A la résurrection miraculeuse de Nokia, il manquait encore un véritable produit-phare. Ce vide est à présent comblé par le Nokia 8 Sirocco.
Avec le Nokia 8 Sirocco, la société-mère finlandaise de Nokia, HMD Global, entend concurrencer les top-smartphones du moment. Son prix est donc à l’avenant: 749 euros, voilà ce qu’il coûte, soit autant que ce qu’il faut aujourd’hui débourser pour acheter un Samsung Galaxy S9 ou un LG G7 ThinQ. C’est en soi assez étonnant pour un téléphone de 5,5 pouces ‘seulement’. En guise de comparaison, les S9 et G7 sont équipés d’écrans de respectivement 5,8 et 6,1 pouces. Le Sirocco doit donc compter sur plusieurs autres atouts.
Dégradation bleutée
Sous le capot moteur, le Sirocco affiche pas mal de ressemblances avec le Nokia 8 ordinaire (vendu 599 euros), mais son design est complètement différent. Ce qui frappe le plus, c’est son écran qui est incurvé sur les côtés, tout comme chez le Galaxy S9. Ce qui confère un cachet spécial au Nokia, c’est son look quelque peu trapu: alors que la plupart des smartphones premium actuels se caractérisent par un rapport d’écran plus allongé 18:9 (voire davantage encore), le Sirocco reste fidèle au rapport classique 16:9. Et cela ne nuit absolument pas à l’appareil.
Nous serons moins enthousiastes à propos de la qualité de l’image. L’écran OLED à résolution QHD (2.560 x 1.440 pixels) semble certes assez net, mais sur les bords incurvés, il y a formation d’une dégradation bleutée, surtout dans le cas d’images claires. Qui plus est, lorsqu’on penche l’appareil – à l’horizontale ou à la verticale, peu importe -, c’est l’ensemble de l’écran qui semble pâtir de ce phénomène. Cela n’est pas tolérable dans cette catégorie de prix et cela coûte donc une demi-étoile à ce modèle Sirocco.
Avec son ‘épaisseur’ de 7,5 mm seulement, le Sirocco fait partie des smartphones les plus minces sur le marché.
95 pour cent de verre
Par ailleurs, le Nokia 8 Sirocco se compose à pas moins de 95 pour cent de Gorilla Glass 5, y compris toute sa face arrière. Les 5 pour cent restants sont occupés par un double appareil photo, le capteur d’empreintes digitales et une coque en métal qui ne fait que 2 millimètres d’épaisseur (car à l’arrière aussi, les bords se terminent de manière incurvée). Il en résulte que le smartphone semble ainsi assez vulnérable, mais dans la pratique, c’est pourtant tout à fait acceptable. Le Gorilla Glass 5 ne s’avère pas seulement extrêmement résistant aux éraflures, mais même une chute d’une hauteur d’1,60 mètre ne devrait pas provoquer d’éclats dans 80 pour cent des cas.
Avec son ‘épaisseur’ de 7,5 mm seulement, le Sirocco fait partie des smartphones les plus minces sur le marché. Seul le double appareil photo ressort d’un petit millimètre, mais il n’en va en général pas autrement chez les concurrents. A l’arrière des deux objectifs Zeiss, on trouve un capteur de 12 MP à ouverture f1.7, plus un autre de 13 MP à ouverture f2.6. A noter qu’un diaphragme de f1.7 est assez grand pour un smartphone. Pourtant, les Galaxy S9 (f1.5) et Huawei P20 Pro (f1.6) s’avèrent encore un peu plus performants en présence de moins bonnes conditions lumineuses.
L’appareil photo supérieur (de 12 MP) offre un objectif grand angle à 78,2 degrés, alors que l’appareil inférieur est équipé d’une fonction de téléobjectif à zoom optique 2x, afin de rapprocher les objets, sans que cela nuise à la qualité de l’image. Un appareil à selfies de 5 MP complète le tableau.
A la lumière du jour, les photos des deux appareils principaux sont d’excellente qualité: parfaite exposition, bon contraste et grande précision. A première vue, les couleurs semblent ne pas tout à fait correspondre à la réalité, mais cela est dû à l’affichage OLED qui veut trop en faire. Sur un écran d’ordinateur, la même photo donne nettement mieux et est en tout cas plus fidèle.
A noter aussi une fonction Livebokeh en vue d’estomper par exemple l’arrière-plan d’une manière naturelle dans le cas de portraits. Le problème, c’est que ce gadget ne fonctionne assez étonnamment pas vraiment sur ce Sirocco. De près, il n’est même pas possible de mettre correctement au point sur un objet, et l’effet de flou en arrière-plan semble nettement trop artificiel. Nous invitons donc Nokia à se remettre à l’ouvrage sur ce point, en prenant exemple sur le P20 Pro d’Huawei qui maîtrise complètement l’effet bokeh (flou artistique).
Android One
Ce que nous saluons comme il se doit par contre, c’est le fait que Nokia ait opté pour Android One. C’est là la version la plus pure de – dans ce cas – Android 8.1.0 Oreo, sans applis, habillages, bloatware (logiciels envahissants) ou autre tralala superflus.
L’avantage, c’est que le smartphone offre dès lors davantage d’espace pour des choses vraiment importantes, comme des photos ou une collection musicale. En théorie, un tel appareil devrait réagir un peu plus rapidement et consommer moins d’énergie. Ces trois prochaines années, les utilisateurs d’un téléphone intégrant Android One seront en outre assurés de recevoir les mises à jour sécuritaires mensuelles: lors de notre période de test, nous en avons d’ailleurs reçu plusieurs. De plus, Google se porte garant que le système d’exploitation continuera de s’actualiser de lui-même pendant deux ans.
Le Sirocco est une bonne tentative de la part de Nokia de prendre place dans le haut du panier. Mais…
Tout comme le Nokia 8 (et divers autres appareils-phares), le Sirocco est commandé par un processeur Snapdragon 835. Avec ses 6 Go de RAM et sa capacité de stockage de 128 Go, il offre un espace-mémoire sensiblement supérieur à son frère meilleur marché, mais à la lecture des résultats de nos benchmarks, cela ne se traduit pas directement par des performances plus élevées. Pour ce qui est de la puissance de calcul, le Sirocco égale l’Huawei P20 Pro, mais il doit s’incliner devant les Galaxy S9, LG G7 ThinQ et Sony Xperia XZ2 notamment.
Ce qu’il faut encore retenir: la coque anti-poussière et étanche (IP67-rating), la possibilité de recharger sans fil l’accu de 3.260mAh, ainsi que les micros intégrés pour réaliser des enregistrements sonores de grande qualité (en audio 24 bits, jusqu’à un maximum de 132 décibels). La prise caque classique brille par son absence, mais Nokia fournit d’origine des oreillettes à brancher sur le connecteur USB-C.
Conclusion
Le Sirocco est une bonne tentative de la part de Nokia de prendre place dans le haut du panier. L’appareil associe en effet un excellent jeu d’appareils photo à une interface Android One très ‘clean’ et à un design spécial très réussi. Mais comme l’écran affiche de sérieux manquements et que la puissance de calcul laisse quelque peu à désirer, nous préférons quand même consacrer notre argent durement gagné à l’un ou l’autre authentique appareil haut de gamme.
Prix: 749 euros (teinte: noir)
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