Le groupe britannique Nothing aime faire les choses différemment. Il place le numéro de modèle entre parenthèses, il rend ses appareils ‘ringards’ transparents et il garde l’interface Android super élégante sans bloatware (logiciels indésirables). Combinez cette originalité avec un prix compétitif et vous obtenez… un excellent smartphone encore beaucoup trop méconnu dans nos contrées.
Il y a près de trois ans, Carl Pei, fondateur de OnePlus, décida que le moment était venu de lancer sa propre marque de smartphones. Durant l’été 2022, il introduisit le premier Nothing Phone, qui portait simplement l’appellation (1). Aujourd’hui, nous en sommes au (3a), dont nous avons mis la version Pro la plus avancée sur le banc d’essai. L’ADN reste inchangé: un smartphone au design décalé, une interface très épurée (le Nothing OS 3.1 basé sur Android 15) et un prix compétitif: le Phone de base (3a) est déjà disponible à 349 euros, alors que la version Pro est vendue à 479 euros.
Ilot photo
Quelles en sont les différences? Rarement un fabricant ne nous avait rendu la tâche aussi aisée: les deux versions sont en effet pratiquement identiques, à l’exception de l’optique. Commençons par les similitudes de l’îlot photo, qui comprend chacun trois objectifs: les deux modèles disposent d’un appareil photo principal de 50 mégapixels à ouverture f/1,88 et stabilisation optique de l’image (pour compenser les tremblements des mains). Il y a ici toutefois une petite distinction: le Nothing Phone Pro dispose du Dual Pixel PDAF (Phase Detection Autofocus), là où le (3a) doit se contenter du PDAF classique. En termes simples, le modèle haut de gamme offre une mise au point à la fois meilleure et plus intelligente.
1/2
L’îlot photo du (3a) Pro.
© Nothing
2/2
L’îlot photo du (3a) Pro.
© MvdV
1/2
L’îlot photo du (3a) Pro.
© Nothing
2/2
L’îlot photo du (3a) Pro.
© MvdV
Ce qui est complètement identique chez les deux modèles: l’objectif ultra grand angle de 8 MP avec un angle de vision de 120°. C’est l’appareil photo avec lequel vous pourrez, par exemple, prendre deux équipes de foot l’une à côté de l’autre. Le troisième et dernier élément qui attire l’attention, à l’arrière, c’est l’objectif zoom. Le (3a) Pro offre un zoom optique 3x et un ultra zoom 60x, garantissant évidemment des astuces logicielles, notamment une touche d’IA. Quant au (3a), il propose un zoom optique 2x et dispose également d’un ultra zoom, mais plus limité (30x).
L’appareil à selfie du Pro l’emporte également avec ses 50 MP contre 32 MP, ce qui reste bien sûr largement suffisant pour un appareil frontal. Le (3a) Pro peut même réaliser des vidéos en qualité 4K, si vous le souhaitez. Il convient également de mentionner la fonction macro, permettant de photographier des sujets très proches (quelque 15 centimètres dans ce cas) et de manière nette.
Couleurs très fidèles
La qualité d’image est bonne et peut-être même meilleure que prévu pour un smartphone dans cette gamme de prix, avec des couleurs très fidèles et bien nettes. Le mode macro offre également de jolis résultats, avec des détails invisibles à l’œil nu. Chez de nombreux concurrents, ce mode n’est souvent rien de plus qu’un gadget, mais sur le Nothing Phone (3a) Pro, les macros vous invitent vraiment à l’expérimentation (avec des fleurs, des insectes et d’autres sujets minuscules).
Dans plusieurs modes (Nuit, Portrait et Photo), vous pourrez choisir parmi pas mal de préréglages optionnels, qui produisent des résultats originaux et créatifs grâce à une interaction d’objectifs, d’éclairage et de logiciels. Que ce soit Soft Focus pour les portraits, N&B Film pour les photos stylisées en noir et blanc ou Lenticular qui donne l’impression qu’on regarde à travers une plaque de verre ondulée. Ici, pas d’excès de fioritures dans lesquelles on se perd souvent, mais simplement une sélection de filtres bien pensée. Et cela s’avère rafraîchissant dans le paysage actuel des smartphones.
