Test: quel service de cloud fonctionne le mieux?
Nous avons testé cinq services d’hébergement de fichiers : box, Dropbox, Google Drive, Apple iCloud Drive et Microsoft OneDrive.
La plupart des services d’hébergement de fichiers s’adressent tant à l’utilisateur particulier qu’aux petites, voire aux grandes entreprises. La plupart proposent par ailleurs une offre gratuite limitée (modèle freemium). Le logiciel client et l’infrastructure ne diffèrent pas fondamentalement entre les abonnements gratuits et commerciaux, mais pour obtenir davantage de capacité, une meilleure intégration, des vitesses de travail supérieures et une sécurité accrue, tous les services testés vous chargeront un supplément.
PERFORMANCES
Les (éventuelles) spécificités fonctionnelles entre les différents hébergeurs de fichiers seront abordées ultérieurement dans cet article. Mais au préalable, nous aimerions nous pencher sur les performances que l’utilisateur peut attendre. Comme de très nombreuses variables entrent en jeu (débit de la connexion Internet et routage, type de fichier, méthode de transfert, cryptage et déduplication éventuellement activés, limitations en termes de qualité du service, etc.), il n’est pas simple de comparer objectivement la vitesse des services de stockage à base Web. Nous avons néanmoins pris un échantillon sur base des réglages standards de la version gratuite de chaque service. Nous vous renvoyons au cadre ci-contre pour les détails de la méthode de test utilisée. Quoi qu’il en soit, n’oubliez pas qu’il s’agit là d’un échantillon très restreint et local, même si les résultats du test confirment globalement les échantillons déjà réalisés en 2013, 2012 et 2010 (voir nos archives en ligne).
ENQUÊTE TARRAGONE
Un comparatif de vitesses objectif et plus scientifique entre hébergeurs de fichiers, lequel tient également compte d’aspects tels que la stabilité et la variabilité – des éléments qui sont, ou du moins devraient être, importants dans un environnement professionnel -, se révèle nettement plus difficile à réaliser. Des scientifiques espagnols de l’Universitat Rovira i Virgili de Tarragone s’y sont essayés en 2012. Et en juillet 2013, ils présentaient les résultats de leur tests à l’occasion de la 6e conférence internationale IEEE sur le cloud computing (cf. Gracia-Tinedot et. al., Actively Measuring Personal Cloud Storage, pp. 301-308 du rapport sur la conférence). Durant deux mois et demi, ils ont testé les débits de 3 services d’hébergement de fichiers sur 2 sites différents (à savoir Dropbox, box et SugarSync, ce dernier n’étant pas repris dans le présent test dans la mesure où il a évolué entre-temps d’un service de stockage cloud à un service de synchronisation cloud). Les scientifiques ont utilisé 70 clients : 30 clients Debian Linux physiques du laboratoire de l’université et 40 clients de l’infrastructure PlanetLab, dont la moitié en Europe occidentale et l’autre moitié en Amérique du Nord. Les tests ont été réalisés avec des fichiers aléatoires de 4 tailles différentes (25 Mo, 50 Mo, 100 Mo et 150 Mo).
Les scientifiques ont créé 2 charges de travail différentes et les ont fait tourner via les API (application programming interface) REST (representational state tranfer) des services concernés. Avec l”Up/Down Workload’, ils ont mesuré tant les vitesses de transfert que l’impact éventuel de la charge du compte totale sur ces vitesses. Pour ce faire, ils ont créé des comptes de test où ils ont stocké des fichiers créés de manière aléatoire dans les 4 tailles utilisées avant de télécharger l’ensemble des fichiers dans un ordre fortuit puis de les effacer. Ensuite, le ‘Service Variability Workload’ a généré un débit de chargement en amont et en aval pratiquement continu sur chaque noeud. De la sorte, les performances et la stabilité ont été mesurées sur une longue période de temps. En parallèle, les éventuelles différentes régionales entre l’Europe occidentale et l’Amérique du Nord ont pu être décelées.
VARIABILITÉ
Les résultats sont certes intéressant, mais en partie aussi largement prévisibles. Ainsi, il existe une variabilité significative dans les performances. Dropbox par exemple opérerait la nuit entre 15 et 35 % plus rapidement que durant les heures de bureau. De son côté, Box fonctionnait au début de l’expérience deux fois plus vite qu’à la fin. Par ailleurs, les chargements en amont semblent davantage variables que les téléchargements en aval, ce que nous avions également constaté durant notre test : les vitesses en download sont relativement constantes chez nous quel que soit le service, exception faite pour box, alors que les vitesses en upload varient nettement plus. Autre élément intéressant : les gros fichiers sont transférés plus rapidement que les petits. Si vous stockez beaucoup de fichiers et/ou si votre compte approche de la limite, vous ne serez heureusement pas pénalisé. Les scientifiques n’ont en effet trouvé aucune corrélation entre le débit de transfert et la charge sur les comptes.
