Des services de renseignements américains achètent massivement les données de citoyens
Un ex-rapport secret confirme que des services de renseignements américains achètent de grandes quantités de données commerciales, afin de passer en revue la vie des citoyens. Ces données sont en théorie anonymes, mais elles ne le sont en fait guère dans la pratique.
Voilà ce qu’on peut lire dans un rapport émanant de The Office of the Director of National Intelligence (ODNI). Ce rapport qui était secret, date de janvier 2022 et est à présent publié à la demande du sénateur américain Ron Wyden, qui soulève assez souvent des questions en matière de confidentialité.
Dans ce rapport, il est confirmé que différents services de renseignements et d’espionnage achètent aux Etats-Unis des informations commercialement disponibles à propos de citoyens américains. Il est entre autres question de données de véhicules connectés, de smartphones ou de comportements de navigation sur le net, selon Techcrunch. Le rapport, dont certaines parties ont été censurées, peut être téléchargé ici.
Plus compliqué en Europe
Le rapport affirme sans ambages que la plupart des Américains ne comprennent pas que ces données puissent être achetées, et que cela s’avère quasiment inévitable. Il nous faut ici apporter l’importante nuance, selon laquelle les Etats-Unis possède des lois nettement moins strictes en matière de collecte et de commerce des données. Cela ne signifie cependant pas que c’est impossible ou que tel n’est tout simplement pas le cas avec les données des citoyens européens, mais cela s’avère en tout cas plus compliqué notamment à cause du GDPR (RGPD en français).
C’est ainsi que le rapport signale aussi que certaines informations sont ‘générales’, ce qui fait que les services concernés en filtrent les données de localisation américaines. On ignore dans quelle mesure des données européennes sont concernées et ce qu’il advient des autres données. Il semble cependant évident que toute personne se trouvant physiquement aux Etats-Unis y génère des données susceptibles d’être vendues.
On ignore aussi quelles agences achètent précisément ces données. En théorie, il est chaque fois question d’informations rendues anonymes. Mais plusieurs études ont démontré ces dernières années qu’il s’agit souvent d’un principe tout relatif. Les données de localisation d’un téléphone sans le nom de quelqu’un semblent anonymes, mais si cet appareil se trouve 5 jours par semaine en journée dans un immeuble de bureaux et le soir à la maison, il n’est alors guère compliqué d’y attribuer un nom, puis de savoir où cette personne se rend. Dans le prolongement de ce qui précède, des chercheurs ont cette semaine encore montré combien la fonction ‘heatmap’ de l’application Strava permet assez aisément de retrouver l’adresse de quelqu’un.
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