L’optique du (3a) Pro éprouve un peu plus de mal avec les nuances d’une scène. Dans les zones ombragées sombres, comme dans un buisson, les détails sont à peine reconnaissables, et même les rayures subtiles d’un avion dans un ciel bleu azur disparaissent presque littéralement. Cela ne réduit pas nécessairement la qualité des photos, mais on ne manque toutefois pas de remarquer la différence avec des appareils dans les gammes de prix plus élevées.
1/6
La fidélité des couleurs des photos est bonne.
© MvdV
2/6
Gros plan d’une rose.
© MvdV
3/6
Une orchidée en mode portrait.
© MvdV
4/6
Lenticular, l’un des magnifiques filtres de l’appli photo.
© MvdV
5/6
Une pomme, vue à travers le filtre Lenticular.
© MvdV
6/6
Une photo prise avec le filtre B&W Film.
© MvdV
1/6
La fidélité des couleurs des photos est bonne.
© MvdV
2/6
Gros plan d’une rose.
© MvdV
3/6
Une orchidée en mode portrait.
© MvdV
4/6
Lenticular, l’un des magnifiques filtres de l’appli photo.
© MvdV
5/6
Une pomme, vue à travers le filtre Lenticular.
© MvdV
6/6
Une photo prise avec le filtre B&W Film.
© MvdV
Transparent
Impossible de l’ignorer: un téléphone Nothing est toujours transparent à l’arrière. C’est cool (on y découvre clairement les câbles plats et quelques autres composants), à condition de ne pas recouvrir l’appareil d’une coque de protection. Ce qu’on ne peut pas non plus manquer, c’est l’îlot photo: jamais auparavant nous n’avions vu un téléphone portable avec une optique aussi saillante que ce que propose le Nothing Phone. Une ‘bosse’ qui ressort de presqu’un demi-centimètre! C’est une bonne nouvelle pour la qualité d’image de l’appareil photo, comme nous l’avons déjà expliqué, mais on peut difficilement qualifier cela d’élégant, sans compter que cela va aussi à l’encontre du ‘confort de rangement’ (pensez ici à la poche du pantalon!).
L’îlot photo est également entouré d’un éclairage appelé Glyph: trois bandes lumineuses incurvées capables de fournir un feedback visuel d’une minuterie programmée, une indication du volume et, bien sûr, les notifications et les appels entrants. Vous pourrez également associer des sonneries avec motifs à l’éclairage, afin de savoir immédiatement qui essaie de vous joindre (par exemple, lorsque l’appareil est en mode silencieux avec son écran dirigé vers le bas sur une table).
L’interface Glyph interagit également avec des applis tierces. Il est déjà possible d’afficher la progression des déplacements Uber ou des services de livraison, et le fabricant promet que diverses applis seront ajoutées. Autre élément utile: lors de la prise de vue de portraits, vous pourrez utiliser les bandes susmentionnées comme une sorte d’anneau lumineux pour un éclairage plus uniforme.
Sous le capot
La puissance de service est fournie par la plate-forme Snapdragon 7s Gen 3, qui comprend quatre cœurs de performances Cortex-A720 et quatre cœurs d’efficacité énergétique Cortex-A520. Il s’agit là d’un excellent SoC pour les smartphones de milieu de gamme (que l’on retrouve également dans le Xiaomi Redmi Note 14 Pro+, par exemple) et une belle mise à niveau par rapport aux puces MediaTek Dimensity qui pilotaient le Nothing Phone (2a) Plus. Selon le fabricant, le CPU fonctionne 33 pour cent plus rapidement, tandis que le GPU Adreno 810 offre des performances graphiques environ 11 pour cent supérieures.