DATA LOCK-IN
Les hébergeurs de fichiers testés se révèlent par ailleurs particulièrement fiables en termes de fonctionnement, avec une panne moyenne d’à peine 1 %. Les utilisateurs nord-américains bénéficient certes d’une qualité de service (QoS) nettement meilleure que leurs collègues européens. Les auteurs avancent que l’explication réside probablement dans la situation géographique des datacenters qui hébergent les fichiers. A noter que les utilisateurs européens peuvent bénéficier d’un débit de transfert en amont nettement plus élevé, alors que les Américains sont favorisés au niveau du début en aval, surtout chez box et Dropbox. Les auteurs mettent également en garde contre les fluctuations soudaines de QoS dans les versions freemium des services testés. Ainsi, le débit en download de SugarSync est passé durant le test de manière surprenante de 1.200 Ko/S à un 80 Ko/S pratiquement inutilisable. Selon les auteurs, de telles différences entraînent un risque de data lock-in où un hébergeur kidnappe en somme les données à moins que l’utilisateur ne paie un supplément pour augmenter son débit de téléchargement en aval.
DROPBOX
Dropbox s’en tient à une capacité de stockage de 2 Go pour sa version gratuite. Pour éviter tout abus, des limitations sont imposées en termes de bande passante journalière, de nombre total de téléchargements et de taille des fichiers individuels. La version Pro revient à 109 € par an pour 1 To. Quant à la version Business, elle coûte 103 € par an et par utilisateur. Des fonctions avancées comme la gestion des droits, les groupes d’utilisateurs, la sécurisation des fichiers par mot de passe et la gestion des versions ne sont pas disponibles pour les utilisateurs freemium. L’utilisateur professionnel se voit offrir plusieurs fonctions supplémentaires, comme le support 24/7, la gestion centralisée, le signe sign-on (SSO) par l’intégration aux répertoires d’entreprise et aux services de sécurité, la recherche full text, l’intégration PDF, l’effacement de données à distance et l’intégration avec Salesforce. Tous les services de Dropbox partagent des fonctions communes comme le cryptage AES-256, la garantie de disponibilité de 99,99 % et une API ouverte permettant l’intégration de bon nombre d’autres applis. La certification ISO/IEC 27001 et l’auditing SSAE 16 SOC sont disponibles pour les utilisateurs professionnels. Tenez compte cependant du fait que Dropbox utilise uniquement des datacenters américains et ne se positionne pas par rapport à la signature du contrat EU Model Clauses avec ses clients (cf. tinyurl.com/phf8rsy), lequel est désormais à nouveau exigé dans l’Union européenne pour garantir une protection suffisante de la vie privée des citoyens européens après l’abandon de la convention EU/US Safe Harbor suite à une décision de la Cour européenne. Dropbox fait état dans un communiqué de la certification ISO/IEC 27001 qui offrirait des garanties suffisantes en termes de vie privée. Certes, au sens strict, cela est suffisant dans le contexte de l’UE. Les concurrents de Dropbox analysés dans cet article, à l’exception d’Apple et de box, s’engagent certes signer un contrat modèle de l’UE à condition que le client le demande explicitement.
Vitesse en upload : 483 KO/S
Vitesse en download : 23814 KO/S
Score de fonction : 82/100
Score d’intégration : 76/100
Score de sécurité : 65/100
Score de performance générale : 79/100
GOOGLE DRIVE
Le service de stockage dans le cloud Drive de Google est intégré à Google Docs et Google Apps for Business. Basculer des données privées vers les données professionnelles se fait simplement en changeant de log-in. Les utilisateurs privés reçoivent 15 Go de stockage gratuit (pour Gmail, Google Photos et Drive cumulés), contre 30 Go pour les utilisateurs d’Apps. Si vous souhaitez 100 Go, vous devrez payer 21,75 € par an, tandis que 1 To coûte 109 €/an. Toutes les versions de Google Drive proposent globalement les mêmes fonctionnalités, dont l’intégration du traitement de texte, du tableur, des présentations, des formulaires, des visionneurs en ligne pour plus de 30 formats de fichiers, la recherche full text et la gestion de versions pour un maximum de 200 versions par fichier. La différence entre les différents abonnements se situe surtout dans la capacité de stockage disponible. Les utilisateurs professionnels peuvent en outre bénéficier d’un cryptage AES 128 bits, d’une garantie de disponibilité de 99,9 %, d’un support 24/7, d’une intégration aux logiciels SSO et aux répertoires d’entreprise, de la certification ISO/IEC 27001 et de l’audition SSAE 16 SOC. Après l’abandon de la convention Safe Harbour, Google s’est montrée explicitement prête à signer le contrat modèle de l’UE sur la protection des données, même si le client doit le réclamer explicitement. Dans la boutique d’applis de Drive, vous trouverez des dizaines d’applications qui permettent d’exploiter les données stockées dans Drive.
