Katty Verresen

Quota de femmes ou intérêt sincère

Katty Verresen Katty Verresen est Business Development Manager High Performance Workplace chez RealDolmen.

Ce n’est un secret pour personne que les femmes sont sous-représentées dans l’ICT. Pour l’ICT-Lady qui écrit ces lignes, le chemin n’a pas non plus été facile et s’est plutôt avéré un parcours du combattant, pardon… de la combattante.

Ma passion pour l’ICT a débuté relativement tôt. J’avais à peine 11 ans en effet, lorsque je découvris un PC pour la première fois. J’étais impressionnée par la machine et plus encore par les informaticiens de mon entourage (mon oncle, son neveu et un voisin) capables de s’en servir. Quand j’ai eu 16 ans, je pris la décision de m’orienter vers la gestion informatique.


Mais c’était aller à l’encontre du désir de ma titulaire de classe de l’époque. “L’ICT, ce n’est pas pour les filles”, me lança-t-elle de manière tranchée. Elle tenta donc par tous les moyens de me persuader de changer d’orientation. Mais en raison de mes bons résultats dans tout ce qui touchait de près ou de loin l’ICT, je trouvais que ses arguments ne tenaient pas vraiment la route, ce qui me conforta dans mon choix.


2 ans plus tard, j’optai de nouveau pour une formation ICT: technologies multimédia et de communication, avec une spécialisation en programmation à la Hogeschool West-Vlaanderen de Courtrai. Lorsque je débutai, il n’y avait que 10% de filles dans la classe.


Je garde surtout de bons souvenirs de cette époque, même si ici aussi, les préjugés n’étaient jamais loin. C’est ainsi que certains étudiants se complaisaient à répandre leurs idées discriminatoires dans le groupe. Il y avait même un professeur qui ne me laissait jamais répondre à ses questions. Pour lui en effet, ‘comment une femme peut-elle savoir cela?’. Mais ce même professeur changea progressivement d’opinion lui également pour finir même par s’excuser après un certain temps.


Comme j’obtenais de bonnes notes, les rires et l’incompréhension firent alors place à la jalousie. L’on sous-entendait que je devais mes bons résultats au fait que j’étais une fille et que je profitais en tant que telle d’une plus grande attention dans ce monde d’hommes. Quel préjugé! Et à présent dans la vie professionnelle, il est toujours tenace. Heureusement, il constitue plutôt l’exception que la règle, mais il a néanmoins fait en sorte que je ne suis pas une adepte de la discrimination positive.


Entre-temps, je suis passée de la fonction d’ERP Software Engineer à celle de Business Development Manager High Performance Workplace. Non pas parce que suis une femme, mais parce que j’ai travaillé dur pour y arriver. La satisfaction est d’autant plus grande quand l’on est conscient d’avoir atteint un but grâce à ses compétences et non pas du fait qu’on est une femme. Chaque fois que je consulte les listes électorales communales, je me demande aussi si c’est réellement préférable d’imposer 50% de femmes, ce qui oblige peut-être certains hommes compétents à céder leur place à des femmes un peu moins… mordues.


De même, le contingentement annoncé dans les conseils d’administration des entreprises cotées en Bourse ne me semble pas simple à obtenir dans le secteur ICT. Ceci dit, je regrette évidemment le fait que peu de femmes (quelque 30%) souhaitent faire carrière dans ce secteur et ce, à tous les niveaux.


Les efforts consentis par les ‘médias politiquement corrects’ et les mouvements féministes pourront-ils résoudre la question? Les quotas feront-ils en sorte que plus de femmes s’orienteront vers ce monde typiquement masculin? Ces actions n’ont en tout cas pas eu d’influence sur mes choix personnels.


J’ai plutôt été inspirée par des modèles de mon entourage. A commencer par des membres de ma famille, puis par quelques collègues enthousiastes. L’année dernière, j’ai rencontré aussi des femmes de grande qualité à l’occasion de ma participation à l’élection de la Young ICT Lady of the Year organisée par Data News, une fameuse source d’inspiration. Toutes ont atteint un but grâce à leurs compétences et leur ardeur, et non pas parce qu’elles sont des femmes.


Depuis peu, je suis coach à CoderDojo, une initiative magnifique de Martine Tempels visant à faire connaître l’ICT de manière agréable et créative aux enfants à partir de 7 ans. Le mercredi 25 avril, il y eut même un CoderDojo for Diva’s. 30 jeunes filles faisaient leurs premiers pas dans la programmation et étaient très fières de montrer, les yeux brillants, à leurs parents ce qu’elles avaient réalisé.


Secrètement, j’espère que certaines d’entre elles, tout comme moi, y auront pris goût. Qu’elles ne se laisseront pas décourager par les stéréotypes, qu’elles trouveront leur voie vers le monde fantastique de l’ICT et qu’elles pourront elles-mêmes servir d’exemples pour la prochaine génération d’ ICT-Ladies.

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