Meta ne peut faire payer les utilisateurs pour des raisons de confidentialité

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Els Bellens

Les firmes de médias sociaux, telles que Facebook et Instagram, ne peuvent pas obliger leurs utilisateurs à se faire suivre en ligne en échange d’un accès à ces plates-formes. Voilà ce qu’affirme l’European Data Protection Board (EDPD), qui regroupe les régulateurs européens des données.

Les régulateurs estiment que les plates-formes doivent également offrir aux utilisateurs une option gratuite par laquelle ils ne peuvent être pistés que de manière limitée. Ce conseil est prodigué, après que Meta a lancé un abonnement payant pour Facebook et Instagram à la fin de l’année dernière. En échange de ce paiement, l’entreprise ne diffuserait plus de publicités.

Ce faisant, Meta semblait vouloir se conformer à la législation européenne sur la confidentialité, qui stipule que les utilisateurs doivent avoir le choix et pouvoir consentir effectivement à ce qui arrive à leurs données. Or l’abonnement payant (huit euros par mois) a immédiatement suscité de nombreuses critiques, notamment sous la forme d’un procès intenté par les défenseurs de la vie privée regroupés dans noyb.

L’EDPB suit en partie cette critique. Selon les régulateurs, les consommateurs ne disposent pas d’un choix équitable dans l’état actuel des choses. ‘Les plates-formes en ligne doivent offrir aux utilisateurs un véritable choix lors du déploiement du modèle ‘consentir ou payer’’, affirme Anu Talu, responsable de l’EPDB, faisant référence aux modèles par lesquels vous acceptez soit que vos données soient suivies, soit que vous payiez. ‘Les gestionnaires de données doivent à tout moment éviter de transformer le droit fondamental à la protection des données en une fonctionnalité payante’, ajoute Talu.

Nuance

L’avis proprement dit fait 42 pages et aborde la question de manière plus détaillée et nuancée. Là, entre autres, l’idée d’un système avec publicités, sans suivi des données, est avancée. L’avis sera probablement utilisé pour une enquête plus approfondie par la Commission européenne. La manière dont l’affaire se déroulera, ne sera pas seulement importante pour Meta, mais aussi pour d’autres géants de la publicité comme Google ou TikTok, par exemple.

Meta, de son côté, affirme que ses abonnements sont conformes à la réglementation européenne. Noyb, qui a intenté un procès à Meta en la matière, se sent renforcé par cet avis. Dans une première réaction, l’Autrichien Max Schrems, président de noyb, écrit: ‘Nous sommes ravis que l’EDPB ait entamé un débat plus nuancé sur le thème ‘payer ou accepter’ et ait au moins clairement indiqué que les grandes plates-formes ne peuvent pas utiliser le système.’

Et d’ajouter qu’une troisième option, avec des publicités contextuelles, serait une meilleure alternative. Dans le cas de la publicité contextuelle, l’annonce est placée en fonction de la publication (post) et non en fonction de l’utilisateur. Pensez par exemple ici à des publicités pour les voitures dans le cadre d’un article sur la conduite automobile.

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