Frederik Tibau
Microsoft est devenue une entreprise fondamentalement différente
La principale nouveauté de Microsoft lors de la Build Conference de San Francisco n’est ni le lancement de Windows Phone 8.1 ni le retour du menu Démarrer dans Windows 8, mais bien le fait que le software Windows devient gratuit pour les appareils avec un diametre d’écran inférieur à 9 pouces.
La principale nouveauté de Microsoft lors de la Build Conference de San Francisco n’est ni le lancement de Windows Phone 8.1 ni le retour du menu Démarrer dans Windows 8, mais bien le fait que le software Windows devient gratuit pour les appareils avec un diametre d’écran inférieur à 9 pouces.
Il ne s’agit pas uniquement d’une véritable révolution pour le géant de Redmond, mais c’est même un coup qui, dans le pire des cas, pourrait se retourner contre lui. Mais quiconque veut éviter qu’Android s’empare de la planète tout entière, doit absolument prendre des risques.
Pour rappel, Microsoft demande quasiment 100 euros aux fabricants d’ordinateurs pour une seule licence Windows. Et pour une licence Windows Phone, le montant oscille à ce jour entre 12 et 18 euros.
Son grand concurrent Google offre par contre gratuitement son système d’exploitation méga-populaire Android, ce qui permet aux fabricants de lancer des appareils meilleur marché sur le marché, tout en gardant une marge supérieure.
Le problème, c’est que Microsoft gagne de l’argent avec ses produits logiciels, alors que Google tire ses rentrées de la publicité sur internet. Les deux entreprises ont appliqué un modèle commercial complètement différent, mais aussi une toute autre stratégie.
Aujourd’hui, il semble donc que cela va changer. A présent que Windows devient gratuit pour les petites tablettes et les smartphones (et Microsoft admet ainsi implicitement que l’écosystème des smartphones de Google est la voie à suivre), le frais émoulu CEO Satya Nadella va aussi tenter de gagner de l’argent avec des services et de la publicité. En d’autres mots, Microsoft est devenue cette semaine une entreprise fondamentalement différente.
C’est qu’il ne reste évidemment guère de choix aux troupes de Gates, Ballmer et Nadella. Si Microsoft entend encore représenter quelque chose sur un marché mobile dominé par Android, elle doit offrir son software gratuitement. Nombre de fabricants d’appareils adoptent en effet une attitude rétive vis-à-vis de Windows Phone à cause précisément des coûts de licence élevés.
Et finalement, le risque reste provisoirement limité. Comme Windows Phone ne connaît que peu de succès, il ne rapporte de toute façon guère d’argent à Redmond. Avec une part de marché mondiale de 3 pour cent seulement, Nadella a plus à gagner qu’à perdre.
Car si toute une gamme de smartphones Windows sortent bientôt, Microsoft pourra peut-être enfin tenir davantage d’utilisateurs à l’écart de l’écosystème Android et les attirer vers l’univers Windows. Qui sait, ces utilisateurs achèteront peut-être plus tard un PC Windows et continueront à recourir aux services de Microsoft. Voilà ce qui intéresse au fond cette dernière: utiliser des appareils WP bon marché comme porte d’entrée vers d’autres produits Microsoft.
Par ailleurs, depuis le Mobile World Congress, il est manifeste que Microsoft mène un combat contre Android. A Barcelone, il avait en effet déjà été annoncé que Windows Phone allait supporter les jeux de puces meilleur marché et que l’entreprise lancerait des adaptations (comme la possibilité de remplacer les boutons physiques par des ‘on screen’-buttons), ce qui permettrait de ‘réutiliser’ plus facilement le matériel employé pour les appareils Android avec les appareils Windows Phone.
Dans la capitale catalane, Microsoft avait présenté aussi tout un éventail de nouveaux partenaires qui allaient tous lancer sur le marché des appareils Windows Phone bon marché (et donc sans licence).
Avec ses licences gratuites, Microsoft pourra-t-elle rivaliser avec Android? L’avenir nous l’apprendra. Mais en tout cas, il s’agit là d’une tentative audacieuse d’une entreprise qui avait dans un premier temps complètement manqué la révolution mobile.
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