Un régulateur belge: ‘Le porno a beau jeu sur Twitter’

© Getty Images
Pieterjan Van Leemputten

Le régulateur francophone des médias, le CSA, a examiné dans quelle mesure la pornographie sur X (Twitter) est accessible gratuitement aux mineurs. Il conclut que la plate-forme en fait vraiment trop peu dans ce domaine.

Une enquête singulière réalisée par un régulateur francophone, à savoir le conseil supérieur de l’audiovisuel: il a identifié des milliers de comptes potentiellement problématiques pour la diffusion de contenu pornographique entre début septembre et le 11 décembre.

Aucune vérification de l’âge

Le problème ne réside pas tant dans les comptes proposant trop de nu ou étant trop explicites, mais plutôt dans le fait que X, anciennement connu sous le nom de Twitter, rend également ces comptes accessibles gratuitement aux mineurs, sans aucune vérification de l’âge. Et ce, alors que Twitter, en tant que grande plate-forme, relève du Digital Services Act (DSA), une loi européenne qui impose des règles supplémentaires à ce genre de plates-formes.

L’enquête a utilisé l’IA pour identifier près de cinq mille comptes potentiellement problématiques. Par ailleurs, 1.014 d’entre eux ont été contrôlées manuellement par le CSA lui-même, dont 908, soit 89 pour cent, étaient clairement pornographiques.

L’origine géographique de la plupart d’entre eux, 98 pour cent, n’a pu être déterminée, mais quatorze comptes proviendraient de Belgique francophone, soit un total de 75 comptes liés les uns aux autres et axés presqu’exclusivement sur la diffusion de contenus pornographiques. Cela peut paraître anodin sur une plate-forme mondiale, mais cela relève en tout cas de la compétence du CSA, selon le régulateur.

Amateurs et professionnels

Le CSA signale dans sa communication qu’il s’agit principalement de brèves vidéos comportant des actes sexuels explicites, ‘sans histoire’. Le CSA distingue deux types de comptes: les comptes amateurs qui partagent du contenu sans viser de revenus, et les comptes professionnels qui servent généralement de vitrine, par exemple, à un compte OnlyFans ou à d’autres services à connotation sexuelle.

Le régulateur francophone des médias n’est en soi pas opposé à de tels comptes, mais souligne qu’ils constituent une violation du Digital Services Act, précisément parce qu’ils sont librement accessibles aux mineurs sur la plate-forme. X ne vérifie actuellement pas l’âge, et c’est aux comptes eux-mêmes qu’il appartient de marquer les images comme explicites. 

Dans le même temps, X ne fait pas grand-chose si un contenu trop explicite est signalé. Seuls dix pour cent de ces contenus seraient visionnés par des modérateurs. Or le CSA estime que la suppression de ces comptes limiterait, voire arrêterait le flux global de matériel pornographique vers les mineurs.

Messages haineux

Enfin, en marge de ses recherches, le régulateur affirme que c’est la première fois qu’il utilise l’intelligence artificielle pour enquêter sur un tel sujet. Il a en effet eu recours à KIVI, un outil de la société allemande Condat.

L’ambition du CSA est d’utiliser davantage cet outil pour surveiller les grandes plates-formes et, à terme, identifier d’autres problèmes, comme la propagation de messages haineux.

Conséquences

On ne sait pas exactement quelles seront les prochaines étapes. Le CSA a maintenant déterminé que X enfreint les règles du DSA. Cette loi est en vigueur depuis l’année dernière, mais moyennant une phase de transition, pour qu’elle soit effectivement appliquée à partir du 17 février.

Si les régulateurs locaux constatent que de grandes plates-formes, telles que X ou Meta, ne respectent pas les règles, cela pourrait entraîner des amendes. Etant donné que X modère à peine les comptes non-anglophones, il y a de fortes chances que des infractions similaires soient constatées à l’avenir.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire