Sickinghe fulmine contre la régulation du marché du câble

Stefan Grommen Stefan Grommen est rédacteur de Data News.

“C’est comme si, après nous être entraînés et investi à fond, nous roulions en tête du Tour des Flandres et que des barrières se ferment subitement devant nous”, voici comment Duco Sickinghe, CEO de Telenet, décrit les projets des régulateurs télécoms et médias belges réunis, en vue de réguler le marché du câble. Revenons quelque peu en arrière: fin décembre 2010, l’IBPT, le CSA, le Medienrat et le VRM exigeaient dans une déclaration commune que Telenet et Belgacom ouvrent complètement leurs réseaux coaxial et cuivré aux opérateurs alternatifs. Ceux-ci devraient alors pouvoir choisir de lancer une offre de TV (numérique), d’internet à haut débit et de téléphonie fixe soit via le réseau cuivré de Belgacom, soit via le réseau câble coaxial de Telenet.

“C’est comme si, après nous être entraînés et investi à fond, nous roulions en tête du Tour des Flandres et que des barrières se ferment subitement devant nous”, voici comment Duco Sickinghe, CEO de Telenet, décrit les projets des régulateurs télécoms et médias belges réunis, en vue de réguler le marché du câble.

Revenons quelque peu en arrière: fin décembre 2010, l’IBPT, le CSA, le Medienrat et le VRM exigeaient dans une déclaration commune que Telenet et Belgacom ouvrent complètement leurs réseaux coaxial et cuivré aux opérateurs alternatifs. Ceux-ci devraient alors pouvoir choisir de lancer une offre de TV (numérique), d’internet à haut débit et de téléphonie fixe soit via le réseau cuivré de Belgacom, soit via le réseau câble coaxial de Telenet.

Cette exigence n’a évidemment pas été bien acceptée chez Telenet. Dans une première réaction, l’entreprise affirma que “dans le climat régulateur actuel” elle ne souhaitait plus prendre part aux enchères des licences mobiles prévues plus tard cette année. Aujourd’hui, lors de la présentation des résultats annuels, Duco Sickinghe, CEO de Telenet, a tenu des propos véhéments à l’encontre des projets des régulateurs.

Tout d’abord, Sickinghe trouve étrange que dans l’analyse du marché de la transmission des programmes TV, l’on se soit limité à deux plates-formes seulement, DSL et le câble: “L’on n’a pas pris en considération les autres plates-formes qui rencontrent pas mal de succès à l’étranger, mais qui ne sont pas utilisées chez nous à cause de nos concurrents et néanmoins collègues, à savoir le satellite DVB-T (‘TV numérique terrestre’, à savoir l’émission des programmes de la TV numérique par le biais des pylônes).” En outre, Sickinghe pense que les régulateurs doivent ne plus réfléchir en termes régionaux, mais nationaux: “Si nous réduisons nos prix, Belgacom les réduit aussi et vice versa. L’on voit aussi que Belgacom ne pratique pas des prix différents à Bruxelles, en Wallonie et en Flandre.”

Autres plates-formes Dans son plaidoyer, le CEO de Telenet évoque continuellement le grand nombre de nouveaux acteurs sur le marché. Le fait entre autres que Belgacom rencontre tant de succès, démontre, selon lui, qu’il existe une grande dynamique sur le marché de la TV numérique: “Je ne pense pas qu’on puisse affirmer qu’il y a un manque de choix en Belgique. L’on peut cependant constater qu’un acteur comme Telenet a fait largement de son mieux. Ces dix dernières années, un tiers de notre chiffre d’affaires a été investi dans l’entreprise, alors que nos concurrents n’en sont en général qu’à 10 pour cent. Ils investissent donc en moyenne 40 pour cent de ce que nous investissons.” Et d’enchaîner par la métaphore du Tour des Flandres susmentionnée. “Si le régulateur reprend le rôle des barrières et décide d’arrêter la course, alors que d’autres coureurs n’ont pas accompli suffisamment d’efforts, l’on est alors en train de récompenser ces derniers.”

Et de répéter que certains acteurs sur le marché ont omis de se tourner vers d’autres plates-formes que le câble: “Nous devons tirer des leçons d’autres pays en matière de plates-formes alternatives. Dans les grands pays européens, le terrestre rencontre un grand succès. Ce n’est pas parce que d’autres acteurs ne veulent pas de ces réseaux en Belgique qu’on doit venir dire maintenant qu’on souhaite utiliser notre réseau.” Il ajoute dans la foulée: “Je me souviens encore qu’avant, l’on a pas mal tourné Telenet en dérision, dans le sens où nous étions une entreprise qui ne s’occupait pas du mobile. A cette époque, l’on trouvait que nous ne méritions aucune attention. Aujourd’hui, l’on a changé son fusil d’épaule et l’on trouve intéressant d’avoir un réseau fixe. Cela ne me surprend pas du tout. Mais il ne faut pas verser des larmes de crocodile quand pendant des années, l’on a investi moins que la moitié de son concurrent.”

Pas besoin de réguler De plus, Sickinghe trouve extrêmement bizarre que le régulateur flamand des médias (VRM), en référence aux packs de produits proposés par Telenet, veuille aussi réguler le marché du haut débit. “Le VRM n’a aucune juridiction en la matière. Et l’instance qui détient cette juridiction, l’IBPT, a, il y a quelque temps, élaboré un rapport dans lequel il constatait que Telenet n’est pas un monopoliste sur le marché du haut débit.”

Et puis, il y a encore l’argument, selon lequel le marché de la TV ne doit absolument pas être , aux yeux de l’Europe. Et si telle est la décision, il convient de satisfaire à trois critères: y a-t-il des barrières à franchir pour pénétrer sur le marché? La situation de l’acteur dominant peut-elle encore un tant soit peu évoluer? Et le contrôleur de la concurrence ne dispose-t-il plus d’aucune possibilité pour remédier à la situation? Selon Sickinghe, il n’est question d’aucune de ces trois situations.

“En 2005, l’on était à juste titre préoccupé par la TV numérique”, poursuit Sickinghe. “A l’époque, l’on déclarait qu’il fallait s’assurer que ‘ce qui se trouvait à l’arrière de la boîte à images’ ne soit pas désespérément coûteux. Actuellement, l’on peut affirmer que regarder la télévision dans notre pays, tant analogique que numérique, s’avère être bon marché et figure même parmi les plus économiques au niveau européen. Quel est donc exactement le problème pour le consommateur? Avec des prix aussi bas, l’on peut quand même difficilement prétendre que le client paie trop par mois par rapport aux autres Européens?”

“Et affirmer encore qu’il faut réguler dans ces conditions, c’est vouloir prendre immédiatement les pires mesures. Une revente du câble analogique est-elle bien nécessaire? Nous pensons que non. Supposons que les autres opérateurs vendent la télévision analogique, cela signifierait que nous ne pourrions plus arrêter ce produit. Alors même qu’en Europe, tout le monde ne souhaite rien d’autre que l’élimination progressive de l’analogique, parce que cela permettrait de libérer de l’espace sur les réseaux indispensables, notamment celui de Telenet. Ce serait donc quelque chose de pervers que d’offrir le câble analogique à d’autres acteurs.”

Pour Sickinghe, nous sommes partis pour un long processus, dont seule la phase de consultation vient de démarrer. Une décision définitive pourrait être prise au plus tôt en septembre de l’année prochaine. “Cela a détourné notre attention d’autres choses. Nous allons nous y adapter. Je ne pense pas que ce sera à l’avantage du client…”

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