Une rapporteuse de l’ONU: ‘La lutte contre le terrorisme est exploitée pour promouvoir les logiciels espions et les drones’
La technologie numérique pour combattre le terrorisme est abusée dans différentes parties du monde pour violer les droits de l’homme. Voilà ce qu’a déclaré la rapporteuse spéciale des Nations Unies en charge des droits de l’homme dans la lutte contre le terrorisme, devant le conseil des droits de l’homme.
Selon Fionnuala Ní Aoláin, il est question d’une ‘augmentation alarmante de l’utilisation de technologies intrusives et à haut risque’. Et d’ajouter que des gouvernements, mais aussi des acteurs privés recourent à une rhétorique sur la sécurité nationale et le terrorisme pour pouvoir introduire de manière accélérée des éléments tels que des drones, la biométrie, l’intelligence artificielle et des logiciels espions.
Besoin d’une pause
‘Des justifications exceptionnelles pour l’utilisation de la technologie de surveillance dans la lutte contre le terrorisme léger se changent souvent en des légitimations quotidiennes courantes’, a affirmé Ní Aoláin. Et de se référer ici aux conséquences pour les droits fondamentaux, comme la liberté de circulation, la liberté d’expression, la liberté de réunion pacifique et le droit à la confidentialité.
‘Il convient de prévoir une pause dans le recours aux technologies intrusives à haut risque, jusqu’à ce que suffisamment de freins et de contrepoids y soient intégrés’, a expliqué la rapporteuse des Nations Unies.
Meurtres ciblés
Fionnuala Ní Aoláin se fait surtout du souci à propos de l’adoption des drones à des fins militaires et de surveillance, alors que des appareils sans équipage sont, selon elle, régulièrement utilisés pour des ‘meurtres ciblés’, dont des assassinats extrajudiciaires et arbitraires.
L’utilisation croissante de logiciels espions en vue d’intimider des journalistes, opposants politiques et activistes la préoccupe également, de même que la collecte largement répandue de données biométriques par des gouvernements et des entreprises. Et de citer l’exemple de données biométriques collectées pour le bien-être général, qui ont été abusées entre autres en Irak et en Afghanistan pour traquer les dissidents.
Robots tueurs
En outre, l’experte indépendante a apporté son soutien à un bannissement mondial des armes mortelles autonomes, à savoir les robots tueurs.
‘Il faut mettre fin au transfert non réglementé de technologies à risque vers des pays qui se rendent coupables de violations systématiques des droits de l’homme’, a ajouté la rapporteuse spéciale. Et d’exhorter les gouvernements à réglementer plus strictement les entreprises impliquées dans l’exportation de technologies de surveillance à l’étranger.
‘En l’absence de réglementation, les dommages causés aux droits de l’homme ne peuvent que s’amplifier, à l’infini’, a conclu Ní Aoláin.
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