Analyse | iOS

Les Etats-Unis vont en justice à cause de la position de monopole d’Apple

© Apple
Els Bellens

Le ministère américain de la Justice poursuit Apple pour ses pratiques ‘anticoncurrentielles’ et ‘monopolistiques’ concernant l’iPhone. Il s’agit là de la première affaire antitrust majeure de l’administration Biden contre le groupe technologique américain.

Après avoir été condamnée à plusieurs amendes en Europe pour comportement monopolistique, voici à présent qu’Apple se voit aussi intenter un procès de la part du gouvernement américain. Le ministère américain de la Justice se tourne en effet désormais vers les tribunaux, au côté de seize états. Le gouvernement accuse Apple de refuser à ses concurrents l’accès aux fonctions matérielles et logicielles de son smartphone, entravant ainsi l’innovation. En principe, la Justice reproche à Apple une stratégie de ‘lock-in’ (verrouillage), qui devrait rendre difficile pour les utilisateurs de changer de marque de smartphone.

Phylactères verts et ‘walled gardens’

On sait depuis un certain temps que les produits Apple fonctionnent le mieux avec d’autres produits Apple. Une Apple Watch ne collabore qu’avec un iPhone, par exemple, et même l’envoi de messages d’Apple vers Android et vice versa génère un résultat différent de celui entre deux téléphones Apple. Les désormais tristement célèbres ‘phylactères verts’ sont le résultat des limites qu’Apple impose aux appareils et aux applis provenant de l’extérieur de son propre écosystème. Cela a conduit à une pression sociale dans le but que les utilisateurs s’en tiennent aux produits Apple, selon le ministère américain de la Justice dans sa plainte. Aux Etats-Unis, cette pression serait encore plus forte, car quelque 85 pour cent des habitants possèdent un iPhone. En Europe et dans de nombreuses autres régions du monde, Android est le système dominant.

En outre, l’entreprise est également critiquée pour la manière dont elle règle les paiements. Les entreprises tierces qui souhaitent effectuer des achats intégrés (in-app) sur iOS, doivent avant cela passer par l’App Store d’Apple. En conséquence, Apple reçoit également une commission sur chaque achat effectué par un utilisateur. Cela s’applique également aux banques qui traitent les paiements via Apple Pay. Contrairement à Samsung et Google, par exemple, Apple perçoit donc une commission sur chaque paiement effectué avec son service de paiement sans fil.

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Apple a déclaré dans une première réaction qu’elle craignait que ce procès ne crée un ‘dangereux précédent, par lequel le gouvernement pèserait lourdement sur le développement de technologies destinées au grand public. Cette action en justice menace qui nous sommes et les principes qui différencient les produits Apple sur un marché hautement concurrentiel’, affirme l’entreprise.

Apple indique depuis des années déjà qu’elle considère les possibilités de paiement de l’App Store comme le seul moyen de garantir la confidentialité et la sécurité, mais ce raisonnement n’est pas suivi partout. Epic, l’auteur de Fortnite, et Spotify entre autres ont déjà poursuivi Apple en justice pour ses pratiques en matière de paiements. Plus tôt ce mois-ci, c’est l’UE qui a infligé une amende d’1,8 milliard d’euros à Apple pour avoir abusé de sa position dominante sur le marché des services de streaming musical. L’entreprise a fait appel. Dans l’UE, Apple a déjà présenté des adaptations à cet arrangement pour se conformer à la loi sur les marchés numériques (Digital Markets Act).

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