Atari lance un nouveau jeu vidéo pour une console âgée de… 46 ans

Le jeu Atari 'Save Mary'. © Atari

Avec Save Mary, la marque de jeux vidéo Atari lance un nouveau jeu sur cartouche classique pour sa console de jeu Atari 2600, introduite en 1977. Il s’agit là d’un nouveau fait d’armes dans une série de tentatives, jusqu’ici infructueuses, visant à relancer une entreprise rentable sur la base d’une marque vieille de plusieurs décennies.

Oui, Save Mary est un véritable nouveau jeu vidéo Atari, créé par l’entreprise qui possède officiellement la marque. Et oui, le jeu vient d’arriver sur le marché sous une forme physique, sur ce qu’on appelle une cartridge: une cartouche en plastique en forme de poutre avec un circuit imprimé à l’intérieur contenant le logiciel du jeu. Moyennant 60 dollars (57 euros) pièce, le jeu sera bientôt envoyé à cinq cents décideurs rapides. Ceux-ci doivent disposer du matériel nécessaire: soit une console Atari 2600 fonctionnelle, soit l’Atari 2600+ que la marque a récemment lancée en collaboration avec la société de jeux autrichienne Plaion.

L’Atari 2600+ est vendue 120 euros et peut être branchée sur les TV modernes. Elle est fournie avec une cartouche comprenant 10 jeux classiques d’Atari. (Photo: Plaion)

Un jeu ‘perdu’

Save Mary n’est pas complètement ‘nouveau’: le jeu était prêt depuis une quarantaine d’années. Il a été développé chez Atari en 1982, mais n’a finalement pas abouti sur le marché en raison du ‘crash des jeux vidéo’ majeur survenu pendant la période de Noël de cette année-là. Les consommateurs semblèrent soudain en avoir assez de l’offre excédentaire de jeux vidéo sur le marché à l’époque, ce qui fait que des fabricants comme Mattel (avec sa console Intellivision) et Philips (la marque à l’initiative de Videopac) disparurent subrepticement du secteur du jeu vidéo, pour ne plus jamais y revenir.

Atari, elle, a finalement réussi à éviter la faillite, après quoi elle s’est retrouvée au cœur d’une série de rachats. Elle est brièvement devenue une marque de PC au début des années 90, avant d’appartenir pendant un certain temps au fabricant de jouets américain Hasbro. Au début des années 2000, son nouveau propriétaire français Infogrames a même pendant quelque temps changé son nom en Atari. 

Entre-temps, elle est à nouveau une firme indépendante, ayant son siège financier à Paris et son siège d’exploitation à New York, qui reconditionne désormais ses principaux actifs existants – les droits sur ses anciens jeux – en de nouveaux titres.

Plusieurs fronts

Il y a quelques mois déjà, Atari lançait deux nouveaux jeux en cartouche: une réédition du classique Berzerk (1980), dont elle a obtenu les droits grâce au rachat de la bibliothèque de l’ancien éditeur de jeux Stern Electronics, et le tout nouveau jeu développé Mr Run and Jump. Les jeux physiques constituent une nouvelle vague de sorties qui font suite à une série de remakes numériques de classiques d’Atari pour consoles modernes, tels que les versions dites Recharged de GravitarMissile CommandAsteroids et Centipede.

En 2021, Atari a également sorti une toute nouvelle console, l’Atari VCS, à savoir un petit PC à brancher sur le téléviseur. Mais elle est, comme l’a reconnu Atari elle-même, ‘sous-performante’. L’entreprise a récemment aussi racheté AtariAge, un forum web pour les passionnés d’Atari et une communauté en ligne où sont partagés des jeux dits homebrew: de nouveaux jeux pour principalement la console Atari 2600 qui sont développés par des amateurs. C’est un retour en forme qui s’impose sur plusieurs fronts.

Solide marque

‘La marque même est toujours aussi solide qu’avant’, avait déclaré il y a deux ans le nouveau CEO Wade Rosen dans une interview qu’il m’avait accordé. ‘La marque est toujours très appréciée et comprise par la culture pop, et elle a transcendé les jeux vidéo. Et en termes de personnes souhaitant y jouer, il reste encore un noyau démographique: principalement la génération X, un peu en dessous de celui de la génération Y, un peu au-dessus de celui des baby-boomers. La question est maintenant la suivante: quelle taille peut atteindre l’entreprise sur laquelle nous bâtissons? Nous n’avons pas besoin ni de redevenir la plus grande société de jeux vidéo au monde, ni de rivaliser avec PlayStation, Xbox et Nintendo. Mais je pense que nous pouvons faire des choses vraiment innovantes sur le marché du jeu rétro. Quand les gens pensent à Atari, ils pensent à des jeux très simples et purs, auxquels de plus en plus de joueurs aspirent en raison de la complexité croissante de la société.’

Pour l’instant, très peu de choses ont été réalisées. Les remakes et le VCS ont connu un échec commercial. Et l’entreprise a enregistré une perte de 5,4 millions d’euros au cours du semestre clôturé en septembre 2022.

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