Frank Neven
Programmer (quel que soit l’âge du jeune), c’est branché, sans pour autant être une vogue
Apprendre à programmer revêt une valeur d’instruction générale et s’avère utile pour se préparer à un monde numérique en évolution fulgurante. Mais ‘programmer’ dans le programme éducatif n’a de sens que si cela s’imbrique dans le contexte plus large des sciences informatiques. En outre, notre économie de la connaissance profite aussi d’un pool de jeunes talents capables de surfer sur la vague du progrès technologique.
D’un récent rapport, il apparaît que la programmation occupe actuellement une place de choix dans le programme éducatif dans douze pays européens. Et sept autres envisagent d’en faire autant. L’on pointe parfois ici des arguments économiques et l’on évoque la carence de programmeurs. Mais ce ne sont certainement pas les principales raisons pour reprendre la programmation dans le programme éducatif. Programmer dans l’enseignement n’est pas un but en soi. L’objectif ne peut en effet pas être de former tout un chacun au métier de programmeur – je ne vois même pas comment cela serait possible. Programmer revêt plutôt un caractère d’instruction générale. C’est un moyen d’apprendre à penser de manière ‘computationnelle’. Même s’il y a une relation avec la réflexion logique et critique, penser de manière ‘computationnelle’ constitue une compétence en tant que telle. C’est formuler des solutions et ce, d’une façon telle qu’elles soient graduellement exécutables, soit par une personne, soit par un appareil. Vu l’importance croissante de l’utilisation créatrice de l’ICT tant dans le contexte professionnel que privé, la pensé ‘computationnelle’ est pertinente pour pouvoir savoir ce qui est possible avec le software. Programmer, c’est en d’autres mots aussi un moyen important de comprendre le fonctionnement des systèmes numériques. La technologie et le software changent très vite, mais les principes fondamentaux sur lesquels ils se basent, restent majoritairement les mêmes.
L’objectif ne peut en effet pas être de former tout un chacun au métier de programmeur.
Dans un certain nombre de pays européens, dont la Grande-Bretagne, l’enseignement mise pleinement sur la préparation des jeunes au monde numérique en évolution rapide. Non seulement en leur apprenant à travailler avec la technologie actuelle, mais aussi en les initiant aux principes qui sont à la base de ce monde numérique. Il s’agit entre autres de les familiariser avec les algorithmes, la connaissance fondamentale de l’information numérique et le fonctionnement des ordinateurs et réseaux informatiques au niveau conceptuel. Tout cela évidemment en adéquation avec l’âge et le niveau de développement du jeune. Cette matière ‘computer science’ (‘sciences informatiques’) serait dispensée de l’école primaire à l’école secondaire incluse!
Le rapport auquel je me référais précédemment, indiquait que la Flandre envisage de reprendre aussi la programmation dans l’enseignement obligatoire à partir de l’école primaire. Ce n’est là une bonne idée que si cela se passe dans le contexte plus large d’un apprentissage des sciences informatiques. Ce n’est qu’ainsi que l’on pourra donner aux jeunes une connaissance et des compétences suffisantes pour prendre part de manière active et responsable à la société de l’information.
Et ce n’est pas tout. Si la Flandre veut continuer de se profiler comme une économie de la connaissance, elle doit aussi veiller à ce que suffisamment de jeunes soient capables – et motivés – d’assurer le progrès technologique. Car le progrès dans la science, mais aussi dans la technologie, va aujourd’hui de pair avec le progrès dans les sciences informatiques. Pensons à la biologie, aux sciences de la vie et à la médecine, où de nouvelles notions se développent grâce à l’analyse de grandes quantités de données sur base de nouveaux algorithmes. Ou au succès de Google, qui – surtout au début – ne reposait pas sur du hardware plus rapide, mais sur de meilleurs algorithmes. Pour un futur chercheur ou ingénieur, il est donc important d’avoir une vision de la science qui déclenchera une révolution dans sa discipline. Voilà précisément pourquoi les jeunes avec un profil STEM (Science – Technology – Engineering – Mathematics) dans les deuxième et troisième degrés de l’enseignement secondaire doivent aussi pouvoir choisir les sciences informatiques.
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