Trois questions sur les manquements dans la lutte en ligne contre les combattants en Syrie
Du rapport du comité P, il ressort qu’il n’y a qu’une seule personne qui effectue des recherches sur les combattants en Syrie. Et ce, alors que les médias sociaux jouent un rôle important dans le processus de radicalisation. Comment est-ce possible et comment améliorer les choses? Trois questions posées à Frederik Tibau, rédacteur de Data News.
1. Il n’y a qu’une seule personne qui effectue des recherches en ligne sur les combattants en Syrie. N’est-ce pas très peu?
Un seul collaborateur à temps partiel pour l”Internet Intelligence Support Unit’ de la police fédérale, c’est effectivement très peu. Le travail de recherche numérique est de toute façon le parent pauvre dans notre pays, mais il est question de nommer quelqu’un ayant le profil (ICT) adéquat, capable en outre de passer outre la barrière linguistique. Il n’est pas aisé de trouver ce genre de personne, notamment parce qu’elle peut gagner nettement plus dans le privé.
2. Est-ce si difficile de suivre les combattants en Syrie sur internet?
Pister les combattants et les suivre sur les médias sociaux (sur le web traditionnel donc), c’est une chose, détecter des activités sur ce qu’on appelle le dark web, où nombre de djihadistes se cachent, c’en est une autre. Il faut déjà savoir que le dark web existe, puis il faut pouvoir y avoir accès et connaître les URL exactes des sites utilisés par les combattants pour communiquer. A cette fin, il convient quasiment de s’infiltrer dans leurs réseaux, parce qu’on ne peut obtenir ces informations que de la part de gens qui vous font confiance. Un travail de recherche est ici évidemment nécessaire. Si vous voulez le faire correctement, vous avez besoin de personnes compétentes et bien formées, et il faut travailler en équipe.
3. Il semble y avoir des problèmes aussi au niveau de la communication entre les services de police mutuels.
Même si vous mettez dix personnes sur le coup, cela n’aura guère de sens, s’il n’y a pas de communication entre les services de police mutuels, entre la police et la Federal Computer Crime Unit (qui manque aussi cruellement de personnel), et avec les services similaires à l’étranger. Plus encore que le nombre de personnes affectées, la communication est de la plus haute importance, et c’est là aussi que le bât blesse assurément. Il n’en alla pas autrement naguère dans l’affaire Dutroux.
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