Breton réprimande Musk pour avoir interviewé Donald Trump

Thierry Breton © Patrick Pleul/picture alliance via Getty Images
Pieterjan Van Leemputten

Le commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton rappelle à Elon Musk que sa plate-forme doit respecter les règles européennes. La raison en est l’interview de Donald Trump par Musk publiée sur X.

La lettre que Breton en personne a partagée sur X avant même l’interview de Trump, souligne qu’avec ses nombres d’utilisateurs actuels, X est considérée comme une VLOP (Very Large Online Platform) et doit donc satisfaire à plusieurs règles du Digital Services Act (DSA).

Breton reconnaît que la liberté des médias et la liberté d’expression sont protégées, mais que des mesures sont également nécessaires pour les plates-formes qui amplifient des contenus préjudiciables, et qu’une telle situation pourrait augmenter le profil de risque de X. Breton fait notamment et probablement référence ici aux récents troubles publics, comme les émeutes d’extrême droite au Royaume-Uni.

Vaguement menaçant

La lettre est avant tout une sorte d’avertissement. Breton demande à Musk de garantir l’efficience des systèmes et de lui faire part des mesures prises contre la désinformation. Et d’ajouter qu’en cas de violation du DSA, son équipe ‘n’hésitera pas à utiliser pleinement notre boîte à outils, y compris l’adoption de mesures temporaires, si nécessaire, pour protéger les citoyens de l’UE contre des dommages graves’.

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Même si le raisonnement de Breton prend tout son sens dans le cadre juridique du DSA, le commissaire lui-même fait l’objet de reproches pour son initiative. Des esprits critiques évoquent en effet le droit à la liberté d’expression. Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, notamment a déclaré sur X que l’Europe ferait mieux de plancher sur des questions plus sérieuses que de ‘réinstaller la censure’.

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Linda Yaccarino, CEO de X, parle également d’une ‘tentative sans précédent d’étendre une loi européenne à des activités politiques aux Etats-Unis’.

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Attaque DDoS non prouvée

L’entretien entre Elon Musk et le candidat républicain à la présidentielle Donald Trump s’est finalement révélé peu novateur ou spectaculaire. Même si Musk aime présenter X comme une plate-forme ‘touche-à-tout’ pour le monde entier, la diffusion a commencé avec quelque quarante minutes de retard.

Musk a déclaré que le système avait été testé sur 8 millions d’auditeurs simultanés, tout en ajoutant qu’une attaque DDoS massive avait été lancée sur X, provoquant des problèmes techniques.

Il nous faut cependant prendre cela avec des pincettes. Le site The Register, qui a suivi l’interview, indique qu’il n’y eut aucun indice d’une telle attaque. Une carte de la firme de cybersécurité Check Point Software n’a révélé aucun trafic anormalement élevé, alors qu’une carte du concurrent Netscout ne signalait que quelques mini-attaques ciblant les Etats-Unis (pas spécifiquement X).

Trump a parlé lors de l’interview d’une audience de 60 millions de personnes, l’objectif étant de 25 millions. Mais cela semble ici encore être une exagération significative de la réalité. The Register indique que les statistiques de diffusion en direct faisaient état de 1,1 à 1,3 million d’auditeurs.

Musk, ministre

Enfin, lors de l’entretien entre Musk et Trump, celui-ci a déclaré qu’il envisagerait d’offrir à Musk une place dans sa prochaine administration. Il a loué la façon dont Musk est capable de réduire les coûts. Pour rappel, Musk a licencié plus de la moitié du personnel, lorsqu’il a racheté Twitter, et est connu pour imposer une charge de travail très élevée au personnel de ses entreprises.

Musk a ensuite laissé entendre qu’il souhaitait jouer un rôle au sein d’une commission chargée d’examiner l’efficience du gouvernement en place.

Ceci dit, il nous faut aussi souligner que Musk et Trump disent régulièrement des choses qui sont factuellement incorrectes, qui contiennent de la désinformation ou qui sont grossièrement sorties de leur contexte. Actuellement, Trump doit principalement accroître sa popularité et défrayer la chronique pour convaincre les électeurs républicains. Il ne recule pas à gonfler les chiffres concernant son public et à faire des promesses dont on ignore si elles seront tenues.

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