Les adaptations d’Apple dans l’UE ne satisfont vraiment personne

Els Bellens

La semaine dernière, Apple annonçait une série d’ajustements qui devraient, entre autres, permettre aux concurrents d’accéder à son App Store. Ces concurrents, dont Epic et Mozilla, estiment cependant qu’Apple n’en fait pas assez. ‘Une imposture’, écrit même Spotify.

Pour se conformer à la loi européenne sur les marchés numériques (Digital Markets Act), Apple (comme Meta du reste) doit ouvrir davantage ses plates-formes. L’idée sous-jacente est que des acteurs comme Apple, en tant que gardien d’une importante plate-forme, doivent veiller à ce qu’une concurrence loyale soit possible sur le marché. Voilà pourquoi l’entreprise a annoncé la semaine dernière quelques nouveautés pour le marché européen. Entre autres choses, la possibilité d’avoir des concurrents pour l’App Store. En outre, les utilisateurs pourraient également choisir plus facilement un navigateur différent que le Safari présent par défaut.

App Store

Mais selon ces firmes concurrentes, Apple le ferait d’une manière qui leur rend la vie aussi difficile que possible. C’est ainsi que le CEO d’Epic Games, Tim Sweeney, qualifie ces changements de ‘hot garbage’ (‘conneries’). Le patron de la firme de jeux qui publie entre autres Fortnite et qui est depuis des années en conflit avec Apple à propos de son système de paiement, estime qu’Apple respecte le DMA de manière malveillante.

Les iPhones et autres appareils Apple pourront bientôt ‘charger de côté’ (‘side-loading’) des applications pour la première fois, ce qui signifie que vous pourrez également les télécharger ailleurs que sur l’App Store d’Apple (où Apple perçoit une commission sur chaque paiement). Sweeney fait remarquer que les développeurs d’applis téléchargées via un tel magasin alternatif doivent également payer Apple, du moins si elles sont populaires. C’est ainsi que pour les applis téléchargées un million de fois, cinquante cents de dollar sont facturés à la première installation. Voilà pourquoi Sweeney dit qu’il poursuivra ses projets d’un Epic Store pour iOS.

Spotify et Mozilla

Le service de streaming Spotify, qui réclame également depuis longtemps des mesures de l’UE contre Apple, qualifie les nouvelles règles de cette dernière d’imposture. Selon le service musical, les entreprises peuvent désormais choisir entre les règles de l’App Store, d’une part, et un tout nouvel ensemble de règles pour les side-loaders (chargeurs latéraux), d’autre part. Ces dernières auraient été rendues si peu attrayantes que les développeurs auraient quand même dû opter pour l’App Store.

Daniel Ek, CEO de Spotify, a déclaré dans un article paru sur Twitter/X qu’en vertu de ces nouvelles règles, les développeurs devront payer encore beaucoup plus à Apple qu’en vertu de la règle de commission de l’App Store.

Enfin, Mozilla, l’entreprise à l’origine du navigateur Firefox, se déclare également ‘très déçue’ par les propositions d’Apple. Selon le DMA, le géant technologique devrait autoriser des navigateurs alternatifs, et il interprète cela de manière telle que les navigateurs au sein de l’UE ne soient plus obligés d’utiliser WebKit, le moteur de navigation développé par Apple même. Firefox serait ainsi plus libre et pourrait par exemple proposer davantage de ses plug-ins.

En dehors de l’UE et sur l’iPad, les navigateurs devraient toujours recourir à ce même WebKit, s’ils souhaitent utiliser iOS. Cela signifierait qu’il y aurait deux systèmes de navigation différents, à l’intérieur et à l’extérieur de l’UE. Cela pourrait poser un problème, en particulier pour les navigateurs plus modestes et indépendants tels que Firefox. Selon le porte-parole de Mozilla, Damiano DeMonte, la mise en œuvre du DMA par Apple vise à rendre ‘aussi pénible que possible’ pour les entreprises la proposition d’une alternative à Safari. ‘Ce faisant, les consommateurs n’auront aucun choix valable’, a-t-il déclaré au site technologique The Verge.

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