“Les personnes constituant les véritables cibles de la NSA, thème des prochains dévoilements”
Le journaliste Glenn Greenwald, qui fut le premier à évoquer les pratiques d’espionnage de la part des services de renseignements américains, a donné à Amsterdam des explications sur son livre ‘No Place To Hide’. Data News était sur place.
Le journaliste Glenn Greenwald, qui fut le premier à évoquer les pratiques d’espionnage de la part des services de renseignements américains dans le journal The Guardian, a donné à Amsterdam des explications sur son livre ‘No Place To Hide’ traduit en néerlandais. Data News était sur place.
Non seulement Edward Snowden a été une figure-clé dans les dévoilements relatifs au service de renseignements américain NSA et à son programme d’espionnage qui a fait couler tant de salive. Mais l’ex-journaliste du Guardian, Glenn Greenwald, y a pris une part importante aussi, puisqu’il a été l’homme qui, il y a un an environ, a été approché par Snowden pour porter à l’extérieur toute l’histoire et ce, progressivement, document après document.
‘No Place To Hide’ – un livre dans lequel Greenwald passe en revue les événements de l’année écoulée et décrit entre autres aussi sa relation personnelle et ses rencontres avec Snowden – vient d’être traduit en néerlandais sous le titre ‘De Afluisterstaat’.
Glenn Greenwald était présent hier le 20 mai au Stadsschouwburg d’Amsterdam pour donner quelques explications sur ce livre. Et pour répondre aux questions. Nous étions présents.
Malgré son séjour forcé en Russie, Edward Snowden est-il à présent en train de se la couler douce?
Greenwald: Non. Il n’a pas fait cela pour devenir célèbre. Il aurait pu tout aussi bien déposer les archives de la NSA en une fois sur le web. Il aurait pu réserver en secret ses révélations à un autre gouvernement, afin de noircir les Etats-Unis et il aurait pu les vendre pour des dizaines de millions à n’importe quel service de renseignements au monde. Il aurait alors été riche pour le reste de sa vie. Mais il ne l’a pas fait, comme il sied à un dénonciateur réfléchi. Au lieu de cela, il s’est tourné vers un couple de journalistes – en qui il pouvait faire confiance -, parce qu’il ne se sentait pas suffisamment à même de déterminer quelles informations devaient être rendues publiques ou pas. Il avait bien sa petite idée en tête, mais il a préféré que nous fassions notre travail de journaliste.
Dans quelle mesure le programme d’espionnage des services de renseignements est-il destiné à combattre le terrorisme, et plus précisément la mise sur écoute d’individus?
Greenwald: “Collect it all”, “sniff it all”, “exploit it all”: tels sont quelques-uns des slogans que la NSA utilise dans ses documents. Le fait d’une mise sur écoute ciblée n’est donc pas vraiment crédible. Il y a déjà eu assez d’exemples avérés d’abus au niveau individuel.
Mais l’on va dans un proche avenir dévoiler quel type de personne est réellement ciblé par les services de renseignements par le truchement de nouveaux documents. Cela devrait compléter le tableau.”
Etiez-vous à l’époque un adepte d’Obama, qui a succédé à George Bush? Il affirme à présent que les Etats-Unis “sont les seuls qui peuvent mener un débat ouvert à propos de leurs programmes d’espionnage”, alors qu’il a laissé faire la NSA des années durant. Greenwald: C’est impressionnant la manière dont il dit ces choses en gardant son sérieux (rire). Oui, je voulais en 2008 qu’Obama remporte les élections présidentielles. Mais cette même année, WikiLeaks révéla un document secret de la CIA, où l’on pouvait lire qu’il était important pour la sécurité nationale que ce ne soit plus le cow-boy George Bush – qui était toujours plus détesté, surtout en Europe -, mais bien la personne amicale, sophistiquée et progressiste de Barack Obama qui soit la figure de proue des guerres menées par les Etats-Unis. Avec la marque Obama, l’Amérique voulait inverser le ‘sentiment d’antiviolence’ qui commençait à prendre le dessus dans de nombreux pays. Il est évident qu’en fin de compte, Obama se vit contraint de poursuivre tout simplement la même politique.
Et pour ce qui est du “débat ouvert”: il aime clairement tant ce qu’il fait qu’il veut absolument que l’homme par qui le scandale est arrivé, Edward Snowden, soit incarcéré pour le reste de sa vie. Quelle étrange reconnaissance que celle-là.
N’oubliez pas non plus qu’Obama était depuis 5 ans déjà président avant les révélations concernant la NSA et qu’il n’a jamais organisé de débat. Il fit même tout ce qu’il pouvait pour garder ces pratiques secrètes. Le débat sur le respect de la vie privée lui a donc été imposé. Je pense que les révélations de l’année dernière ont ouvert les yeux de nombreuses personnes sur une image d’Obama bien loin de la réalité.
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