Pourquoi Facebook s’empare-t-elle de WhatsApp?
Facebook débourse 19 milliards de dollars pour acquérir l’appli de social messaging WhatsApp bien connue. Il s’agit là d’un montant énorme pour une petite entreprise de 50 personnes. Mais ce rachat fera de Facebook un acteur de premier plan sur le marché mobile.
Facebook débourse 19 milliards de dollars pour acquérir l’appli de social messaging WhatsApp bien connue. Il s’agit là d’un montant énorme pour une petite entreprise de 50 personnes. Mais ce rachat fera de Facebook un acteur de premier plan sur le marché mobile. Chaque jour, 21 milliards de textos sont envoyés de par le monde. Cela peut paraître beaucoup, mais cela ne représente même pas la moitié des 50 milliards de messages WhatsApp qui se retrouvent quotidiennement sur internet (par 450 millions d’utilisateurs). Dans des pays comme l’Inde et le Mexique, l’appli de communication populaire possède une part de marché de quasiment 100 pour cent dans le segment de la messagerie sociale.
Même si Facebook Messenger, la variante de WhatsApp, gagne aussi en popularité, Zuckerberg a pris conscience qu’il ne pourrait égaler la croissance rapide de son concurrent. Cela fait donc un petit temps déjà que Facebook tente d’engloutir WhatsApp, mais son fondateur de 37 ans, Jan Koum, a toujours refusé les offres. Jusqu’à cette dernière qu’il ne pouvait décemment plus rejeter.
L’on pourrait à juste titre se demander comment WhatsApp pourra jamais amortir ces 19 milliards de dollars, mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Le fait est que Mark Zuckerberg obtient ainsi une position nettement plus forte sur le marché mobile.
En messagerie sociale, Facebook devient même à présent le leader incontesté du marché, et tout semble indiquer qu’il n’est pas prêt à céder cette position. S’il est une appli qui a le potentiel pour dépasser, tout comme Facebook d’ailleurs, le milliard d’utilisateurs, c’est en effet bien WhatsApp qui accueille actuellement pas moins d’1 million d’utilisateurs en plus chaque jour.
Carnet d’adresses Facebook n’achète évidemment pas qu’une appli de messagerie populaire. Le principal réseau social au monde met en effet aussi la main sur le carnet d’adresses comptant 450 millions d’utilisateurs et leurs numéros de téléphone.
Ce n’est pas négligeable car ne sont-ce pas les numéros de téléphone qui manquent encore souvent sur les pages de profil de Facebook? L’accès à ces numéros forme un ‘pont’ essentiel entre les mondes online et offline, ce que Zuck ne sait que trop bien, et bien sûr, Facebook est également en concurrence avec Google pour mieux identifier l’utilisateur d’internet.
En outre, ce rachat s’inscrit parfaitement da ns l’approche mobile first que Facebook véhicule depuis un petit temps déjà, ainsi que dans la stratégie de lancer en dehors de Facebook toujours plus d’applis autonomes. L’engloutissement d’Instagram a été une première démarche dans ce sens, et la création de l’agrégat de nouvelles Facebook Paper en a été une autre.
Ce n’est pas pour rien qu’à l’occasion du 10ème anniversaire de son réseau, Mark a annoncé que l’avenir de Facebook se trouvait peut-être en dehors de Facebook même.
Opérateurs Enfin, et c’est peut-être ce qui est le plus important encore, Facebook va ainsi mettre de sérieux bâtons dans les roues de nos opérateurs mobiles.
Même si des entreprises comme Belgacom, Mobistar (avec la variante WhatsApp ‘Libon’) et KPN (Base lancera cette année encore un clone personnel) se préparent à l’après-SMS, des acteurs américains surtout, tels Facebook, Snapchat et dans une moindre mesure Microsoft (Skype), y réagissent avec succès. Dans ce sens, tout semble indiquer que Facebook risque de menacer un futur flux de rentrées pour nos opérateurs.
Les Belgacom et Mobistar espèrent effet tous qu’ils pourront compenser la perte des revenus tirés des SMS et de la téléphonie au moyen de services en ligne (payants ou non) de type WhatsApp. Le hic, c’est de savoir qui va encore bien utiliser Libon ou une variante de Belgacom, si tout le monde recourt depuis longtemps déjà à Facebook Messenger et à WhatsApp?
En Belgique, le segment de la messagerie sociale progresse moins vite que dans les pays voisins, parce que nous sommes submergés de textos gratuits, mais quiconque croit que notre pays sera aussi protégé à plus long terme contre le puissant Facebook, fait fausse route.
Opportunité En tout cas, Mark Zuckerberg a vu une opportunité intéressante sur le marché mobile et il l’a bel et bien saisie. Ovum prévoit que d’ici la fin de cette année, 69 trillions de messages seront envoyés par 1,8 milliard de personnes dans le monde.
Le marché de la messagerie sociale est donc en train de croître de manière explosive, et Facebook prend donc très au sérieux l’après-SMS.
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