Le patron de Salesforce fustige le secteur technologique

Marc Benioff, CEO Salesforce. © Jakub Mosur Photography
Kristof Van der Stadt
Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

Lors de la conférence Dreamforce, Salesforce a annoncé plusieurs nouveaux services, mais c’est surtout son CEO, Marc Benioff, qui a volé la vedette.

Avec, selon elle, ses plus de 170.000 visiteurs qui peuvent choisir parmi 3.200 sessions, et ses plus 10 millions de visionneurs en ligne, Dreamforce est de loin la plus importante conférence technologique à San Francisco. Mais c’est aussi la plus singulière: tout comme l’année dernière, l’événement dans son ensemble a pris les airs d’un grand parc naturel américain. On trouve même une cascade sur le terrain du centre de conférences Moscone. Mais Dreamforce se distingue également par son CEO Marc Benioff qui, non seulement, cherche son inspiration dans la pleine conscience (‘mindfulness’) et le mode de réflexion hawaïen, mais leur réserve aussi habilement une place dans son discours thématique. Un discours qu’il a du reste entamé par un rituel aloha.

Au cours des trois heures qu’il a discouru, Benioff a passé principalement en revue des histoires et des témoignages de clients, mais il a aussi consacré pas mal de temps à partager avec le public sa vision du secteur technologique. Par moments, on n’était même pas loin d’un discours politique. Selon Benioff, les entreprises doivent accorder bien plus d’attentions aux écoles. “Allez dans votre école locale et demandez ce que vous pouvez faire pour elle”, a ainsi déclaré Benioff devant une salle pleine comme un oeuf. Ce n’est qu’ainsi que les entreprises technologiques peuvent encore atteindre les justes personnes, selon lui.

Le secteur technologique est-il sur le bon chemin du point de vue éthique?”

Le point le plus fort de son speech était axé sur la confiance et l’éthique. “La confiance a toujours été notre principale valeur, et cela ne changera pas. Confiance vis-à-vis des actionnaires, des clients, des partenaires et des employés. Les entreprises qui ne disposent pas de cette confiance, se vident: leurs dirigeants et leurs employés s’en vont les uns après les autres”, a-t-il martelé.

Il s’adressa ensuite explicitement aux personnes présentes: “Mieux vaut décider sans tarder d’entretenir cette confiance. Car dans un monde en continuelle évolution, les gens veulent savoir s’ils peuvent avoir confiance dans votre entreprise.”

Les remarques du directeur de Salesforce semblaient s’adresser à Facebook, Google en Twitter notamment, qui ont dû à plusieurs reprises déjà se défendre devant le congrès américain suite au rôle qu’elles ont joué dans l’immixtion et l’influence russe lors des élections américaines. Chez Facebook, un certain nombre d’exécutifs s’en sont allés ces derniers temps. Récemment encore, les fondateurs d’Instagram ont aussi rendu leur tablier. “Agissons-nous encore de manière éthique? Cette question, tout le monde devrait se la poser”, a encore ajouté Benioff.

Pas tout blanc non plus

La personnalité de Benioff est cependant aussi sujette à la critique. Peu de visiteurs l’ont remarqué, mais le fait est qu’une trentaine de manifestants ont pris la direction de la conférence en emmenant avec eux une gigantesque cage. Ils exigeaient de la part de Salesforce qu’elle résilie le contrat conclu avec l’US Customs & Border Protection. La cage symbolisait la pratique, selon laquelle les enfants d’immigrants étaient séparés de leurs parents et enfermés. “Salesforce a l’obligation morale et éthique de rompre ce contrat, si elle veut être vraiment la philanthrope qu’elle prétend être”, déclarait un manifestant dans le journal local San Francisco Chronicle.

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