Non, 400 millions d’appareils Windows n’ont pas disparu (contrairement à la marge de croissance)

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Pieterjan Van Leemputten

Un article de blog de Microsoft semblait suggérer que le nombre d’appareils Windows a chuté de près d’un tiers en l’espace de quelques années. Si le chiffre est incorrect, il est vrai que l’apogée de Windows sur le marché grand public est bel et bien révolue.

Le support de Windows 10 prendra fin en octobre. Les utilisateurs auront toutefois la possibilité de bénéficier d’un an de prolongation sous conditions, a indiqué Microsoft la semaine dernière dans un article de blog. Ce dernier rapportait un chiffre d’un milliard d’appareils Windows actifs.

Au vu du chiffre de 1,4 milliard d’appareils communiqué en 2022 par Microsoft (et 1,3 milliard en 2021), cela laissait entendre qu’après le pic durant les années de Covid, de nombreux PC n’avaient pas été remplacés. Mais depuis la publication de ces articles, Microsoft a corrigé le chiffre à 1,4 milliard.

Légère baisse par rapport à Mac

Il n’y a donc pas 400 millions de PC Windows de moins qu’il y a trois ans, mais il est peu probable que ce chiffre connaisse une forte augmentation. En réalité, Windows perd lentement des parts de marché depuis plus de 15 ans.

Selon les chiffres de Statcounter, Microsoft détenait encore 75,5% de part de marché sur les PC début 2022. Début 2009, le plus ancien point de mesure chez Statcounter, ce chiffre atteignait même 95,39%. Aujourd’hui, il est de 70,14%.

Forte baisse par rapport à Android

Si l’on s’en tient aux chiffres, Microsoft semble surtout perdre des parts de marché au profit de Mac, qui n’a cessé d’en gagner depuis 2009. Mais la réalité est que, pour bon nombre d’utilisateurs, les smartphones et les tablettes ont détrôné l’ordinateur comme appareil principal

À en croire les chiffres de Statcounter pour les ordinateurs, les smartphones et les tablettes, Windows détient aujourd’hui une part de marché de 24,73%, contre 47,67% pour Android et 16,86% pour iOS.

Statcounter ne donne toutefois pas de chiffres absolus. Les pourcentages ne précisent pas si le nombre d’appareils Windows a réellement diminué ou s’il se maintient à 1,4 milliard depuis plusieurs années. Mais à l’heure où l’utilisation de plusieurs appareils numériques se généralise, Windows (et l’ordinateur en général) est sur le déclin.

La fin du règne du PC

La tendance à la stagnation ne date pas d’hier. Dans les années 1990, le PC a fait son entrée dans les foyers. Dans les années 2000, chaque membre de la famille disposait de son propre PC dans de nombreux foyers occidentaux. L’essor et l’évolution des smartphones et des tablettes au cours des 15 dernières années ont changé la donne.

Aujourd’hui, on peut effectuer toute une série de tâches depuis n’importe quel navigateur sur un PC, un Chromebook, un appareil Android, un Mac ou un smartphone. Il y a 15 ans, cela nécessitait souvent des applications distinctes, fonctionnant principalement sous Windows.

Cette évolution était en marche depuis un certain temps déjà. En 2017, Gartner faisait état de la plus mauvaise année pour les PC depuis une décennie. Mais la tendance s’est inversée pendant la pandémie de Covid : début 2021, l’analyste de marché parlait même des meilleures ventes enregistrées en dix ans. Le marché avait alors connu une croissance de 10,7%, porté par le télétravail et l’enseignement à distance : plusieurs membres d’un même foyer avaient besoin d’un ordinateur en même temps. Mais ce besoin était temporaire. En réalité, le marché des PC était déjà en perte de vitesse.

Même s’il ne s’agit donc pas d’une perte de 400 millions d’appareils, comme semblait le laisser entendre l’article blog de Microsoft, la réalité est que le marché a bel et bien cessé de croître. Dès 2023, il était apparu clairement que l’élan provoqué par la crise du Covid ne s’inscrirait pas dans la durée.

Une part inférieure à Office

Chez Microsoft, Windows n’est plus la principale source de revenus depuis longtemps. Même si le chiffre d’affaires a augmenté de 8% en 2024, Windows représente ‘seulement’ 9,48% du chiffre d’affaires, un pourcentage du même ordre de grandeur que celui du gaming (8,77%).

À titre de comparaison: les produits Office et les services cloud associés génèrent 22,39% du chiffre d’affaires. Tout ce qui a trait à Azure représente 39,87% du chiffre d’affaires, soit un peu moins de 98 milliards de dollars. Cette division domine donc largement les recettes de l’entreprise.

Si, au final, peu d’utilisateurs abandonnent Windows, ils achètent désormais plus souvent un deuxième, troisième ou même quatrième appareil fonctionnant avec un système autre que Windows. Ainsi, si Windows était autrefois son fleuron, Microsoft tire aujourd’hui davantage de revenus d’autres produits et services.

Des prolongations pour retenir les utilisateurs?

La question est de savoir si ce chiffre restera plus ou moins stable dans les années à venir maintenant que Microsoft cessera de prendre en charge les PC sous Windows 10 à partir de la mi-octobre. La mise à niveau vers Windows 11 est gratuite, mais ce système d’exploitation ne fonctionne pas sur les anciens PC, notamment ceux dépourvus d’un module TPM.

Auparavant, une nouvelle version de Windows générait un pic de ventes. Mais en 2025, il se pourrait que cette transition forcée entraîne au contraire une baisse du nombre d’appareils Windows actifs, car les utilisateurs ne sont plus forcément contraints de remplacer un vieil ordinateur.

C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles Microsoft offre un an de support gratuit supplémentaire, sous certaines conditions. Sans quoi l’entreprise risquerait de perdre des utilisateurs de Windows, bien qu’à une échelle probablement moindre que 400 millions d’appareils.

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