Toujours plus de points d’interrogation à l’Icann
L’Icann se trouve fortement sous pression ces jours-ci. Toujours plus de voix se font entendre pour retirer à l’organisation sa responsabilité vis-à-vis des noms de domaine sur internet. Les Nations Unies sont le plus souvent citées en tant qu’alternative.
L’Icann se trouve fortement sous pression ces jours-ci. Toujours plus de voix se font entendre pour retirer à l’organisation sa responsabilité vis-à-vis des noms de domaine sur internet. Les Nations Unies sont le plus souvent citées en tant qu’alternative.
C’est en septembre que sera revu l’important contrat conclu entre le ministère américain du commerce et l’Icann à propos d’Iana (Internet Assigned Names Authority, à savoir le comptable d’internet). Il est dès à présent manifeste que cette réorganisation ne se fera pas sans mal. Car en raison de la campagne de dénigrement qui va de pair avec l’introduction des nouveaux suffixes internet (gTLD), le rôle de l’Icann est toujours davantage remis en question, surtout par les autorités.
Ces dernières semaines, la pression a encore monté de plusieurs crans. Le GAC (l’organe de conseil au sein de l’Icann, où siègent les différents gouvernements) entend en effet disposer de plus de pouvoir au sein de l’organisation. Lors d’une réunion à Bruxelles, il y a deux semaines, le débat a fait rage à propos d’une série d’objections formulées par le GAC lors de l’introduction des nouveaux domaines de top level. Le ministère américain du commerce, qui a entraîné une foule de plus petits pays dans son sillage, a même exigé un ‘veto’ à l’encontre des suffixes (même si ce veto a entre-temps été rejeté).
Des pays comme la Chine et la Russie demandent depuis assez longtemps déjà que le contrôle unilatéral de l’infrastructure internet cruciale ne soit plus l’apanage d’une petite association non marchande qui est assujettie aux autorités américaines. Ils préféreraient le confier aux Nations Unies et plus précisément à l’International Telecommunications Union (ITU). Lors de la réunion de Bruxelles, les représentants du Kenya ont même déclare que “si rien ne change, les pays en voie de développement opteront assurément aussi pour l’ITU.”
Personne ne s’attendait cependant à ce que le gouvernement américain lui aussi tire à boulets rouges sur l’organisation qu’il avait pourtant fondée en 1998. Alors que ceo Rod Beckstrom et les autres doivent esquiver toutes ces attaques, voici donc qu’ils doivent affronter à présent aussi l’ennemi… Obama.
“L’administration est soucieuse du fait que toujours plus d’acteurs veulent transférer aux Nations Unies la coordination de la racine internet”, pouvait-on lire, il y a quelque temps, dans le journal Washington Post. Ce serait là l’une des raisons pour lesquelles le ministère américain du commerce exige soudainement que les gouvernements disposent de plus de pouvoir sur le plan de l’attribution des nouveaux suffixes internet. L’important travail de lobbying de propriétaires de marques mécontents constitue une autre raison, tout comme la pression exercée par des groupements religieux qui veulent interdire des suffixes tels .xxx et .gay.
Durant l’importante réunion de Bruxelles, l’on n’a guère enregistré de progrès. L’Icann et le GAC ont toujours des divergences d’opinion sur 23 points relatifs aux règles d’attribution des nouveaux domaines de top level. Ces divergences d’opinion portent, une fois de plus, toutes sur la même question: quelle influence les autorités et, dans une moindre mesure, les propriétaires de marques pourront-elles/ils exercer lors de l’approbation et de l’attribution des nouveaux suffixes internet?
La question délicate ultime est de savoir quel modèle choisir. L’organisation ascendante (bottom-up) de l’Icann, où la base (dans ce cas la communauté internet) décide en principe à propos des problèmes épineux, et où le board (où siègent de nombreux groupes d’intérêts) doit ratifier ces décisions d’une manière ou d’une autre, ou un modèle descendant (top down), où les gouvernements nationaux reçoivent plus de pouvoir, et qui doit opérer sous le giron ou non des Nations Unies.
Voilà en tout cas une affaire à suivre dès la semaine prochaine à San Francisco, lors de la 40èmte réunion Icann. L’ex-président américain Bill Clinton y sera présent, mais également l’industrie pornographique, qui manifestera contre un domaine porno sur internet.
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