Le puits sans fond de la Commission européenne
A une époque où la Commission européenne exige une politique budgétaire ultra-stricte des pays membres, cette même institution a dépensé ces 10 dernières années des centaines de millions d’euros dans un projet ICT mégalomane sans issue, SIS II. Qui plus est: de sérieuses questions se posent quant à l’utilité du système planifié. SIS II (l’acronyme de Schengen Information System II) est une banque de données de personnes et d’objets fichés, appelée à remplacer SIS I, qui était entré en vigueur en 1995 et qui avait été mis au point en compensation de la suppression des contrôles aux frontières intérieures de l’espace Schengen nouvellement créé à l’époque. Avec le lancement du projet SIS II en 2001, les pays de l’espace Schengen espéraient de nouvelles fonctionnalités (entre autres l’utilisation de données biométriques) et pouvoir ajouter les nouveaux pays membres. La Commission européenne devait diriger le projet. Ce fut le consortium HP-Steria qui se vit attribuer le contrat.
A une époque où la Commission européenne exige une politique budgétaire ultra-stricte des pays membres, cette même institution a dépensé ces 10 dernières années des centaines de millions d’euros dans un projet ICT mégalomane sans issue, SIS II. Qui plus est: de sérieuses questions se posent quant à l’utilité du système planifié.
SIS II (l’acronyme de Schengen Information System II) est une banque de données de personnes et d’objets fichés, appelée à remplacer SIS I, qui était entré en vigueur en 1995 et qui avait été mis au point en compensation de la suppression des contrôles aux frontières intérieures de l’espace Schengen nouvellement créé à l’époque. Avec le lancement du projet SIS II en 2001, les pays de l’espace Schengen espéraient de nouvelles fonctionnalités (entre autres l’utilisation de données biométriques) et pouvoir ajouter les nouveaux pays membres. La Commission européenne devait diriger le projet. Ce fut le consortium HP-Steria qui se vit attribuer le contrat.
Depuis 2001, pas mal d’eau a coulé sous les ponts, mais il n’y a toujours pas de SIS II opérationnel. Les raisons et les causes sont légion: problèmes techniques, beaucoup de chamailleries politiques, une approche fautive du projet, une piètre gestion de ce dernier,… Tout ceci est confirmé de manière explicite à Data News par des spécialistes auprès de la Police fédérale et du ministère de l’Intérieur.
Agence Dans une tentative de remettre l’église au milieu du village, l’on a récemment créé une agence européenne des projets IT à grande échelle (entre autres pour la gestion du projet SIS II), qui devrait être active début 2012. La branche administrative est installée à Talinn, le groupe technique demeure à Strasbourg, et le site de backup reste à Salzburg. La répartition géographique de cette agence – et son caractère opérationnel – suscite dès à présent de sérieuses questions chez quelques experts impliqués. En outre, des rumeurs (non confirmées) indiquent que la Commission européenne laisserait simplement de côté l’infrastructure existante à Strasbourg pour cette nouvelle agence et construirait un peu plus loin un tout nouveau complexe. “Personne ne se pose manifestement la question de savoir ce que cela va coûter”, déclare un initié.
L’avenir du projet apparaît encore et toujours sombre. La date butoir officielle, actuellement, est fixée au premier trimestre de 2013. “Mais il pourrait encore y avoir du retard”, déclare-t-on à la Police fédérale. “Je ne sais pas ce que la Commission attend pour l’annoncer au Conseil et au Parlement. Elle semble toujours attendre la dernière minute pour leur signifier qu’on n’y arrivera pas.”
Pas utile Rien qu’en dépenses externes, SIS II a coûté jusqu’au milieu de l’an dernier plus de 95 millions d’euros. 35 millions au moins seront encore nécessaires pour mener le projet à bien. Il faut y ajouter les millions d’euros que chaque état membre a dû déjà dépenser séparément dans SIS II (et dans la maintenance de SIS I), les coûts salariaux des 175 personnes qui, à la Commission, consacrent leur temps et leur énergie à ce projet, plus les coûts de la création de la nouvelle agence IT. En tout, l’on en arrive à une facture de plusieurs centaines de millions d’euros. Tout cela sans aucun résultat encore au bout de 10 ans.
Comble de l’histoire, la police – qui devra utiliser le système plus tard – déclare ne plus voir d’utilité dans SIS II. “Le but du système Schengen est soit ‘hit’ soit ‘no hit’ lors d’un contrôle frontalier. En cas de ‘hit’, l’on vous prend à part et l’on commencer à enquêter. Le nouveau SIS sera certes utile pour la recherche: l’on aura en effet à disposition des empreintes digitales, des photos, des adresses, tout quoi. Mais cette recherche n’est pas l’objectif de la banque de données. Si après l’atterrissage d’un avion à Zaventem, l’on doit enquêter au cas par cas, des gens vont se retrouver 10 heures durant dans la file d’attente…”
Le dossier complet sur les tenants et les aboutissants du projet SIS II se trouve dans le numéro de cette semaine de Data News.
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