Une méga-amende infligée à la firme de reconnaissance faciale Clearview pour collecte illégale de données

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Michel van der Ven
Michel van der Ven Redacteur chez Data News.

Aux Pays-Bas, l’Autoriteit Persoonsgegevens (AP) a infligé une amende de 30,5 millions d’euros à la firme de reconnaissance faciale Clearview AI. Par ailleurs, l’entreprise américaine fait l’objet d’astreintes d’un montant maximum de 5 millions d’euros. Clearview a créé illégalement une base de données contenant des milliards de photos de visages, dont des images de Néerlandais et peut-être aussi de Belges.

Selon le régulateur, Clearview propose des moyens de reconnaissance faciale pour les services de renseignement et de détection. L’entreprise disposerait d’une base de données contenant plus de 30 milliards de photos de personnes. Elle exploiterait une technologie spéciale de grattage (scraping) pour les collecter sur internet, puis les convertir en un code biométrique unique par visage.

Tout cela se produit à l’insu des gens et sans leur consentement. Le président de l’AP, Aleid Wolfsen, prévient que cela est strictement interdit: ‘La reconnaissance faciale est une technologie très radicale qui ne peut tout simplement pas s’appliquer à tout le monde.’

Union européenne

La reconnaissance faciale ne peut être utilisée que dans des cas exceptionnels par les instances compétentes telles que la police. Clearview elle-même prétend ne fournir la technologie qu’à des services de renseignement et de détection en dehors de l’Union européenne, mais elle n’en a pas moins été discréditée à plusieurs reprises en Europe. En Belgique, par exemple, la police fédérale a été critiquée il y a quelques années, après qu’il s’est avéré que des employés titulaires d’une licence d’essai avaient effectué des recherches avec la technologie de Clearview.

Il est malaisé de déterminer combien de visages néerlandais et éventuellement belges sont inclus dans la base de données de Clearview. ‘Mais sur la base du nombre de visages que l’entreprise prétend avoir collectés, toute personne ayant des photos sur les réseaux sociaux pourrait supposer qu’elle figure dans la base de données de Clearview’, déclare le régulateur.

Responsabilité

L’Autoriteit Persoonsgegevens (AP) a ouvert une enquête sur Clearview AI après un signalement de la fondation néerlandaise Bits of Freedom, qui défend les droits civils numériques. Les régulateurs en France, en Italie et en Grèce ont également infligé à Clearview une amende de 20 millions d’euros chacune.

Selon l’AP, Clearview tente également de s’en sortir sans payer. La firme américaine n’a en tout cas pas du tout mis fin à ses infractions. Aux Etats-Unis, le régulateur examine actuellement s’il est possible d’engager la responsabilité personnelle de la direction de l’entreprise.

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