Pas de fuite massive des clients vers Digi, dont le modèle gêne le CEO de Proximus
Le CEO de Proximus, Guillaume Boutin s’interroge sur le modèle de déploiement de la fibre de Digi qui pourrait provoquer une fracture numérique supplémentaire à celle déjà existante.
Il n’y a pas (encore) eu de mouvement massif de la part des consommateurs pour migrer leur abonnement télécom vers Digi, le 4e opérateur qui a lancé ses activités à la mi-décembre. C’est ce qu’a partagé mercredi le CEO de Proximus, Guillaume Boutin, lors de ses vœux de Nouvel An avec la presse. Il s’interroge par contre sur le modèle de déploiement de la fibre de ce nouvel acteur, qui pourrait provoquer une fracture numérique supplémentaire à celle déjà existante.
À la mi-décembre, Digi avait créé un petit séisme dans le marché des télécoms belge avec son offre à 5 euros pour des appels et SMS illimités et 15 GB d’internet mobile, le tout avec une connexion en 4G. S’il est encore trop tôt pour répondre quant à l’impact réel de l’arrivée du 4e opérateur, pour Guillaume Boutin, il n’est en tous les cas pas encore question de “rupture” sur le marché des télécoms. Proximus n’a en effet pas constaté de mouvement massif des consommateurs et ne s’inquiète donc pas outre mesure, la situation restant gérable pour le moment.
En revanche, sur le déploiement de la fibre optique, le CEO de Proximus s’est montré plus volubile et critique envers le nouveau venu. Il a ainsi dénoncé l’attitude de Digi, qui déploie, selon lui, uniquement là où cela n’est pas trop cher, évitant parfois certaines maisons dans une même rue où les opérations seraient trop coûteuses.
Le 4e opérateur a lancé une offre internet, avec un volume de données illimité et des vitesses de téléchargement et de chargement symétriques, à partir de 10 euros par mois (pour 500 Mbps) au moyen de la fibre optique. Ce produit n’est cependant actuellement disponible que dans le quartier de Cureghem, à Anderlecht (environ 10.000 foyers connectables), et 140.000 autres ménages seront progressivement connectables dans d’autres communes de Bruxelles dans les semaines à venir. Le service s’étendra ensuite à d’autres communes belges, principalement en milieu urbain, dans le courant de cette année.
“Ils proposent des tarifs agressifs, mais seulement là où ils sont déployés. C’est la négation de ce que l’industrie des télécoms a toujours fait, c’est-à-dire donner un même accès et aux mêmes prix pour tous”, a attaqué Guillaume Boutin. Il n’y a en effet pas d’obligations légales en matière de déploiement et de couverture de la fibre optique pour le moment, comme cela est le cas pour la téléphonie mobile.
“Est-ce un bon modèle ? Est-ce sain d’avoir des prix différents en fonction de la zone, dense ou non-dense, où on se trouve ?”, s’interroge dès lors le patron français. Pour lui, il n’est pas possible de proposer un prix aussi bas pour un abonnement via la fibre sur l’ensemble du pays, au regard des investissements financiers colossaux à entreprendre.
“Si demain, on (le marché, NDLR) me force à proposer des prix différenciés, je me poserai la question. Mais ce n’est pas du tout le cas aujourd’hui”, assure-t-il, reconnaissant que le sujet est complexe, vu que l’État belge, potentiel législateur en la matière, est l’actionnaire principal de Proximus.
“On va provoquer une fracture numérique supplémentaire pour l’accessibilité à des vitesses de connexion très rapides, qui viendra s’ajouter à la fracture déjà existante”, redoute Guillaume Boutin.
Il estime enfin que Digi déploie actuellement un réseau avec des normes de qualité et de sécurité moins élevées.
Proximus va déménager à Tour & Taxis et vendre ses tours à Nextensa
Fin de l’été, Proximus lançait un appel d’offres pour se trouver un nouveau siège bruxellois. L’opérateur télécom entre désormais en phase finale de négociations exclusives avec Nextensa pour déménager de l’autre côté du canal, sur le site de Tour & Taxis (projet Lake Side), et lui vendre ses deux tours de la gare du Nord, indique mercredi le promoteur immobilier dans un communiqué. Le prix de vente de ces deux tours n’est pas encore connu. “Les négociations se poursuivent désormais pour finaliser la documentation relative à cette transaction, dont les contrats définitifs devraient être signés d’ici le deuxième trimestre 2025”, précise Nextensa. “Les détails concernant les conditions de location et de vente seront communiqués ultérieurement.” Proximus cherchait depuis un certain temps un nouveau siège à Bruxelles, soit dans un nouvel emplacement, soit par une rénovation de ses tours. En 2022, l’opérateur avait conclu un accord avec le promoteur immobilier Immobel sur un rachat (pour 143 millions d’euros) et une rénovation des tours, mais ce dernier avait finalement renoncé au projet l’été dernier. Proximus a à présent décidé d’installer son futur “campus” sur le site de Tour & Taxis, dans le cadre du nouveau projet Lake Side de Nextensa. Il sera en grande partie installé dans des immeubles de bureaux neufs, qui y seront développés à partir de 2027. Le déménagement des travailleurs de l’opérateur télécom, pour la plupart actuellement basés dans le bâtiment Boréal, situé à proximité des actuelles tours Proximus, est prévu pour le premier semestre 2027. Dans un premier temps, ils migreront dans des bâtiments déjà existants, avant de s’installer dans des locaux flambant neufs. “D’ici la fin du premier semestre 2029, l’ensemble des services et postes de travail du Campus Proximus sera opérationnel”, assure Nextensa. Environ 4.000 collaborateurs de Proximus y seront alors actifs. “Quoiqu’il arrive, nous nous installerons à Tour & Taxis”, a affirmé mercredi Guillaume Boutin, le CEO de Proximus, lors de ses voeux de Nouvel An à la presse.