Une nouvelle technologie de communication passe directement en revue les données des capteurs des coureurs cyclistes
L’institut de recherche flamand imec a mis au point un appareil qui permet pour la première fois de suivre en temps réel les performances des coureurs cyclistes. Le système a été expérimenté hier mercredi par les juniors et les U23 nationaux du cyclocross.
Une journée d’automne maussade dans le domaine militaire d’Heverlee. Alors que les jeunes cyclocross-men s’exercent sous la direction du coach fédéral Sven Vanthourenhout, des chercheurs sont en train de fixer un écran installé sous une tente. Les scientifiques ont équipé tous les vélos d’un mini-appareil qui transfère directement le pouls, la vitesse et la position des coureurs.
Les commentateurs cyclistes pourraient voir d’un simple coup d’oeil où les coureurs belges se situent exactement dans une étape de montagne d’un grand Tour.
Contrairement à un GPS pour vélo ou à l’appli Strava, où les données des capteurs ne peuvent être transférées qu’après coup, les chercheurs expérimentent ici une technique, où toutes les données sont lues et traitées en temps réel. Et cela marche: sur l’écran, on peut observer en direct le pouls et la vitesse de chaque coureur. Sur un autre écran, c’est leur position qui peut être suivie. Et sur un troisième écran, c’est l’ensemble des données qui sont instantanément analysées, alors que le rythme cardiaque des cyclistes s’affiche notamment. Ce dernier atteint en grande partie la zone rouge chez l’un des coureurs. “Je pense qu’il est un peu trop impressionné par ce qui se passe et qu’il a fait directement trop d’efforts”, déclare en souriant Bart Braem, chercheur à l’imec.
Un directeur sportif pourrait ainsi savoir immédiatement quels coureurs sont dans le rouge et ce, au moyen par exemple d’une tablette dans la voiture suiveuse. Pour cela, la solution doit encore être développée plus avant. A Heverlee, l’imec a mis en oeuvre un réseau IoT local avec des antennes, qui relie les petits appareils des vélos aux écrans de contrôle. Dans une course cycliste, des motards ou des voitures suiveuses devraient emmener ces antennes. Cela a précédemment déjà été testé avec un succès mitigé. “Cela ne fonctionnait sans problème que si la voiture suiveuse se trouvait dans le rayon visuel du cycliste”, apprend-on.
Une dimension supplémentaire aux retransmissions de courses cyclistes
L’analyse des données est de plus en plus utilisée dans le sport. Non seulement pour optimiser la tactique de course ou les entraînements, mais aussi pour rendre l’expérience visuelle plus intéressante. Selon Braem, c’est surtout le sport cycliste qui a beaucoup à y gagner. “Les sociétés de médias montrent déjà beaucoup d’intérêt à utiliser ce type de données”, explique-t-il. “Les commentateurs cyclistes pourraient voir d’un simple coup d’oeil où les coureurs belges se situent exactement dans une étape de montagne d’un grand Tour.”
Mais il n’y aurait sans doute guère d’équipes qui seraient prêtes à montrer à la concurrence le rythme cardiaque de leur chef de file en plein effort. “C’est vrai, mais le directeur sportif pourrait dans le voiture suiveuse presser un bouton s’il ne souhaite pas ou plus transférer ce genre de données”, explique Braem.
Même les cyclotouristes pourraient profiter de cette technologie de communication, selon Braem: “Pas mal de Belges partent avec un groupe d’amis faire des randonnées dans les montagnes pendant les vacances. Lorsqu’ils grimpent un col, ils vérifient continuellement leur rythme cardiaque et leur vitesse. Mais quant à savoir où se trouvent leurs amis, c’est une autre paire de manches”, déclare-t-il. “Grâce à cette technologie, vous pourriez voir apparaître aussi le pouls, l’emplacement et la vitesse de quelqu’un d’autre sur votre GPS. Vous pourriez donc savoir aussitôt si l’un de vos amis a chuté ou s’est arrêté par exemple.”
Les plus récents appareils de navigation pour vélo, comme le Garmin Edge 520 +, le permettent également. “Nous le savons”, ajoute Braem. “Mais notre technologie est plus précise et fonctionne via un réseau IoT au lieu de la 4G, ce qui fait qu’elle consomme très peu d’énergie de la batterie.”
Pour cette forme de communication, il n’y aurait pas besoin d’antennes, car les appareils pourraient eux-mêmes créer un réseau IoT local. Ce faisant, deux cyclistes se trouvant à quelque 600 mètres l’un de l’autre pourraient encore et toujours s’échanger des données, même dans une zone reculée, sans connexion 4G (comme en montagne). Avec plusieurs appareils, la portée serait en outre encore amplifiée.
Les possibilités ne sont par ailleurs pas limitées à l’échange d’emplacements, de pouls ou de vitesse. Comme l’appareil supporte Bluetooth et ANT+, il peut aussi être relié à d’autres capteurs sans fil, comme un compteur de cadence.
L’Imec va à présent examiner les opportunités qui se présentent à son innovation: lancer l’appareil sur le marché en collaboration avec l’une des grandes entreprises de vélos et de navigation ou créer lui-même une start-up.
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