Meta ne s’oppose plus à la désinformation aux Etats-Unis

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Pieterjan Van Leemputten

L’entreprise à l’origine de Facebook et d’Instagram a également arrêté son système visant à limiter la propagation de fausses nouvelles après avoir déjà interrompu la vérification des faits (factchecking) aux Etats-Unis.

La semaine dernière, Meta a annoncé qu’elle ne collaborerait plus avec des vérificateurs de faits aux Etats-Unis. A l’entendre, leur travail était souvent biaisé, même si Meta ne s’en est jamais plainte officiellement ces dernières années. Aujourd’hui, elle va encore plus loin en adaptant son système de limitation interne.

Selon les sources avec lesquelles le site Platformer s’est entretenu, en plus d’un document interne qu’il a pu consulter, Meta a arrêté un système interne censé interrompre ou limiter les fausses nouvelles. Et ce, uniquement aux Etats-Unis, à notre connaissance.

Ce système s’est développé ces dernières années et était chargé de détecter les messages fortement susceptibles d’être des faux, souvent dans l’attente d’une vérification des faits qui prenait parfois plusieurs jours. Il exploitait l’apprentissage machine pour évaluer le contenu, comme par exemple s’il avait été partagé par une page propageant souvent de fausses nouvelles, ou dont les utilisateurs remettaient en question l’authenticité dans leurs commentaires.

Il en résulta que Meta parvint à limiter la visibilité de certains messages avant même qu’un jugement étayé ne soit émis à leur sujet, ou sans l’intervention de modérateurs humains. Ces messages n’ont jamais été supprimés, mais le système limita les risques qu’ils deviennent viraux et que Meta leur donne plus de visibilité via son propre algorithme.

Cela arriva régulièrement à l’approche des élections américaines de 2016, lorsque Donald Trump a été élu pour la première fois. Il est devenu clair par la suite qu’il y eut de nombreuses tentatives de manipulation au moyen de faux messages. Ces derniers faisaient régulièrement l’objet d’une visibilité supplémentaire de la part de Facebook elle-même. Cela a valu à l’entreprise de nombreuses critiques, après quoi elle décida de s’opposer plus fermement à la manipulation des élections et de se concentrer sur la lutte contre les contenus préjudiciables et les mensonges.

Le retour de Donald Trump fait maintenant virer l’entreprise à 180 degrés. Soudainement, Meta estime que les vérificateurs de faits sont biaisés et exercent une censure. Ce qui ne manque pas d’étonner, c’est que tel n’est le cas qu’aux Etats-Unis, car ailleurs, la collaboration se poursuit. Par ailleurs, c’est également Meta qui décide, et non les vérificateurs de faits, de supprimer des publications ou de les rendre moins visibles. Ici, c’est la politique même de Meta qui prête à la critique, et l’entreprise tente à présent d’incriminer d’autres acteurs.

Le dénigrement des LGBTQ de nouveau accepté

La même semaine, l’entreprise a également clairement indiqué qu’elle mettrait fin aux mesures de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI) dans le pays. Cela signifie que l’entreprise tiendra moins compte de la diversité dans le recrutement, entre autres. Les attaques verbales contre la communauté LGBTQI ne seront plus non plus considérées comme une infraction sur la plate-forme.

Il est également singulier de constater que Meta agite le drapeau de la liberté d’expression de manière très unilatérale. Libre aux utilisateurs de débiter des absurdités factuelles et de répandre des informations nocives. Parallèlement, la vue de la poitrine d’une femme s’avère aller encore trop loin pour la firme américaine. Le caricaturiste Lectrr, qui dessine entre autres pour Data News, a également vu deux de ses caricatures disparaître la semaine dernière. On peut supposer que cela est dû à une campagne de diffamation contre lui, qui a provoqué une diffusion massive de messages dénonciateurs. Il semble donc que Meta intervienne dorénavant surtout ou pas en fonction de ce qui lui convient politiquement.

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