastructure, du Trafic et des Entreprises publiques au Parlement fédéral.
“Le SPF Economie souhaiterait que les noms de domaine .be ne puissent bientôt plus être enregistrés que par des personnes ou des organisations installées sur le sol de l’Union européenne, mais le secteur n’a vraiment pas réagi positivement à ces desiderata”, a déclaré Veys.
“Je voudrais savoir quelle était la motivation pour appliquer des règles plus strictes pour l’enregistrement des noms de domaine .be. Et dans quelle mesure il a été tenu compte d’un avis négatif de la part de l’IBPT en la matière.”
La réponse de Vande Lanotte (SP.A) fut étrangement véhémente: “L’IBPT n’est même pas compétent dans cette matière. Il est vrai que le SPF Economie avait proposé de limiter les noms de domaine .be aux entreprises européennes, mais cette proposition n’a – au grand mécontentement du service public – pas été retenue par le gouvernement, parce que le nombre de plaintes d’abus n’est pas assez important.”
“Je m’intéresse entre-temps de plus en plus au secteur des noms de domaine”, a ajouté Vande Lanotte. “Que vendent des gens comme Jonas Dhaenens en fait? (Dhaenens est avec son entreprise Combell le principal vendeur .be dans notre pays. Le CEO avait exprimé sa désapprobation à propos de la mesure dans un précédent article paru dans Data News sur ce thème, ndlr.). Il vend des noms de domaine, du vent quoi. Qu’est-ce que c’est vraiment?”
Vande Lanotte: “Je souhaite m’occuper bientôt sérieusement de ce secteur. Il émet continuellement des mensonges, ce qui signifie qu’il a peur et qu’il y a énormément d’argent à gagner en travaillant peu. Un secteur qui ment en permanence et continue d’insister sur des choses qui ne sont pas correctes, a beaucoup à cacher. Nous allons donc l’examiner calmement et avec beaucoup de plaisir du reste.”
Nationalisation
L’on ne sait pas clairement ce que Vande Lanotte veut dire en parlant de ‘mensonges’. L’on a certes appris, il n’y a guère, qu’il voulait nationaliser .be. Son cabinet a tenté par le biais d’un amendement dans la nouvelle loi télécoms de confier la gestion des noms de domaine au SPF Economie. Le SP.A considère en effet qu’il appartient au gouvernement de gérer quelque chose d’aussi crucial que le TLD belge, contrairement aux autres partis.
L’amendement a été supprimé par les partenaires gouvernementaux avant qu’il ne soit transmis à la Commission compétente, mais les choses ne s’arrêtèrent pas là. Un peu plus tard, le Parlement s’est en effet vu proposer un projet de loi stipulant que les noms de domaine .be ne pourraient encore être enregistrés que par des entreprises européennes ou des personnes physiques établies en Europe.
Le cabinet estimait en effet que les consommateurs belges pouvaient être trop facilement trompés par des organisations non-européennes et des entrepreneurs mal intentionnés. Comme il est impossible de faire une exception pour la Belgique en raison de la réglementation européenne, l’on s’est limité aux pays de l’UE, par analogie avec la France notamment (.fr).
Dans ce dernier projet de loi, il était du reste stipulé aussi que les entrepreneurs qui veulent créer un petit commerce en ligne, doivent remettre une ‘déclaration’ supplémentaire, s’ils veulent enregistrer un .be. Ou comme le mentionne littéralement le document: ‘l’enregistrement d’un nom de domaine s’effectue sur base de la déclaration du fournisseur du service de la société d’informations, qui sera transmise via ce nom de domaine.’
Comme susmentionné, ce projet de loi a entre-temps disparu de la circulation. “Le gouvernement n’a pas suivi le point de vue du SPF Economie, parce que le nombre de plaintes n’est momentanément pas très important. J’espère que d’ici deux ans, si le nombre de plaintes d’abus se multiplie, l’on ne va pas dire que nous aurions dû prévoir des règles plus strictes.”
Etonné
Jonas Dhaenens, CEO de Combell, ne comprend pas bien la réaction virulente du ministre: “J’estime que son cabinet a mal interprété quelques éléments car l’objectif est précisément de rendre le secteur des noms de domaine le plus transparent possible. Du point de vue idéologique, nous sommes même en partie sur la même ligne car finalement, nous voulons tous deux un internet plus sûr pour tout le monde, mais nos idées divergent sur la façon d’y arriver.”
“En tout cas, je suis étonné de la réaction du ministre et je vais prendre contact avec son cabinet”, ajoute Dhaenens. “Il est urgent que nous puissions avoir un entretien franc et ouvert en la matière.”
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