L’Imec sort un radar de sécurité routière
A Barcelone, l’Imec se distingue par des percées au niveau des radars bon marché et des puces-radios économes en énergie. L’on s’attend à des millions de petits appareils ‘internet of things’.
L’Imec dispose actuellement non seulement d’un stand, mais aussi d’un local de réunion au Mobile World Congress (MWC) de Barcelone. Ce n’est bien sûr pas comparable à la suite vingt fois plus imposante des collègues des Fraunhofer Institute un peu plus loin, mais quand même. L’Imec est ici dans son élément. Des entreprises telles Ericsson, Huawei ou Nokia font la une des journaux, mais elles dépendent en grande partie des performances de leurs développeurs de puces, qui collaborent à leur tour avec des centres de recherche tels l’Imec.
A Barcelone, le centre de recherche en nanotechnologie louvaniste présente des primeurs, comme elle l’avait déjà fait, il y a deux semaines, lors de l’International Solid State Circuits Conference de San Francisco. L’une d’elles est une percée dans l’isolation de l’émetteur et du récepteur des puces-radios, afin qu’ils ne s’interfèrent pas l’un l’autre. “Jusqu’à présent, cela se fait avec des filtres qui bloquent certaines fréquences fixes”, explique Joris Van Driessche, qui dirige le programme de recherche de l’Imec sur le plan des émetteurs-récepteurs radio configurables. C’est un problème. A présent, la plupart des appareils mobiles supportent 7 à 9 bandes de fréquences, mais pour la réception 2G, 3G, 4G et LTE mondiale, il faut en supporter 28. Pour chaque bande, il y a alors des composants différents. Cela devient trop volumineux. Avec notre nouvelle technologie, on peut les intégrer et les paramétrer.”
Un seul mobile pour le marché mondial
“A présent, nous utilisons les fréquences comprises entre 700 MHz et 3,5 GHz, mais plus tard cette année, la Conférence Radio Mondiale libèrera probablement de nouvelles bandes. Nous irons alors de 400 MHz à 4,9 GHz. Il est possible que l’on utilise également la bande – ‘unlicensed’ – libre entre 5 et 6 GHz pour la prochaine génération de la technologie cellulaire”, ajoute Van Driessche.
La solution proposée fonctionne pour la bande 1,9-2,2 GHz et exploite la technologie RF-SOI (silicon-on-insulator), ce qui la rend bon marché. Finalement, la solution de l’Imec pourrait faire en sorte que les appareils mobiles puissent être conçus pour un marché mondial et puissent aussi fonctionner au niveau mondial. “Les duplexeurs ne sont qu’un composant de ce genre de radio configurable, mais le plus compliqué”, prétend Van Driessche. Il s’attend qu’il faudra patienter “encore 3 ans” avant qu’il y ait réellement une percée dans les mobiles. Pour le développement de la solution, l’Imec a collaboré avec l’entreprise chinoise Huawei et avec la japonaise Murata, l’un des principaux fabricants de duplexeurs. Selon un récent rapport, ce marché croîtra de 14,9 pour cent par an entre 2015 et 2019.
Souriez, vous êtes filmé par le radar
Un autre développement de l’Imec s’inscrit dans la vogue de la voiture connectée au MWC. Il s’agit d’un radar émetteur-récepteur de sécurité routière. “Nous utilisons un radar à modulation de phases pour une précision supérieure et une sensibilité moindre aux interférences que la modulation de fréquences”, prétend Nora Maene, business development manager for Perceptive Systems pour l’internet des choses. Selon l’Imec, les systèmes de caméra offrent l’inconvénient de fonctionner moins bien en présence de poussière et de brouillard. L’ultrason a de son côté une portée et une précision moindres que le radar.
La puce-radar sera produite en technologie CMOS à 28 nanomètres, ce qui génèrera un avantage de coût dans le cas d’assez grandes quantités. Avec une production de quelque 75 millions de voitures au niveau mondial, le marché de l’automobile est suffisamment grand, mais la puce sera également utile pour les drones. “Et pour la détection de personnes et une économie d’énergie dans les habitations”, poursuit Maene.
Panasonic US, l’un des partenaires de l’Imec au niveau du développement de la puce-radar, réduit son électronique des loisirs au profit de l’électronique professionnelle comme l’automobile.
L’Imec comme agence design pour la RF
A Barcelone Peter Rabbeni était aussi présent. Il s’agit du directeur development et marketing business pour le segment RF (radiofréquence) de l’entreprise américaine GlobalFoundries. L’Imec y collabore étroitement depuis 2011 déjà à la mise au point de la technologie de production des semi-conducteurs, son programme industriel central. A présent, elle étend encore cette collaboration. GlobalFoundries, propriété de l’émirat d’Abu Dhabi, est avec son usine de Dresde un important fabricant européen de puces qui travaille exclusivement pour des tiers. Avec l’aide de l’Imec, GlobalFoundries entend à présent attirer davantage de clients qui souhaitent y faire produire des puces RF. L’Imec a aussi présenté le mois dernier à San Francisco la puce Low Energy & Zigbee Bluetooth cadencée à 2,4 GHz la plus économe en énergie (voir photo), le résultat d’une collaboration avec Holst Center et la japonaise Renesas.
Rabbeni: “Avec l’explosion des connexions sans fil, de plus en plus de clients veulent équiper leurs produits de la RF. Certains n’en ont peut-être pas la connaissance ou les droits intellectuels. En étant partenaires de l’Imec, nous pouvons leur faire découvrir la valeur de cette technologie.”
Kathleen Philips: “Avant, nous collaborions au développement des processus de production, et à présent des circuits, de la fonctionnalité.”
L’Imec entend notamment fournir à GlobalFoundries des clients pour les émetteurs-récepteurs à très faible consommation, typiques de l’internet des choses. “Nous allons collaborer afin d’optimaliser la technologie de processus de GlobalFoundries, afin qu’elle soit le meilleur élève de la classe dans son processus de production pour ce genre de circuits”, affirme Philips.
En 2013, l’Imec a enregistré un chiffre d’affaires de 332 millions d’euros. Plus de 2.000 personnes y travaillent actuellement. Quant à GlobalFoundries, elle occupe, selon son site web, 13.000 personnes et dispose de 8 usines. L’an dernier, elle a reçu 1,5 milliard de dollars (1,34 milliard d’euros) de la part d’IBM pour le rachat de la production des semi-conducteurs de cette dernière. Cet accord doit cependant être encore approuvé notamment par les autorités anti-trust.
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