Vitesse en upload : 775 KO/S
Vitesse en download : 5689 KO/S
Score de fonction : 78/100
Score d’intégration : 81/100
Score de sécurité : 88/100
Score de performance générale : 73/100
MICROSOFT ONEDRIVE
Au cours de l’année écoulée, Microsoft a modifié à plusieurs reprises son offre en hébergement de fichiers, tant en termes d’appellation que de possibilités et de capacités de stockage disponibles. Le catalogue semble désormais stabilisé sous l’étiquette Microsoft OneDrive proposé en versions tant gratuite que privé et professionnelle. La version gratuite offre 5 Go de stockage pour les nouveaux utilisateurs. Pour leur part, les abonnements OneDrive for Business, Office 365 et SharePoint Online proposent désormais 1 To par utilisateur et non plus un volume de stockage ‘illimité’. Si vous n’avez aucun de ces abonnements, vous pouvez en tant que particulier acheter 50 Go pour 24 € par an ou 1 To pour 99 € par an. Par ailleurs, une limite de 5.000 fichiers est prévue pour les utilisateurs gratuits et de 20.000 fichiers par bibliothèque pour les utilisateurs payants ou ceux qui utilisent l”ancien’ logiciel de synchronisation. Le nouveau logiciel de sync pour Windows 7 et ultérieur ainsi que pour Mac OS X 10.9 et ultérieur n’a plus de limite supérieure, mais ne fonctionne dans sa première version qu’avec Office 365 exclusivement et pas encore avec SharePoint Online ou Windows 8.1. La taille des fichiers ne peut dépasser 2 Go, à moins d’être abonné à l’un des services cloud de Microsoft où la limite et portée à 10 Go à condition d’utiliser le nouveau logiciel de sync. Les versions professionnelles disposent de fonctions avancées comme la gestion des droits, une gestion de versions étendue, un contrôle des utilisateurs, l’intégration SSO, une garantie de disponibilité, le support 24/7, la certification ISO 27001 et l’auditing SOC. Par ailleurs, Microsoft est également disposée à signer le contrat modèle de l’EU en matière de vie privée. L’infrastructure de OneDrive utilise le cryptage AES 256 bits. L’interface Web a parfois réagi avec lenteur à certains moments de notre test et ne s’est même parfois pas ouverte. Au cours de notre test précédent en 2013, son prédécesseur SkyDrive (Pro) s’était aussi planté à plusieurs reprises.
Vitesse en upload : 379 KO/S
Vitesse en download : 9309 KO/S
Score de fonction : 62/100
Score d’intégration : 72/100
Score de sécurité : 88/100
Score de performance générale : 62/100
APPLE ICLOUD DRIVE
Dans iOS 9 ou OS X El Capitan, iCloud Drive est automatiquement activé. Ce service est aussi disponible pour Microsoft Windows 7 et ultérieur. D’autres plateformes comme Android ou Windows Phone ne sont pas supportées. Il n’existe aucune version spécifiquement conçue pour les entreprises. On ne trouve aucune différence de fonctionnalités entre les versions gratuites ou de 5 Go de stockage et les versions payantes qui commencent à partir de 50 Go de stockage et facturées à 10,8 € par an. Par ailleurs, 200 Go reviennent à 32,6 € et 1 To à 109 € par an, soit les mêmes prix que ceux (environ) facturés pour Dropbox, Google Drive et Google OneDrive. iCloud Drive est évidemment intégré à iCloud, ce qui permet de gérer ses photos, mais aussi de créer et de traiter des documents, feuilles de calcul et présentations à l’aide des versions HTML5 intégrées des Apple iWork-apps Pages, Numbers et Keynote. De même, il est possible de sauvegarder automatiquement ses photos, données de contact, courriels, rendez-vous, notes, rappels et autres données dans iCloud Drive. Les utilisateurs Windows peuvent également y sauvegarder leurs données Outlook, leurs signets IE et/ou Safari et leurs photos. Ces données peuvent être consultées n’importe où via l’interface Web sécurisée par mot de passe. Le tout est protégé par cryptage AES 128 bits. En termes de vie privée, les conditions d’Apple s’appliquent et il n’est pas question de contrat modèle de l’UE.
