Compétences et infrastructures numériques: la Belgique reste à la traîne
Malgré des améliorations certaines dans la numérisation de ses services publics, de bons résultats en entreprises et une progression tardive sur la 5G, la Belgique reste à la traîne en matière d’infrastructures numériques, tandis que près de la moitié de sa population ne dispose toujours pas de compétences numériques de base.
Tel est le constat dressé mercredi par la Commission européenne dans son premier rapport par pays sur l’état d’avancement de la “Décennie numérique”. Cette stratégie de transition numérique a été adoptée l’an dernier par l’UE ; elle fixe des objectifs 2030 en termes de compétences, d’infrastructures et de numérisation des secteurs publics et privés.
Chaque État membre devra présenter pour le 9 octobre prochain sa feuille de route visant à rencontrer ces objectifs 2030. En Belgique, le niveau de compétences numériques de base se situe dans la moyenne de l’UE (54%), mais il reste nettement inférieur à l’objectif de 80% fixé dans la Décennie numérique, selon le rapport.
Paradoxe: la part des spécialistes ICT (technologies de l’information et de la communication) dans la main-d’œuvre belge est de 5,6% (moyenne UE: 4,6%), malgré un nombre de diplômés ICT inférieur à la moyenne (2,8% contre 4,2%). La part des femmes parmi ces spécialistes est légèrement en retrait de la moyenne de l’UE (18,7%, contre 18,9%).
Très en retard sur la couverture numérique
En infrastructures, la Belgique reste “très en retard” sur la couverture en fibre optique aux résidentiels (17% contre 56%). Pour la couverture 5G, qui doit atteindre 100% d’ici 2030, “la Belgique a fait des progrès notables”, passant de 4% en 2021 à 30% en 2022 dans les zones peuplées. Ce chiffre reste toutefois nettement inférieur à la moyenne européenne de 81%. “Cela s’explique en grande partie par la finalisation tardive de la vente aux enchères du spectre 5G”.
La Commission souligne en revanche le rôle de leader de la Belgique en Europe dans le domaine des semi-conducteurs, via la recherche menée par l’institut flamand IMEC, ou la participation du pays à QCI, le réseau de clés quantiques pour protéger les flux de données. Le pays participe aussi à la création d’un réseau européen de données génomiques personnelles, ou sur une blockchain européenne pour services publics transfrontaliers.
Elle fait mieux pour la numérisation des entreprises
Là où la Belgique performe “particulièrement bien”, c’est dans la numérisation des entreprises. Les PME disposant au moins d’un niveau d’intensité numérique de base y sont plus nombreuses (77% contre 69% dans l’UE). L’adoption du “cloud”, de l’IA et du big data est aussi meilleure dans les entreprises belges que dans la moyenne de l’UE.
Quant au secteur public, la progression y est “relativement bonne”, avec de bons résultats dans les services publics aux citoyens et aux entreprises, dans les dossiers e-santé, ou dans les systèmes d’identification numérique.