Le ‘Personal Computer’ souffle ses quarante bougies
C’est le 12 août 1981 qu’est arrivé le PC d’IBM sur le marché. L’appareil connut aussitôt le succès dans les entreprises et les familles. Comment se fait-il qu’il est devenu la norme en matière d’ordinateurs?
L’ordinateur à usage personnel, contrairement aux volumineuses et coûteuses machines d’entreprise, n’a en fait pas été inventé par IBM. En 1977 déjà, Apple fit en effet de son Apple II un produit de masse, alors que Tandy, Commodore et d’autres encore développèrent elles aussi il y a des années déjà de petits ordinateurs grand public (aux normes de l’époque).
4,77 MHz
Durant l’été de 1981, IBM introduisit un appareil maison vendu 1.565 dollars. Il y avait là une sérieuse différence avec la machine professionnelle la moins chère de l’entreprise, dont le prix tournait autour de dix mille dollars. Pour ces 1.565 dollars, le client recevait à l’époque la nouvelle puce Intel 8088 cadencée à 4,77 Mégahertz et de 16 à 64 kilo-octets de RAM.
Là où le PC d’IBM se distinguait de ses concurrents, c’était au niveau de son architecture ouverte, qui permit à d’autres acteurs de développer du matériel et des logiciels pour cet appareil. Ce dernier fut un succès commercial, à tel point qu’il devint malaisé d’en trouver un dans le commerce.
Clones
Cette combinaison engendra l’émergence de ‘clones’: des ordinateurs de tiers, qui sortaient des modèles intégrant des composants comparables et complètement ou autant que possible compatibles avec les PC d’IBM et avec les logiciels qui y tournaient. Il avait fallu à IBM un an d’efforts pour développer son PC, mais l’année suivante déjà, les premiers clones sortaient. IBM décida alors rapidement de proposer ses logiciels tels MS-DOS sous licence à des marques comme Compaq, qui lancèrent leur propre PC.
Il en résulta que le PC devint en quelques années l’ordinateur le plus courant tant à la maison que sur le lieu de travail, en combinaison avec un marché où divers fabricants développaient du matériel et des logiciels fonctionnant aussi sur les appareils d’autres marques. Le terme ‘PC compatible’ constitua alors un argument de vente. Une évidence à laquelle on ne pense même plus aujourd’hui.
C’est en 1987 que l’IBM Personal Computer fut arrêté, même si le PC en tant que notion continua d’exister. Les ordinateurs sont devenus plus puissants et plus économiques. Le MS-DOS fourni par Microsoft (du reste racheté par cette dernière à une autre entreprise) se vit compléter par l’interface graphique Windows 1.0 qui, à chaque version, prenait toujours plus ses distances d’avec l’interface DOS sous-jacente, mais c’est surtout la simplicité d’emploi qui gagna du terrain. C’est ainsi que Monsieur Tout-le-Monde put avec un PC se livrer à du traitement de texte, à des jeux ou à d’autres activités encore. Même si internet existait déjà, il était au début des années nonante du siècle passé encore loin d’être pertinent pour le consommateur lambda.
Plus rapide, plus compact et plus abordable
Alors que les prix régressaient et que le hardware s’améliorait, le PC connut aussi plusieurs évolutions. Le boîtier avec écran monobloc devint plus fin et plus élégant, avant que le boîtier et l’écran ne se séparent pour devenir le desktop tel que nous le connaissons à présent. On eut ensuite droit à une variante portable: le laptop. Ce dernier existait certes déjà avant le PC d’IBM, mais vers la fin des années nonante, ce type d’ordinateur devint réellement abordable.
Les ventes connurent un boum. En 1996, quelque septante millions de PC furent vendus* dans le monde, contre 240 millions en 2006. Dans les années qui suivirent, le design des appareils se diversifia encore. Les laptops devinrent plus minces, légers et puissants. Parmi les desktops, des centaines de modèles étaient disponibles: des PC familiaux à prix budget jusqu’aux puissants appareils de jeu.
Des fabricants tels Asus expérimentèrent les netbooks, à savoir de légers mini-laptops d’une grande autonomie, les précurseurs des ultrabooks et des 2-en1 d’aujourd’hui. IBM revendit sa division laptops, à savoir les ThinkPad à bouton de pointage (‘pointing stick’), à Lenovo en 2005.
*Les chiffres de vente de cet article sont essentiellement basés sur des données fournies par l’analyste Gartner.
La chute
Le marché atteint son apogée en 2013, année où 352 millions d’appareils furent écoulés. Les ventes se mirent ensuite à décliner. Même si la plupart des gens possédaient encore un PC, il ne représentait plus leur seul appareil à des fins de ‘personal computing’.
Le lancement de l’iPhone et des premiers appareils Android en 2007 et 2008, en combinaison avec les tablettes, rendit le PC superflu. Le wifi et les réseaux de données mobiles firent en sorte que tout ce qu’on faisait jusque là sur un PC, pouvait être fait aussi autrement. Il en résulta que tout qui disposait d’un PC via le travail, ou d’un ancien appareil, vit moins vite la nécessité d’en acquérir un nouveau.
Aujourd’hui, le paysage semble de nouveau changer. Aux environs de 2017-2019, les ventes étaient retombées à 260 millions d’appareils par an, mais en raison de la crise du corona, le marché du PC repart à la hausse. Le télétravail et l’enseignement à distance engendrent une plus forte demande, qui ne semble pas temporaire. Lenovo, le plus grand fabricant de PC au monde, s’attend en effet à ce que la demande persiste encore cinq années durant.
A l’occasion de son quarantième anniversaire, le PC semble avoir connu ses meilleurs jours, mais sa disparition n’est certainement pas encore prévue dans l’immédiat. Le Personal Computer a mis l’ordinateur à la portée du grand public et même avec l’arrivée de nouveaux appareils tels le smartphone ou les assistants vocaux, l’appareil garde une place en vue dans notre vie personnelle ou professionnelle. Même si le terme ‘PC’ n’est plus indissociable d’IBM, il n’en reste pas moins que le modèle de l’architecture ouverte a provoqué une révolution qui a changé notre vie en profondeur.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici