Au début de cette année, le monde de l’open source était dans la tourmente, lorsqu’il s’est avéré qu’un développeur avait délibérément cassé son code. Il voulait protester contre le fait que les grandes entreprises réalisent un profit substantiel basé sur le travail que la communauté open source fournit gratuitement. Il n’y a pas de véritable révolution pour l’instant, mais cela soulève évidemment des questions. N’est-il pas temps pour un nouveau système et est-il toujours éthiquement justifié d’utiliser du code gratuitement?
L’open source est un moyen puissant et ingénieux de laisser le monde entier surfer sur des logiciels bien développés. Cela signifie qu’en tant que développeur, vous rendez votre code source disponible via une plate-forme, afin que la communauté puisse commencer à l’utiliser. De cette façon, les autres développeurs peuvent non seulement examiner et valider le code, mais aussi y apporter des améliorations. Pour les utilisateurs, cela comporte bien sûr des risques. Après tout, personne ne peut garantir que le code proposé fonctionnera, surtout si un progiciel ou une bibliothèque open source n’a pas encore été examiné par l’ensemble de la communauté.
Un autre écueil est le fait qu’il y a tout simplement plus de consommateurs que de producteurs d’open source. Si ces consommateurs demandent à actualiser le code, il y aura toujours des volontaires qui le feront pendant leur temps libre. Gratuitement. Or cela s’est avéré être une pierre d’achoppement pour un développeur qui s’est délibérément débarrassé de son propre code au début du mois de janvier 2022. Il n’acceptait pas que de grandes entreprises gagnent beaucoup d’argent, sans rien donner en retour à la communauté.
Conséquences pour la science des données
Bien que l’argument du développeur susmentionné soit tout à fait compréhensible, l’impact de son action de protestation ne peut être sous-estimé. Dans ce cas, la portée s’étendait à des milliers de projets qui utilisaient le code. L’accent était principalement mis sur le développement d’applications web, de sorte que l’incident n’a eu aucune conséquence sur la science des données. Néanmoins, il nous faut prendre conscience que cela peut être un signe avant-coureur d’un problème plus grave, en particulier dans les entreprises qui basent de plus en plus leurs décisions sur ce type de modèles. Même un modèle existant élaboré dans une ancienne variante d’un progiciel open source peut toujours être affecté, s’il est exécuté dans une version plus récente.
La communauté open source bénéficierait également d’une plate-forme permettant aux entreprises de récompenser les développeurs pour leur précieux travail.
Comment une organisation peut-elle s’y préparer? Dans le contexte des modèles existants, cela montre une fois de plus à quel point il est important de faire de la gestion de modèles. Cela signifie qu’il faut contrôler constamment les modèles qui sont déjà en production pour voir s’ils font toujours ce qu’ils sont censés faire. En outre, on peut se demander si les entreprises d’aujourd’hui veulent encore compter à 100% sur la validation gratuite par la communauté. Sas, par exemple, paie les développeurs et peut ainsi offrir une garantie de qualité et une certification du code. Ceci est crucial pour les industries régularisées, telles que le secteur de la santé, dans lesquelles le code doit toujours être validé.
La valeur ajoutée de l’open source pour la société reste indéniable, bien sûr, mais il faut se rendre compte que tout ne peut pas être rose. Tant la communauté que le monde des affaires ont donc tout intérêt à se regarder dans le miroir pour l’avenir…
Spotify pour l’open source
En 2022, est-il toujours éthique d’engranger du profit avec du code que vous, en tant qu’organisation, pouvez utiliser gratuitement? Ou devrait-il y avoir un incitatif qui réponde quelque peu aux frustrations de certains développeurs? Et à l’inverse: convient-il pour la communauté open source de se contenter d’offrir du code gratuitement? Il ne faut pas perdre de vue que le système provient en fait du milieu universitaire, où les chercheurs échangeaient leurs codes entre eux. Ce qui débuta à très petite échelle, s’est maintenant tellement étendu que le monde entier tourne sur du code écrit en open source.
Une autre question se pose alors: de qui doit venir l’initiative? Peut-être y a-t-il le besoin d’un concept comme Spotify, qui a déclenché une véritable révolution pour le monde de la musique. Il y a plus de dix ans, la musique était téléchargée illégalement sans que les artistes ne reçoivent de compensation. Grâce à Spotify, ils sont désormais rétribués chaque fois qu’un utilisateur joue l’une de leurs chansons. La communauté open source bénéficierait également d’une plate-forme permettant aux entreprises de récompenser les développeurs pour leur précieux travail. Il peut y avoir une opportunité ici pour des plates-formes comme GitHub qui distribuent du code, mais les développeurs ne donnent rien en retour aujourd’hui.
Bien sûr, un changement de mentalité sera également nécessaire avant que les organisations soient disposées à payer pour quelque chose qu’elles utilisent gratuitement depuis si longtemps. Mais tout comme pour les mélomanes qui écoutent leurs artistes préférés via Spotify, cela peut représenter un relativement petit pas pour le monde des affaires si le coût reste limité. En fin de compte, on peut également s’attendre à ce que les organisations soient ouvertes à un tel système. Si tel n’est pas le cas, elles ne réaliseront tout simplement pas qu’elles récolteront du succès sur la base d’un travail dans lequel d’autres personnes auront mis beaucoup d’énergie. Et ce n’est pas ainsi que fonctionne notre économie, n’est-ce pas?
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