Vitesse en upload : 432 KO/S
Vitesse en download : 3793 KO/S
Score de fonction : 29/100
Score d’intégration : 23/100
Score de sécurité : 24/100
Score de performance générale : 29/100
box
box (avec un ‘b’ minuscule) est le plus ancien service d’hébergement de fichiers puisqu’il a été créé en 2005. Dès 2007, l’entreprise s’est focalisée sur le marché commercial des entreprises. Désormais, elle se profile comme un service de collaboration, de gestion de projets et de gestion de contenu à base Web. Il n’empêche que, comme chez les concurrents, toutes les fonctions sont articulées autour du stockage de données et s’appuient sur une intégration API de nombreux autres services Web, de Google Apps à Microsoft Office 365 en passant par Salesforce. box offre une version gratuite avec 10 Go de stockage, mais comporte de nombreuses limitations. La version Personal avec 100 Go de stockage coûte 87 € par an. La version Business avec au moins de 3 à 10 utilisateurs revient à 44 € par an et par utilisateur. Sur une base de projet, la version Enterprise comprend 5 Go de taille fichiers, le support 24/7, une garantie de disponibilité de 99,9 %, le support SSO, le cryptage de fichiers réglable, etc. L’intégration à différents services externes, les éventuels groupes d’utilisateurs fermés, la synchronisation, la gestion de versions, plus de 120 visionneurs de fichiers et les commentaires de fichiers sont uniquement disponibles pour les utilisateurs payants. Par ailleurs, ces versions n’ont pas de limitations en termes de bande passante, ce qui est le cas de la version gratuite. La vitesse en download de la version gratuite était à certains moments à ce point basse qu’elle était inutilisable. box offre un téléchargement en aval nettement moins cohérent que ses concurrents qui atteignent eux pratiquement les mêmes débits quel que soit le moment. Attention donc certainement au data lock-in chez box ! Les datacenters de box se trouvent aux Etats-Unis. En termes de vie privée, box s’en tient pour l’instant à l’abandon de la convention Safe Harbour US-UE et ne renseigne rien sur son site Web concernant la possibilité de signer un contrat modèle de l’UE.
Vitesse en upload : 427 KO/S
Vitesse en download : 1896 KO/S
Score de fonction : 78/100
Score d’intégration : 86/100
Score de sécurité : 71/100
Score de performance générale : 61/100
CONCLUSION
Tant au plan fonctionnel que des performances, Dropbox et Google Drive sortent clairement vainqueurs du test. box et Microsoft OneDrive se partagent la 3e place à distance respectable.
(kader)
Méthodologie de test
Nous avons réalisé le test avec une connexion Internet VDSL2 Dommel avec des débits mesurés sur de longues périodes par SamKnows de 40,69 Mbit/s en downstream, de 7,7 Mbit/s en upstream et une latence de 30,06 ms. Nous avons utilisé un fichier de test créé en interne d’exactement 100 Mo constitué de données totalement aléatoires. Nous avons copié ce fichier via le navigateur Chrome 4 fois vers le service testé durant 2 jours différents. Comme le fichier de test se composait de données aléatoires, nous avons ainsi pu détecter d’éventuels algorithmes de déduplication susceptibles d’influencer la vitesse de transfert. Nous avons pris la moyenne des mesures pour calculer les résultats en Ko/S. Ensuite, nous avons téléchargé ce fichier à 4 reprises. Les vitesses en download obtenues ont été converties en Ko/S. Les scores en upload et en download ont été calculés sur 100. Ces scores de vitesse sont relatifs les uns par rapport aux autres, le produit le plus rapide obtenant un score de 100 points. Par ailleurs, nous avons attribué des points sur plus de 90 critères différents en termes de fonctionnalités, d’intégration à d’autres services et applications, ainsi que de sécurité et d’environnement. Nous avons ainsi obtenu un score de fonctionnalité de 100 points maximum. Dans le score final de performance sur 100 points, le score de fonctionnalité intervient pour 65 %, contre 15 % pour le score en download et 20 % pour le score en upload.
Consultez le tableau sur notre site Web pour les fiches produits complètes et les détails des résultats des tests.
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