Ne pas donner ce que veut le consommateur
Les consommateurs aiment les netbooks, mais Apple et Microsoft les détestent. Google peut peut-être en profiter. Grâce aux netbooks bon marché et compacts, le marché des ordinateurs portables ne s’est pas complètement effondré cette année.
Les consommateurs aiment les netbooks, mais Apple et Microsoft les détestent. Google peut peut-être en profiter. Grâce aux netbooks bon marché et compacts, le marché des ordinateurs portables ne s’est pas complètement effondré cette année.
Du moins pas en volume. Les chiffres d’affaires ont des allures moins positives. Les netbooks moins coûteux tirent le prix de vente moyen sur le marché des ordinateurs portables vers le bas. Ce qui fait baisser les chiffres d’affaires. Ils mettent en outre les prix des ordinateurs portables normaux sous pression, comme je l’ai déjà expliqué auparavant. Nous constatons la même chose sur le marché des puces, qui est dominé par Intel. Le nombre de puces vendues est à nouveau en hausse, mais près de 36 pour cent de cette croissance sont dus à des processeurs mobiles, surtout l’Intel Atom, qui est destiné aux netbooks. Au début de l’année prochaine, Intel lancera d’ailleurs une version encore plus puissante et plus économique en énergie de l’Atom. Nous pouvons donc douter que le netbook soit un phénomène de crise. Même si l’économie se redresse, les ordinateurs portables bon marché resteront populaires.
C’est fâcheux pour Apple et Microsoft, mais peut-être une bonne nouvelle pour Google. Apple et Microsoft vivent en grande partie de leurs systèmes d’exploitation très coûteux. Mais pour les netbooks, ils doivent en sortir des versions bon marché, épurées. Et cela rapporte presque aussi peu que des distributions Linux gratuites qui, au demeurant, tournent aussi parfaitement sur les portables. Mais les consommateurs ne veulent pas renoncer à leur Windows ou leur Mac OS. Ils préfèrent donc en utiliser les versions les plus complètes. Dans la pratique, il en va bien sûr tout autrement. Impossible de lancer sur le marché un netbook doté d’une excellente version de Windows 7 pour 399 EUR, le prix typique des netbooks. Dans ce cas, il ne reste effectivement plus aucune marge pour le fournisseur de matériel. Mais le consommateur ne veut pas de Linux sur son netbook. Ce sera donc Windows. Ou Mac OS. Le lecteur attentif remarquera qu’Apple se tient craintivement à l’écart du marché des netbooks. Ce marché ne rapporte en effet pas d’argent. Ça ne veut toutefois pas dire que les adeptes de Mac ne veulent pas disposer d’un portable moins coûteux équipé de leur système d’exploitation favori. Beaucoup pensent que si Apple ne se décide pas à les vendre, ils les construiront eux-mêmes. Sur l’internet, vous pouvez trouver toutes sortes de sites avec des instructions détaillées sur la façon dont votre Mac OS peut tourner sur du matériel Atom. Les Hackintoshes sont très populaires. Apple y a récemment mis le holà. La mise à jour Mac OS X Snow Leopard 10.6.2 de début novembre ne supporte d’ailleurs plus l’Intel Atom. Si vous installez la mise à jour, votre Hackintosh ne fonctionne plus.
Microsoft a à son tour épuré la fameuse version pour netbook de Windows 7 de manière à ce qu’elle soit en fait moins pratique que Windows XP, qui était encore récemment le système d’exploitation par excellence des netbooks. La Starter Edition ne supporte qu’un moniteur (oubliez les présentations), ne peut pas lire de DVD et ne vous permet pas de personnaliser votre PC. En guise de consolation, vous pouvez certes acheter la version netbook sur une clé USB si vous voulez mettre à jour votre netbook tournant sous XP. Mon conseil: ne faites pas ça. Qui sait? Google pourra peut-être profiter de cette appréhension injustifiée. Le Chrome OS, dont on parle beaucoup, est pour bientôt. Pour commencer, le système d’exploitation de Google tournera correctement sur les netbooks, car il reste encore beaucoup de travail à accomplir au niveau des pilotes. La première version de Chrome est peut-être déjà disponible alors que vous lisez cet article. Mais durant la seconde moitié de 2010, des netbooks équipés de ce nouveau système d’exploitation débarqueront de toute façon sur le marché. Reste à voir si les consommateurs qui ne veulent pas de Linux sur leurs netbooks adopteront Chrome. Mais regardons ce qui s’est passé sur le marché des smartphones: Android semble aussi y devenir un succès. Donc, si Google peut le faire pour les smartphones, pourquoi pas pour les netbooks? Avec leur parcimonie mal placée, Apple et Microsoft semblent en effet tout faire pour le permettre.
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