X ferme son bureau brésilien suite à un litige avec un juge suprême

© Beata Zawrzel/NurPhoto via Getty Images
Pieterjan Van Leemputten

X, anciennement Twitter, a fermé son bureau au Brésil avec effet immédiat. La plate-forme déclare avoir agi ainsi après avoir été menacée par un juge, même si dans la pratique, l’affaire est quelque peu plus nuancée que cela.

X a été invitée à plusieurs reprises au Brésil à bloquer certains comptes et ce, afin que le juge en question, Alexandre de Moraes, puisse les examiner, mais X a refusé d’obtempérer.

Ces comptes eux-mêmes ont une tournure politique. Il s’agit en effet principalement de comptes accusés de diffuser des fausses nouvelles et des messages de haine et de soutenir l’ancien président d’extrême droite, Jair Bolsanaro.

En raison du refus, le juge annonce à présent des astreintes et l’intention d’arrêter le représentant légal de X dans le pays, si l’entreprise ne se conforme pas à ses décisions.

X affirme pour sa part que son personnel local n’a ni responsabilité ni contrôle sur ce qui est bloqué sur la plate-forme. ‘Moraes a choisi de menacer notre personnel au Brésil plutôt que de respecter la loi ou une procédure régulière’, déclare-t-on du côté du compte Global Government Affairs de X sur sa plate-forme.

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‘En conséquence et pour assurer la sécurité de nos collaborateurs, nous avons décidé de suspendre immédiatement nos opérations au Brésil.’ Cette suspension signifie surtout la fermeture de la filiale de X dans le pays. L’appli ou le site web restent cependant actuellement disponibles pour les Brésiliens.

La Cour suprême brésilienne a refusé de répondre à l’agence Reuters à propos de cette affaire. Elle ne confirme ni ne nie non plus si les affirmations de X et les documents partagés qui auraient été signés par Moraes, sont authentiques. On peut cependant déduire du ton utilisé par X que l’entreprise cible personnellement le juge pour ses décisions visant à forcer X à fermer certains comptes.

Musk lui-même visé

L’attaque contre Moraes doit également être nuancée. Le juge avait en effet également ouvert une enquête sur Musk lui-même après ses déclarations visant à réactiver des comptes sur X, même s’ils avaient été précédemment bloqués par un juge.

Musk affirme maintenant que les exigences du juge ‘nous obligeraient à enfreindre (secrètement) le droit brésilien, argentin, américain et international’. Pour être clair, il s’agit là principalement d’une réflexion de Musk. Un juge peut en effet décider de restreindre ou d’interdire certains canaux numériques.

En raison du litige, Musk n’hésite pas à critiquer et à se moquer du juge en question. C’est ainsi qu’il le compare au méchant Voldemort dans Harry Potter. De telles attaques personnelles de sa part ne sont pas non plus nouvelles. Il y a quelques années, il s’en était en effet pris frontalement à de jeunes Thaïlandais coincés dans une grotte. Musk avait à l’époque proposé un mini-sous-marin, mais un responsable de l’opération de sauvetage avait refusé l’aide et l’avait qualifiée de coup de pub, après quoi Musk, sans aucune raison objective, l’avait traité de pédophile. Musk s’était ensuite excusé pour avoir tenu de tels propos, mais avait dans la foulée obtenu raison dans un procès intenté contre lui pour diffamation suite à cette déclaration.

Pas de problème en Turquie

De plus, X et Musk ne sont pas cohérents dans leurs décisions. Début 2023, X (alors connue sous l’appellation Twitter) avait limité la visibilité de certains tweets en Turquie à la demande du gouvernement turc, juste avant les élections présidentielles. Il s’agissait spécifiquement de comptes se montrant critiques à l’égard du gouvernement turc.

Musk avait à l’époque défendu cette prise de position en affirmant qu’il s’agissait d’un choix entre une restriction partielle ou un blocage complet. Selon lui, le blocage au Brésil est ‘une honte pour la justice’, alors que des actions similaires en Turquie ne posent aucun problème à X et à son propriétaire.

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