Pour les écrans des Phone (3a) et (3a) Pro, Nothing a opté pour un modèle AMOLED de 6,77 pouces à résolution Full HD+, ce qui correspond à 1.080 x 2.392 pixels. Ce genre d’écran offre une densité de pixels de 387 ppp, un taux de rafraîchissement adaptatif de 120 Hz et une luminosité maximale de 3.000 nits – encore une fois des spécifications très correctes pour un smartphone de ce segment. Il va sans dire que l’écran abrite également un capteur d’empreintes digitales.
Les modèles (3a) et (3a) Pro disposent tous deux d’une puissante batterie de 5.000 mAh, offrant une autonomie jusqu’à deux jours avec une seule recharge. En théorie, vous pourrez appeler pendant plus de 44 heures et écouter de la musique durant près de 22 heures, avant que l’appareil n’ait à nouveau besoin d’être rechargé, ce qui mérite d’être souligné. Le smartphone supporte également la recharge rapide à 50 W (après moins de vingt minutes, la batterie peut à nouveau fonctionner une journée entière), mais vous devrez vous-même disposer du puissant chargeur nécessaire: Nothing fournit uniquement un câble USB-C vers C, comme la plupart des fabricants de nos jours.
Le (3a) Pro est bien sûr paré pour les réseaux 5G et supporte l’eSIM. Vous n’aurez donc pas nécessairement besoin d’installer une carte SIM physique dans l’appareil.
‘Essential AI’
Une dernière fonctionnalité qui ne peut être passée sous silence, s’appelle l’Essential Key: un bouton séparé sur le côté droit de l’appareil qui vous donne un accès ultra-rapide à l’Essential Space. Nothing qualifie cet endroit de ‘hub piloté par l’IA’ pour toutes vos notes et idées. Stockez-y des informations en pressant une fois le bouton, enregistrez-y un message vocal en appuyant plus longuement et accédez directement à tous vos contenus stockés via un double-clic.
L’idée sous-jacente est que les moments d’une journée sont répartis (numériquement) en plusieurs endroits, tels que votre album photo, vos captures d’écran, vos notes vocales ou vos messages stockés dans les applis sociales. Avec Essential Space, Nothing souhaite vous permettre de conserver tout ce contenu à portée de main, comme une sorte de seconde mémoire. Cela fonctionne déjà dans une certaine mesure, mais l’outil se trouve cependant encore dans une phase précoce (de test) et doit donc encore gagner quelque peu en maturité, notamment en ce qui concerne la valeur ajoutée de l’IA. Sur un téléphone Android, Gemini de Google n’est en effet jamais loin (il suffit d’appuyer sur le bouton directement au-dessus de l’Essential Key) et les capacités de cet assistant d’IA sont difficiles à surpasser pour tout fabricant de smartphones moyen.
Conclusion
Ce qu’on ne connaît pas, n’est pas aimé, dit-on, mais ce serait vraiment dommage d’appliquer cet adage au Nothing Phone (3a) Pro. C’est pourquoi nous sommes ravis de faire ici un peu mieux connaître ce smartphone, qui offre un rapport qualité-prix surprenant avec de bons appareils photo, une source de puissance rapide et une excellente batterie, pour ne citer que certains de ses atouts. Avec son design transparent, son éclairage Glyph tendance et son interface épurée, mais aussi quelque peu décalée, le fabricant vise à première vue surtout un groupe cible quelque peu plus jeune. Parallèlement, c’est un smartphone qui attire tous les regards par son aspect particulier, ce qui n’est pas pour déplaire à pas mal de personnes. Des points négatifs? Citons l’îlot photo qui saute littéralement aux yeux, et l’Essential Space qui a encore besoin d’être peaufiné. Mais cela n’enlève rien à notre enthousiasme pour ce Nothing Phone (3a) Pro, auquel nous attribuons une belle note de quatre étoiles.
Le Phone (3a) Pro que nous avons testé, comprend 12 Go de RAM, 256 Go de capacité de stockage et est disponible en gris et noir. Le fabricant Nothing promet six ans de support logiciel: trois ans de mises à jour Android et six ans de mises à jour de sécurité.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici