Sous la pression de la disruption numérique, les banques doivent tirer parti de la ‘coopétion’
Les services ‘fintech’ et les monnaies numériques mettent la pression sur les banques plus traditionnelles, et il n’est pas souvent simple de faire face de manière flexible à cette disruption numérique. Toujours plus de banques trouvent cependant la solution dans la ‘coopétition’.
Le terme ‘coopétition’ ne figure pas au dictionnaire. Il fait référence à une combinaison de collaboration et de concurrence. Or ce phénomène se manifeste plus souvent qu’on ne le pense. Les entreprises ont pour stratégie de survivre dans un paysage qui évolue toujours plus rapidement. Elles y arrivent par le truchement d’un réseau de partenaires qui collaborent et se concurrencent tout à la fois pour créer une valeur maximale.
Les médias sociaux nous en offrent un exemple. Sur Tinder, on peut se connecter avec ses identifiants Facebook ou Twitter. L’appli de rencontres réduit ainsi la hauteur du seuil d’accès pour les nouveaux utilisateurs, mais Facebook et Twitter peuvent dans le même temps accéder à la plateforme et à ses données. La disruption numérique contraint aujourd’hui aussi les banques à revoir radicalement leurs modèles professionnels éprouvés et à les ajuster en permanence. Elles sont conscientes qu’elles doivent davantage miser sur les services numériques, mais ce faisant, elles se heurtent à leurs limites. C’est précisément pour ces banques que la coopétition constitue un modèle attractif.
Cashback pour les clients d’Argenta
Un exemple nous est fourni par Argenta. Lors de la Banking Scene Conference 2022, Bart Van Loo, Digital Journey Expert chez Argenta, est venu expliquer pourquoi la banque a depuis mars de l’année dernière intégré quelques fonctions de l’appli de banking belge Cake dans sa propre appli. Les clients de la banque bénéficient ainsi des cashbacks que Cake ne proposait précédemment que dans sa propre appli. (Depuis début 2022, Cake n’est plus disponible en tant qu’appli indépendante).
‘C’est là le grand avantage’, affirme Bart Van Loo. ‘Nos utilisateurs ne doivent à aucun moment quitter notre appli.’ Lorsque des clients effectuent des achats chez les partenaires commerciaux de Cake, comme AVA, Torfs ou Hubo, ils reçoivent automatiquement des mini-réductions sur leur compte.
Trois gagnants
Même si Argenta et Cake sont en substance des concurrents, le modèle garantit une situation ‘gagnant-gagnant’ aux deux parties. La collaboration renforce certes la compétitivité entre les deux acteurs, mais les avantages n’en restent pas moins supérieurs. Argenta offre en effet à ses clients un service supplémentaire, alors que Cake reçoit un coup de pouce.
L’intégration dans l’appli d’Argenta génère une forte progression du nombre d’utilisateurs, ce qui fait que Cake gagne en attractivité vis-à-vis de futurs partenaires potentiels. Pour les consommateurs, cela représente encore plus de partenaires cashback qui, avec leurs offres, trouveront leur voie vers la plate-forme. Ici, on voit donc deux concurrents qui profitent d’une collaboration, dont le consommateur est in fine le troisième et principal gagnant.
Protection des données
La protection des données est la top-priorité dans la coopétition entre Argenta et Cake, selon Bart Van Loo. Le stockage des données personnelles s’effectue dans un environnement strictement sécurisé, et leur traitement se fait dans le respect des réglementations PSD2 et GDPR.
Un élément essentiel de la coopétition entre Argenta et Cake réside évidemment dans le partage des données personnelles. Argenta ne partage les informations liées aux transactions des clients qu’après accord formel avec Cake. A son tour, Cake utilise les données exclusivement pour partager des actions intéressantes des partenaires commerciaux avec les clients d’Argenta et, ainsi, optimiser l’expérience, ainsi que pour le transfert automatique du cashback sur le compte du client.
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