Les studios hollywoodiens prévoient de conserver des versions IA d’acteurs
Les grands studios d’Hollywood avaient élaboré un plan en vue de créer des versions IA d’acteurs et de figurants dans des films et séries TV, qu’ils pourraient ensuite – sans approbation ou compensation – utiliser dans des productions ultérieures. Voilà ce qu’a déclaré le syndicat américain des acteurs lors d’une conférence de presse relative à la grève des acteurs initiée hier.
Il y a plus d’un mois, Joan is Awful, un épisode de la série Black Mirror de Netflix, mettait en scène une femme qui découvre subitement qu’elle est un personnage d’une série diffusée. Elle en avait cédé les droits sans lire les Terms & Conditions, et voici donc à présent que le déroulement de sa vie apparaît sous la forme d’un feuilleton TV, avec une version IA de Salma Hayek qui en est l’interprète. Ce n’est que de la TV évidemment, mais dans un plan établi par l’Alliance of Motion Picture and Television Producers (AMPTP) américaine, la réalité semble rattraper rapidement la fiction.
Lors d’une conférence de presse tenue par SAG-AFTRA, un syndicat américain qui protège les droits de plus de 160.000 professionnels des médias comme les acteurs, les journalistes de cinéma, les cascadeurs et les artistes de voix off, souligne la présence de quelques petits caractères sinistres dans une idée qui a été vendue par l’industrie hollywoodienne en tant que ‘proposition d’IA révolutionnaire qui protège les représentations numériques d’acteurs’.
Eternelle copie numérique
Le véritable poison, selon SAG-AFTRA, réside dans la cession des droits d’utilisation de ces futures versions IA d’acteurs pour de futures productions et ce, à l’insu de ceux-ci et sans une nécessaire compensation. La technologie qui le permet, n’est pas encore vraiment disponible, mais depuis que les auteurs de Rogue One: A Star Wars Story (2016) ont ramené à la vie sous une forme numérique Peter Cushing, décédé il y a deux décennies déjà, les choses se précipitent. Et de grands noms d’Hollywood pourraient ne pas être autant touchés par le plan que des figurants, selon Duncan Crabtree-Ireland, le négociateur en chef du syndicat.
‘Dans cette proposition d’IA ‘révolutionnaire’, il était stipulé que nos artistes d’arrière-plan devraient pouvoir être scannés moyennant le salaire d’une journée’, a-t-il suggéré durant la conférence. ‘Après quoi les entreprises doivent disposer de ce scan, de leur image, de leur ressemblance et pouvoir les utiliser pour l’éternité sur chaque projet souhaité, sans autorisation et sans compensation. Bref, si vous trouvez qu’il s’agit là d’une proposition révolutionnaire, réfléchissez-y à deux fois.’
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La menace de l’IA générative
La grève des acteurs qui a démarré hier et est venue s’ajouter à une grève précédente des scénaristes, porte sur un vaste amalgame de préoccupations dénoncées par les syndicats et liées au statut social de tous ceux qui travaillent à Hollywood. Mais l’utilisation de l’IA générative en est quand même un élément important. Y compris dans les doléances exprimées par les scénaristes, par exemple, qui veulent que soit mis sur papier que les scripts générés par l’IA soient écartés. ‘Si nous ne nous défendons pas maintenant, nous connaitrons tous des problèmes, nous courrons tous le risque d’être remplacés par des machines’, a affirmé la présidente de SAG-AFTRA, Fran Drescher.
(Oui, celle de la série télévisée The Nanny.)
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