Le secteur automobile européen menacé par la voiture électrique
Une étude réalisée par le Bureau d’études économiques d’ING est arrivée à la conclusion que l’Europe ne produira plus que des véhicules électriques à l’horizon 2035. Une transition qui a de quoi inquiéter les constructeurs automobiles européens, spécialisés essentiellement dans les moteurs à explosion.
La semaine dernière, nous annoncions que le constructeur automobile suédois Volvo avait l’intention de produire exclusivement des véhicules à propulsion électrique à partir de 2019. Selon les prévisions d’ING, les autres constructeurs européens ne devraient pas tarder à lui emboîter le pas : plus aucun véhicule ne sera doté d’un moteur à explosion en 2035. Cette transition représente une réelle menace pour le secteur automobile européen, avertissent les analystes d’ING. À la traîne derrière les États-Unis et surtout l’Asie, qui mènent la danse, il ne s’agirait pas que l’Europe loupe le coche.
“Les constructeurs européens dominent dans le domaine des moteurs à explosion, mais l’avènement de la propulsion électrique devrait réduire à néant cet avantage concurrentiel. Les moteurs électriques et les batteries offrent moins de possibilités de se démarquer de la concurrence”, peut-on lire dans l’étude.
Les constructeurs ont toujours gagné beaucoup d’argent grâce aux entretiens et aux pièces détachées, mais la voiture électrique va rebattre les cartes. Plus simples, les moteurs électriques contiennent aussi beaucoup moins de pièces détachées, et nécessitent par conséquent moins d’entretien. Une situation qui mettra les marges des constructeurs sous pression.
Par ailleurs, par opposition aux constructeurs de moteurs à explosion, les constructeurs de véhicules électriques s’appuient beaucoup plus sur des fournisseurs externes pour la construction de leurs moteurs électriques et des batteries. Le segment des batteries lithium-ion pour véhicules électriques est largement dominé par l’Amérique du Nord et l’Asie, l’Europe en produisant à peine 3 %.
Les véhicules électriques moins chers en 2024
Avant de pouvoir asseoir leur domination sur le marché, les véhicules électriques auront malgré tout divers défis à relever. Selon l’étude d’ING, trois éléments clés dissuadent encore les consommateurs de franchir le pas. La limitation des infrastructures de recharge (20 % des consommateurs), un trop faible rayon d’action (28 %) et un prix d’acquisition élevé (40 %) figurent parmi les raisons majeures pouvant faire obstacle à l’achat d’un véhicule électrique.
Ces barrières devraient néanmoins se réduire au fil du temps. Le perfectionnement des infrastructures de recharge va bon train et le rayon d’action des véhicules augmente sans cesse. Qui plus est, les véhicules électriques devraient connaître une belle progression grâce à la forte baisse des prix des batteries. Dans sept ans, rouler un kilomètre avec un véhicule électrique coûtera moins cher que rouler un kilomètre avec un véhicule à essence. Ces chiffres font écho aux conclusions d’une étude antérieure réalisée par Bloomberg reprenant des prévisions pour 2025. Partant de là, parvenir à un parc automobile européen entièrement électrique à l’horizon 2035 semble tout à fait réalisable aux yeux des analystes d’ING.
Changement de valeur
Hormis ces défis, les véhicules électriques offrent également de nouvelles opportunités aux constructeurs automobiles. Comme ces véhicules engendreront des frais moindres, les services de leasing et de véhicules partagés deviendront plus avantageux. Ces services contribuent même à la percée du tout-électrique, lit-on encore dans l’étude.
“Au bout du compte, le grand défi pour le secteur automobile européen consiste à abandonner le modèle commercial traditionnel, qui s’efforce de générer de la valeur à partir de la production et de la vente de véhicules, pour passer à un nouveau modèle, axé sur la création de valeur par la facilitation d’une utilisation efficiente et abordable de véhicules.”
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