Qu’est-il arrivé aux dinosaures?
“Les produits n’ayant pas 20% de part de marché sont exclus”, avait fait accroire Mike Zafirovski, patron de Nortel, fin 2006. Un peu plus de deux années plus tard, voici que le géant télécom canadien est démantelé. Zafirovski, l’homme qui avait amené Motorola dans le top des fournisseurs de GSM avec l’incisif RaZor, n’est pas parvenu à sauver Nortel. Comment est-il possible qu’une entreprise de quasiment 115 ans d’âge disparaisse ainsi sans gloire? D’autres suivront-elles?
“Les produits n’ayant pas 20% de part de marché sont exclus”, avait fait accroire Mike Zafirovski, patron de Nortel, fin 2006. Un peu plus de deux années plus tard, voici que le géant télécom canadien est démantelé. Zafirovski, l’homme qui avait amené Motorola dans le top des fournisseurs de GSM avec l’incisif RaZor, n’est pas parvenu à sauver Nortel. Comment est-il possible qu’une entreprise de quasiment 115 ans d’âge disparaisse ainsi sans gloire? D’autres suivront-elles?
Tout visiteur des palais du salon Telecom Genève dans les années ’90, était réellement subjugué par la taille des stands des fournisseurs télécoms Alcatel, Lucent, Siemens, Ericsson, Motorola, Nortel,… Les clients y étaient amenés en avion, accueillis avec du champagne et guidés tout au long des salles d’exposition sur plusieurs étages. C’étaient des dizaines de millions EUR de commandes qui y étaient traités en quelques jours. Les marges étaient énormes.
Grâce à la libéralisation en 1998, les géants ont une fois encore été bichonnés avec l’arrivée d’innombrables nouveaux opérateurs. Nortel était du reste l’un des principaux fournisseurs de fibre et d’équipement optiques. Une technologie terriblement supérieure pour tous les acteurs d’ailleurs.
Quel a donc été le problème chez les dinosaures? Trop grands, ils se sont enlisés dans d’interminables réunions vaseuses. On pourrait s’étonner qu’aucun d’entre eux n’ait évalué l’arrivée envahissante du protocole internet. Jo Cornu, l’ex-COO d’Alcatel, avait encore déclaré au beau milieu des années ’90 à Paris que l’IP n’avait pas d’avenir. Il n’empêche que certains ingénieurs avaient déjà mis le doigt sur la plaie. Alors que les débats sans fin battaient leur plein sur les standards, des acteurs IT américains tirèrent complètement à eux la couverture sans la moindre gêne. C’est ainsi qu’un Lilliputien comme Cisco a fait entièrement sien le réseau IP et créé ses propres standards. L’entreprise réussit à s’approprier non seulement une grande part de marché, mais aussi de solides marges. L’arrivée de concurrents chinois accéléra encore la décadence des dinosaures. “Si vous ne faites pas partie du top trois des fournisseurs, la fin est proche”, déclarait John Goossens, à l’époque patron de Belgacom, à la fin des années ’90. Vingt pour cent de part de marché, c’est un minimum. Les dinosaures survivants sont prévenus.
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