Meta remplace son chef stratégique Nick Clegg par un partisan de Trump
Nick Clegg quitte son poste de president of global affairs chez Meta après plus de six ans. L’homme qui avait dû justifier les scandales de l’entreprise, s’en va juste avant le début du nouveau mandat de Trump. Son successeur est une voix conservatrice au sein de Meta.
Clegg avait rejoint l’entreprise en octobre 2018. Il s’agissait là d’une arrivée étonnante à l’époque. Le Britannique fut en effet précédemment vice-premier ministre du gouvernement britannique Cameron de 2010 à 2015. De 2007 à mi-2015, il fut également chef du parti libéral-démocrate en Grande-Bretagne. Il déménagea ensuite aux Etats-Unis, où il devint vicepresident global affairs and communication chez Meta (à l’époque encore Facebook). En 2022, il fut nommé president global affairs de l’entreprise.
‘En ce début d’année, je vois que le moment est venu de quitter ma fonction de president global affairs chez Meta’, a déclaré Clegg dans un message d’adieu publié sur X. Il décrit ses années au sein de l’entreprise comme ‘l’aventure d’une vie’ et souligne que l’innovation peut aller de pair avec une transparence et une responsabilité accrues.
Un successeur conservateur
Le fait que Clegg démissionne trois semaines avant que Donald Trump ne redevienne président des Etats-Unis, ne semble pas être fortuit. Il sera remplacé par Joël Kaplan. Or Kaplan a travaillé à la Maison Blanche sous le président Bush, notamment en tant qu’assistant politique. En 2011, il fut recruté par Facebook comme vicepresident public policy pour les Etats-Unis, précisément pour améliorer les relations avec les Républicains.
Durant le premier mandat de Trump, Kaplan fut une voix de la droite sur Facebook. Il fit modifier l’algorithme de Facebook, parce qu’il estimait qu’il désavantageait les messages républicains. Kaplan a également soutenu la nomination de Brett Kavanaugh au poste de juge suprême au moment où il était accusé de viol.
Dans l’ensemble, il semble donc que le départ de Clegg ne soit pas si spontané, mais se produise sous la pression de Meta elle-même en vue de le remplacer par quelqu’un ayant de bonnes relations avec les Républicains et Trump.
Meta a tiré des leçons de Musk
Ce dernier point est essentiel pour maintenir l’entreprise à l’écart des eaux turbulentes. Durant le premier mandat de Trump, les relations avec Facebook/Meta avaient été très mouvementées. C’est ainsi que l’entreprise supprima par exemple des messages du président de l’époque concernant le Covid-19, parce qu’ils allaient à l’encontre de la politique de désinformation. Début 2021, ses comptes Facebook et Instagram avaient également été suspendus par l’entreprise, au lendemain de l’échec du coup d’état des partisans de Trump.
Mais entre-temps, quatre années se sont écoulées, et Trump redevient président avec, à ses côtés, l’entrepreneur technologique Elon Musk. Musk a beaucoup parié sur Trump, a fait campagne avec lui et a distribué des millions à ceux qui promettaient de voter pour lui. Musk est récompensé pour ce qu’il a fait, puisque Jared Isaacman, le futur directeur de la NASA, est un homme qui entretient des liens étroits avec Musk.
Meta se rend compte qu’elle n’a guère d’autre choix que de s’attirer les bonnes grâces de Trump, si elle veut traverser sereinement les quatre prochaines années. Avant la réélection, le fondateur et CEO Mark Zuckerberg avait pourtant annoncé qu’il ne soutiendrait aucun des candidats à ces élections. Le mois dernier, on apprenait cependant que son entreprise ferait don d’un million de dollars à un fonds d’investiture de Trump, suite à un dîner entre les deux hommes en novembre.
Dans l’ensemble, il semble que Meta ait tiré des leçons du pari d’Elon Musk et se rende compte qu’il vaut mieux se montrer cool avec Trump. L’alternative est, au mieux, d’être réprimandé par Trump, mais probablement aussi de se heurter à l’opposition de l’homme qui dirigera les Etats-Unis. A l’heure où Meta est impliquée dans la course à l’IA avec le reste du secteur technologique, y compris Grok d’Elon Musk, ce n’est pas une bataille qu’elle peut se permettre.
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