Frederik De Breuck

Quand la confidentialité fait place à la durabilité: les entreprises européennes devront rendre compte de leurs activités ESG

Frederik De Breuck Frederik De Breuck

En 2025, les premières entreprises de l’Union européenne devront préparer un rapport sur leurs activités dans le domaine ESG, qui signifie Environment (milieu), Social (société) et Governance (bonne gouvernance). Un RGPD pour la durabilité qui étend les efforts individuels des organisations à l’ensemble de l’écosystème. Cela signifie que les entreprises ont également besoin d’informations de leurs partenaires. Pour celles qui ne collectent pas ces données aujourd’hui, il est urgent de le faire.

La durabilité est un terme à la mode depuis un certain temps. Ces dernières années, les entreprises ont toujours davantage pris conscience que ce terme recouvre une connotation plus large que le seul environnement. Les aspects sociaux et la gouvernance responsable sont tout aussi importants. Tant les clients, les collaborateurs potentiels, les investisseurs que les partenaires recherchent activement des entreprises ayant un impact positif sur la société.

Sans cadre législatif, nous restons cependant tributaires de la bonne volonté. Et cette prise de conscience existe également au sein de l’UE. Elle est désormais, en tant que premier acteur régulateur, en train de prendre le train en marche avec une directive qui obligera les entreprises à rendre compte de leurs initiatives en matière de développement durable. La Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) et les European Sustainability Reporting Standards (ESRS) constituent la base d’un plan destiné à accroître l’uniformité et la transparence, faisant du développement durable une mission commune.

Agir maintenant

Les entreprises cotées à la Bourse et les organismes d’intérêt public devront rendre compte de l’exercice 2024 dès 2025. Concrètement: l’année prochaine, ils/elles devront être capables de collecter des données correctes. Les autres grandes entreprises bénéficieront d’une année supplémentaire. Viendront ensuite les PME cotées à la Bourse et les entreprises hors UE. L’impact se fera sentir même en dehors de l’Europe, notamment parmi les entreprises qui exportent vers les pays de l’UE.

Il est donc question de changer rapidement. Cela vaut pour tout le monde. Les entreprises/organisations qui n’auront pas encore à le faire en 2025, collaboreront avec des firmes qui devront déjà rendre compte et qui auront besoin des données de leurs partenaires. Les émissions de toutes les parties concernées devront en effet être cartographiées.

Transparent et holistique

De nombreuses pièces du puzzle doivent être réunies. Après tout, sans une vision transparente et globale, on ne pourra pas préparer un rapport complet et précis. Les données nécessaires ne se trouvent en effet pas seulement dans votre propre organisation, mais également chez d’autres acteurs qui font partie de l’écosystème ou du cycle de vie d’un produit. Par conséquent, vérifiez d’abord ce que la nouvelle législation signifie pour votre organisation et quelles données vous devez collecter sur quels éléments de durabilité. Alors que l’industrie manufacturière aura tendance à se concentrer sur la consommation d’énergie et la recyclabilité des matériaux, une entreprise agricole s’intéressera davantage à son impact sur la biodiversité par l’utilisation d’engrais.

Grâce à la technologie de la chaîne de blocs, les données notifiées seront liées aux données-sources, de sorte que le passé soit immuable, traçable et vérifiable.

Vous avez dit complexe? Voilà pourquoi nous aborderons ce défi dans une perspective de maillage de données, transformant ces dernières en un produit où chaque partie sera responsable de la qualité et de la cohérence de ses propres données. De cette manière, les informations seront conservées par l’acteur à l’origine des données. Mais que se passera-t-il si quelqu’un modifie ces données, consciemment ou pas?

La technologie de la chaîne de blocs sera alors une solution. On l’utilisera pour relier les données notifiées aux données-sources, afin que le passé soit immuable, traçable et vérifiable. Les données et les transactions seront toujours scellées cryptographiquement dans le bloc suivant de la chaîne. Cela permettra à toutes les parties de collaborer par-dessus leur propre couche d’infrastructure avec des données partagées et fiables.

Le rapportage ne suffira pas

Bien entendu, cela ne pourra pas se limiter au simple rapportage. L’UE Green Deal, qui comprend cette obligation de rapportage, devra rendre l’Europe neutre sur le plan climatique d’ici 2050. Si on veut vraiment atteindre ce but, on devra rendre les objectifs de durabilité réalisables et y appliquer l’analytique/l’IA. On ne peut pas changer ce qu’on ne mesure pas. Ce n’est que lorsqu’on aura une vision globale et qu’on en tirera des enseignements qu’on verra où l’organisation pourra s’améliorer et de ce qu’elle aura besoin pour y parvenir. C’est ainsi qu’on concrétisera les objectifs et que l’entreprise pourra surveiller ses performances pour déterminer si des progrès effectifs ont été réalisés pour rendre ses opérations et processus commerciaux plus durables.

Tout comme la législation sur la protection de la vie privée et le RGPD, le rapportage obligatoire sur la durabilité dans l’UE fera également bouger les choses ailleurs dans le monde. Et c’est une bonne chose, car on n’y parviendra pas sur la base des efforts individuels des organisations. En d’autres termes, une seule entreprise ne pourra pas changer le monde, mais ensemble, on pourra réellement faire une différence durable.

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