Peter Hinssen

Où sont les consultants d’antan?

Peter Hinssen Peter Hinssen est entrepreneur en série, partner d'Across Group, président d'Across Technology et auteur du livre 'The New Normal'.

Où sont donc passées les années dorées du problème de l’an 2000? Le temps glorieux de l’Y2K’. Cela semble déjà si loin. C’était l’âge d’or pour les intégrateurs systèmes qui ne cessaient de passer en revue des tas de programmes Cobol pour y dénicher encore l’un ou l’autre YY, mais aussi pour les firmes de consultance qui flanquaient la frousse aux clients en leur assénant que leur entreprise serait vouée à la damnation en l’an 2000.

Où sont donc passées les années dorées du problème de l’an 2000? Le temps glorieux de l’Y2K’. Cela semble déjà si loin. C’était l’âge d’or pour les intégrateurs systèmes qui ne cessaient de passer en revue des tas de programmes Cobol pour y dénicher encore l’un ou l’autre YY, mais aussi pour les firmes de consultance qui flanquaient la frousse aux clients en leur assénant que leur entreprise serait vouée à la damnation en l’an 2000.

Les temps ont bien changé. Surtout pour les intégrateurs. La semaine dernière, j’ai participé aux Etats-Unis à une conférence réunissant les grands intégrateurs systèmes de ce bas-monde. Avant, cela aurait été une fête plutôt anglo-saxonne, alors qu’aujourd’hui, la salle avait un côté asiatique, surtout indien. Et malgré la présence du soleil là-bas en Floride, l’atmosphère n’était pas particulièrement chaude, bien au contraire.

Le thème central de cette conférence pour intégrateurs systèmes était le nuage et son impact sur le métier. “Quoi?, entend-je déjà rétorquer le CIO et l’IT-manager. Ce n’est quand même pas nouveau, le nuage?” Certes. Ces 3 dernières années, l’on ne pouvait participer à la moindre conférence IT en tant que décideur IT sans que l’on vous rabatte les oreilles avec le nuage. Et l’on vous mettait aussi nettement en garde: le nuage va limiter le rôle du CIO, il va contourner l’IT traditionnelle. De quoi sérieusement effrayer tout CIO. Et, honnêtement, c’est ce qui est en train d’arriver.

Mais aujourd’hui, cette peur s’est installée parmi les intégrateurs systèmes. Ils sont terrifiés car leurs armées d’implémenteurs passés maîtres dans l’art d’installer de gros systèmes, sont en train de se livrer massivement à de la customisation et de facturer pour cela des dizaines de milliers d’heures de travail, un modèle qui est totalement au bout du rouleau. Y2K fut probablement le dernier grand mammouth qu’ils ont réussi à capturer, après avoir vécu massivement durant les 20 années précédentes grâce aux mammouths ERP. Quelle époque c’était… Facturer des millions EUR pour installer SAP ou Peoplesoft chez un client, puis encore quelques autres millions pour le personnaliser, afin de fidéliser le client pour des années. Soupir. Et voici maintenant que ce sacré nuage vient mettre des bâtons dans leurs roues?

Lors de la conférence, il y avait un atelier: “Comment devenir un fournisseur cloud?”, qui attira beaucoup de monde. Mais la plus grande attention fut consacrée à un orateur d’une grande banque d’investissement de Wall Street, qui parla des “opportunités de fusion et d’acquisition dans le secteur des intégrateurs systèmes”. La salle était suspendue à ses lèvres. Manifestement, nombre de CEO d’intégrateurs systèmes seraient prêts à vendre leur navire à la dérive à un riche imbécile ignorant, avant qu’il ne vaille vraiment plus rien. Intéressant.

Mais qu’est-il donc arrivé aux consultants? Le partenariat entre le consultant et l’intégrateur a toujours été du genre donnant-donnant. Le consultant oriente le client vers une solution spécifique que l’intégrateur crée et met en oeuvre. C’est beau, quand chacun garde son indépendance, mais tel n’a pas été souvent le cas. Il existe aujourd’hui tout particulièrement beaucoup de consultants qui sont aussi intégrateurs, et des intégrateurs qui jouent au consultant. La question est de savoir si cela est bien sain. Comment peut-on être juge et bourreau en même temps? Comment être consultant indépendant quand on privilégie une solution SAP, alors que l’on sait très bien qu’un tas de consultants Oracle/Peoplesoft se retrouvent sur la touche sans travail? Et comment être clean en tant que consultant quand l’on doit choisir pour un client entre SharePoint et Google Docs, alors que l’on sait très bien que l’implémentation de SharePoint va rapporter gros et que conseiller Google Docs ne fera pas fonctionner le tiroir-caisse?

Pour moi, il est possible d’aborder complètement différemment le monde de la consultance. Je suis convaincu que les conseils sont et resteront nécessaires. Le petit monde de l’IT d’aujourd’hui est plus fragmenté, complexe et dynamique que jamais. Le besoin d’assistance, de guidance et de consultance n’a jamais été aussi grand. Mais il faut viser un nouveau type de conseil. Non pas basé purement sur un forfait ou sur le retour. Mais basé sur des résultats, sur un co-engagement, sur des profits partagés. L’ancien modèle des mercenaires du consultant est dépassé, selon moi. Il est temps de plonger ensemble dans le bain et d’aborder la transformation de l’IT. Temps de se retrousser tous les manches et de se salir les mains.

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