L’informaticien belge confiant dans l’avenir
L’informaticien belge semble ne pas être préoccupé par la robotisation. A peine 6 % d’entre eux craignent de voir leur emploi être remplacé dans un proche avenir par un robot, une appli ou un logiciel. Telle est une conclusion de l’enquête salaires de Data News.
Plus de la moitié des répondants à notre enquête salaires est catégorique : il est ” très improbable ” que son emploi soit remplacé dans un proche avenir par un robot ou un ordinateur. Par ailleurs, 40 % considèrent ce risque comme ” improbable “. Lorsque l’on leur demande si des fonctions IT seront remplacées dans un proche avenir par des ordinateurs, des robots ou des applis, une grande prudence est toutefois de mise. Ainsi, une large majorité (64%) estime ce risque (très) probable, mais 3 sur 10 considèrent que c’est plutôt probable.
” Je pense que nous sommes face à un moment important, confie Filip Roels, directeur RH de Delaware. Nous sommes confrontés à toute cette révolution autour de l’intelligence artificielle et des voitures autonomes. Pour de nombreuses sociétés IT, il s’agit là d’une opportunité, tandis que d’autres y voient un risque de disparaître. Il en va de même pour les fonctions IT. SAP et d’autres grands progiciels continueront à exister à un micro-niveau. Mais d’ici 10 ans, on trouvera sans doute aussi des outils dans lesquels il suffira d’injecter ses données pour obtenir directement un site Web. ”
” Certaines fonctions IT continueront d’exister, mais les gens doivent savoir que certains emplois disparaîtront, ajoute Wim Hufkens, IT staffing director chez Econocom. Dans un premier temps, tout changement suscite des craintes. Mais une fois cette étape franchie, il apparaît toujours que les opportunités sont énormes. Il restera toujours des emplois, j’en suis convaincu. Mais les choses vont changer, j’en suis également certain. Il ne faut pas avoir peur et avoir confiance dans la capacité du secteur à y faire face et à poursuivre son évolution. ”
Rendre la robotisation tangible
Selon Roels, il est également important de rendre cette robotisation tangible afin que les collaborateurs y adhèrent et ne soient pas simplement sur la défensive. ” Nous avons un robot Pepper qui peut être utilisé pour pratiquement n’importe quoi. La robotique devient ainsi tangible pour de nombreuses personnes. Il se promène dans les bureaux, ce qui rend les choses nettement plus claires que tout un exposé sur l’évolution du secteur IT. ” Et peut-être cette évolution débouchera-t-elle sur des projets innovants qui, à terme, permettra éventuellement de ne pas rendre les personnes inutiles, mais précisément plus impliquées dans la robotisation.
” Je suis en tout cas convaincu que le secteur ne pourra que se développer. Reste bien sûr à voir si chacun conservera alors le même emploi “, enchaîne Luc Gaillet, compensation & benefits manager chez RealDolmen. Si une personne est de toute façon convaincue que son emploi continuera d’exister d’ici tant d’années et se repose sur ses lauriers, elle fonce droit dans le mur. Mais si cette personne évolue, le problème sera moindre. “
Confiance absolue
Autre constat majeur : l’informaticien belge se montre pleinement confiant dans l’avenir lorsqu’il est question de sa propre carrière. Ainsi, 38 % se disent ‘très certains ” d’être encore actifs comme informaticien d’ici 5 ans, tandis que 47 % s’en tiennent à un ” oui, probablement. ” Et si l’on ventile ces chiffres par ancienneté, on constate que cette confiance est un peu plus grande chez ceux qui travaillent depuis moins de 5 ans dans l’IT.
Luc Gaillet : ” Au niveau de l’automatisation, il appartient au people manager d’encadrer les collaborateurs pour les aider à agir sur leurs propres compétences. Certains le font d’eux-mêmes, mais si d’autres n’en ont pas conscience, ils doivent être aidés à ce niveau. “
Disparitions d’emplois? Il y en a toujours eu
La numérisation et la robotisation auront certes un impact sur les tâches de l’employé moyen, mais ne déboucheront pas sur des pertes d’emploi massives. C’est du moins l’avis de Jan Laurijssen, HR business development manager chez SD Worx. ” Cette crainte est apparue voici 2 ans, lorsque le Forum économique mondial a révélé une étude alarmante. Entre-temps, l’OCDE s’y est intéressée tandis que des professeurs se sont penchés sur la question. Et leurs avis sont nettement plus nuancés. ”
Toujours selon Laurijssen, l’impact sur le secteur IT sera certes important. Ainsi, certains langages de programmation et les emplois associés disparaîtront. Le travail purement répétitif semble le plus menacé de disparition – car facilement remplaçable par un ordinateur ou un robot.
” Certes, des emplois dispaîtront de toute façon – cela a toujours été une constante -, mais la numérisation fera aussi naître de nouveaux emplois. Le seul problème est que nous ne savons pas de quel type d’emploi il s’agira. Ainsi, qui aurait pu prévoir voici 3 ans que notre pays compterait déjà 146 personnes diplômées en pilotage de drone ? “, fait remarquer Laurijssen.
Les opportunités apparaîtront surtout selon Laurijssen dans les nouveaux modes de travail. Alors que certaines grandes multinationales comme IBM en reviennent du travail à domicile, le nombre de télétravailleurs continue à progresser dans notre pays – une conséquence directe des difficultés de mobilité. ” Je crois que les logiciels collaboratifs gagneront en importance, ce qui nous obligera à adapter notre éventail de compétences. C’est ainsi que les appels vidéo restent étonnamment peu courants dans le milieu professionnel, alors qu’il s’agit d’un mode de communication devenu classique avec nos enfants. Une fois que la génération qui n’a pas connu un monde sans technologie arrivera sur le marché du travail, il faudra certainement que ce marché du travail s’adapte en profondeur “, prédit encore notre expert en conditions de travail.
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